On l’attendait depuis des semaines, voire deux ou trois mois, le communiqué des tutelles du Théâtre d’Orléans est enfin arrivé, tombant des étoiles comme un bol d’air frais pour les structures qui cohabitent en ce lieu. La première impression à sa lecture, c’est qu’il respire une obscure clarté, comme aurait dit l’ami Pierre Corneille.
Par Bernard Thinat
Le titre ne souffre heureusement aucune ambiguïté, « Lancement du recrutement pour la direction du Centre dramatique national (…) dans la perspective d’une prise de poste début 2024 » est ce que chacun attendait depuis l’annonce du départ de Séverine Chavrier à la Comédie de Genève. Pour la suite, c’est bien moins clair.
Photo théâtre d’Orléans
On nous dit que les tutelles « ont engagé une réflexion depuis le début de l’année ». Ce n’est pas la première fois, car d’audits en réflexion, on n’a pas vraiment le sentiment que les problèmes inhérents à ce que beaucoup nomment encore « le Carré Saint-Vincent* » évoluent favorablement pour plus de clarté quant à « la diversité et la complémentarité de l’offre artistique » auxquelles les tutelles réaffirment leur attachement.
«Mutualiser les ressources»
Quid des décisions des tutelles, hormis le recrutement d’un ou une Directrice du CDN ? On va revoir « les modalités de définition des plannings » des différentes structures (CDNO, SNO, CADO). Mais surtout, les tutelles demandent « de mutualiser les ressources affectées aux différentes entités, notamment dans le domaine de la billetterie et de la communication ». Nous, on veut bien ! Mais il nous revient en mémoire que le précédent Directeur de la Scène Nationale avait, dès son arrivée à Orléans, voulu aller précisément en ce sens, et que l’expérience d’un document, assez volumineux et coûteux certes, de début de saison, regroupant la totalité des spectacles présentés en cours d’année, n’avait vécu qu’une rentrée culturelle. Quant à la mutualisation de la billetterie, évoque-t-on le système informatique, ou un guichet unique, voire un abonnement croisé pour le public ?
Enfin, « La Ville d’Orléans et l’Etat s’accordent sur l’opportunité de mettre à la disposition du Centre Dramatique National un espace de répétition ». Dans les locaux du théâtre, ou à l’extérieur ? C’est le flou. Précisons qu’aujourd’hui, le CDN crée les spectacles qu’il produit, parfois durant les vacances scolaires hormis l’été, lorsque les locaux sont souvent déserts. Rappelons aussi qu’il y a quelques années, un Festival de jazz était organisé au Théâtre d’Orléans durant les vacances de printemps, avec grand succès en termes de fréquentation, sous l’impulsion du Directeur de la Scène Nationale. Festival qui a vécu, comme d’autres…
Le dernier paragraphe étant d’une telle limpidité que nous hésitons à vous le livrer. On y parle de « coopération » entre les différentes structures culturelles, de « la richesse de la création et des esthétiques artistiques », « de réponses communes aux grands défis… du spectacle vivant… ».
Quant aux questions de fond qui agitent ce lieu artistique, à savoir la résolution des coûts liés aux dépenses d’énergie, même si l’on demande à chacun de « contribuer à l’ordre de marche du Théâtre dans le cadre de (ses) capacités de financement », et surtout une orientation claire en termes de programmation pour chaque structure, dans le respect des textes ministériels et ceux des tutelles, on verra plus tard.
PS : la rumeur orléanaise indique que le Maire d’Orléans aurait obtenu une rallonge du ministère pour couvrir la hausse des coûts de l’énergie au Théâtre. A suivre…
*Qui fut officiellement baptisé Centre Maurice Genevoix par décision unanime du Conseil municipal du 17 décembre 1982 ! (Voir Magcentre)
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans : La Directrice du CDN très inquiète pour l’avenir de ce lieu de création théâtrale