Elisabeth Borne en Berry, entre rêve et réalité

Par les temps qui courent, il vaut mieux être conseiller France Service à Valençay, que Première ministre de la France. Élisabeth Borne a vécu une parenthèse enchantée avant de se colleter à la réalité de la contestation sociale.

Par Pierre Belsoeur

Pour trouver l’agence France Service de Valençay, vous passez devant le château et vous vous enfoncez dans la petite route de Faverolles. Quelques maisons, de petites entreprises et au moment où la nature prend pleinement ses droits, voilà, c’est à gauche, un portail à travers la bouchure et nous y sommes. Quelques véhicules de gendarmerie, des hommes et femmes en uniformes avaient été les signes avant-coureurs, mais là on bascule dans la visite gouvernementale plus plus. Des chiens démineurs et leurs maîtres, des officiers de sécurité à oreillette, des chefs de presse zélés. Tout est en place. 

La présentation d’un accueil d’usager par le conseiller France Service. Photo PB

A l’intérieur de l’Espace Gâtines, le « village potemkine » s’installe. Les conseillers ont révisé leur rôle. Des utilisateurs témoins ont été sélectionnés, ça va bien se passer.
Effectivement Élisabeth Borne, Stanislas Guerini ministre de la Transformation et de la Fonction publique et Dominique Faure ministre déléguée chargée notamment des collectivités territoriales, après avoir salué les sénatrices, député, maires et le préfet de l’Indre s’informent du travail des conseillers. Ils s’attardent un peu avec Gaël Pesnel, un profil atypique de conseiller numérique, conscient de la difficulté pour les publics jeunes et moins jeunes de se dépêtrer au milieu des démarches dématérialisées, mais 
« lorsque quelqu’un fait la démarche de pousser notre porte, non seulement on l’aide, mais on lui donne l’envie de faire lui-même et le plus souvent, ça marche ».

« Ce qui existe dans ce département est précieux » 

Effectivement l’agence de Valençay de France Service, une des plus anciennes de France fonctionne bien et Claude Doucet, maire de Valençay, aimerait bien l’installer au cœur de la cité en récupérant les locaux de l’ancienne poste. Mais c’est une agence qui concerne la communauté de communes dont les plus éloignées sont à 28 kilomètres, or ce dont on a besoin en zone rurale, c’est de proximité. Alors Stanislas Guerini a pu placer sa première annonce. « On va recruter 4 000 conseillers numériques sur le terrain et l’on reconduit les budgets pour permettre aux collectivités de consolider ces emplois ».
C’est à la mairie de Buzançais – alors qu’un cordon de gendarmes tenait une trentaine de manifestants percussionnistes à un peu plus d’une “distance d’engueulade” – qu’Élisabeth Borne dévoila les autres annonces justifiant ce déplacement : faire passer le délai pour obtenir ou renouveler des pièces d’identité de 66 à 30 jours d’ici l’été en doublant les capacités de rendez-vous, installant 650 bornes d’empreintes supplémentaires (une proposition qui a fait sourire Claude Doucet lui qui avait milité toute la matinée sur la nécessité de rapports humains). L’État s’engage également à dégager des financements afin de permettre aux mairies d’élargir l’accueil pour des démarches administratives le samedi matin.

La manif de Châteauroux pendant l’heure d’antenne d’Élisabeth Borne sur France Bleu Berry. Photo PB

Châteauroux, petit nombre mais gros impact sonore  

A Châteauroux où Matignon avait voulu organiser un échange avec les habitants, via la presse écrite (mais en mettant la charrue avant les bœufs, comme on dit en Berry) d’abord et finalement sur France Bleu Berry, un gros dispositif anti-débordement avait
été mis en place.
 Des forces de l’ordre beaucoup plus nombreuses que les 150 manifestants, équipés de casseroles et d’instruments de musique les plus divers, bouclaient le centre-ville pour le plus grand plaisir des envoyés spéciaux d’une chaîne d’information en continu qui purent proposer deux heures de direct sur le front de la colère sociale. A Châteauroux comme ailleurs, les représentants du gouvernement devront composer avec cette colère même s’ils ont la volonté, avec des investissements et des recrutements, de réconcilier les Français avec leurs services publics. En continuant de dépenser un « pognon de dingues » pour ces déplacements spectaculaires
ultra-sécurisés, qui donnent au plus grand nombre l’impression qu’ils vivent dans un autre monde ?
 

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Commentaires

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  1. Il ne faudrait pas qu’un jour le ridicule tue!
    Ayons une pensée émue pour les chiens renifleurs en espérant qu’ils n’ont pas été perturbés par les morilles et pour les force de maintien de … qui doivent en plus supporter ces bruits de casseroles pourtant interdites .

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