En ce début mai, le CDN d’Orléans nous a proposé deux spectacles, le premier, « la Vie dure » créé au CDN de Tours, petit bijou théâtral, et l’autre, au soir du 4 mai, dans le jardin de l’Évêché, « Our(s) sonate », désillusion théâtrale venue de Flandres.
Par Bernard Thinat
La Vie dure (105 minutes)
Soit trois artistes associés au CDN tourangeau qui décident d’interroger nos mémoires, celles d’enfants et de vieillards, autrement dit, de confronter l’enfance et la vieillesse. Le spectacle est divisé en deux parties, avec un épilogue qui est en réalité un prologue.
J’y reviendrai.
L’ensemble artistique du CDN de Tours, de gauche à droite : Cécile Feuillet, Nans Mérieux, Romain Gy, Marie Depoorter et Alexandra Blajovici – Photo B.T.
Dans une structure circulaire, des gradins blancs, une quarantaine de spectateurs au maximum, l’univers est donc clos comme une vie qui passe, qui dure, et qui s’arrête un jour. Les mots se susurrent, on n’élèvera pas la voix comme si un bébé dormait. Les trois artistes associés ont interrogé des enfants et des personnes âgées de la région de Tours, et leurs témoignages nous sont rapportés avec infiniment de douceur. Portraits sensibles, touchants, d’enfants, notamment celui d’Ibrahim, réfugié palestinien qu’un médecin suit au plus près, et qui dégage une foule d’émotions.
Au final, mais c’est par là que tout débute, l’actrice Marie Depoorter nous décrit un accouchement avec infiniment de pédagogie, description des organes féminins haute en couleur, jusqu’à l’épisiotomie et les points de suture. Le tout avec force détails, force bruitages, et force humour. C’est délicieux, lumineux ! Devant une classe d’ados du Collège Jean-Rostand, ils et elles ont dû en découvrir des choses lors de ce cours d’éducation sexuelle. Au théâtre, c’est rare !
Our(s) Sonate
La soirée s’annonçait belle au jardin de l’Évêché, situé tout près de la cathédrale, dans ce lieu qui a accueilli tant de beaux spectacles musicaux lors du défunt festival de Jazz en juin : léger vent, température douce, ciel dégagé. La performeuse Marijke Pinoy vient de Flandres, région qui recèle tant d’artistes de très haut niveau, de Gand plus précisément où l’un des plus grands metteurs en scène et dramaturges Milo Rau produit tant de spectacles exceptionnels créés sur des faits divers, la performeuse était donc attendue avec grande curiosité.
Et ce fut navrant. L’artiste flamande met bout à bout des bribes d’histoires, sans lien entre elles. Certes, elle fait preuve d’un grand dynamisme dans le jardin de l’Evêché, mais l’ensemble peine à devenir une oeuvre artistique. S’il existe un fil conducteur, on n’en voit pas trace. Passons vite à autre chose…
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