La soirée inaugurale de la 47e édition avait lieu mardi soir. Sous la toile du grand chapiteau, Matthieu Chedid, M pour les intimes et pour les autres aussi, Julien Granel et Anna Majidson ont ouvert le bal d’un festival berruyer ouvert sur toutes les musiques d’aujourd’hui. Le festival Off avait déjà jeté ses premiers feux dans les bars, dès lundi…
Par Fabrice Simoes
On ne le répétera jamais assez, c’est le Printemps de Bourges-Crédit mutuel qui ouvre la saison des festivals en France. C’est aussi lui qui donnait le ton, lui qui montrait la voie des programmations pour la plupart de ses suivants dans le calendrier, hormis le Hellfest vraiment ciblé. Depuis quelques éditions, le PdB se démarque et est entré dans une autre démarche. Il se veut plus tourné vers l’instant musical présent et les talents en devenir. Il n’empêche que le PdB, comme les autres, a besoin de têtes d’affiche. Avec M et ses Mogodo’s au W, c’était un bon choix pour donner le La de la version printanière 2023.
Débuté dès lundi soir dans les bars de Bourges, le festival Off avait déjà insinué dans les têtes les premiers riffs, les premiers coups de Larsen et les premiers états matinaux proches de l’Ohio. Ce mardi, c’était au tour du PdB officiel de s’ouvrir au public. Ouverture très classique avec, dans une période post-covid où tout le monde cherche sa place, les petites notes militantes qui vont bien. L’intersyndicale et la réforme des retraites se sont, en toute bonne foi, tranquillement et sans heurt, invitées, drapeaux et gilets siglés, à l’heure de l’inauguration. Alors que le pâté de décibels est une marque de fabrique du festival, il a fallu éteindre le mégaphone. Même pas le temps de gueuler au mégaphone « Macron, ta réforme on la veut pas ! ». Petits joueurs, les huiles et le PdB.
Discours du maire et de plein de gens sûrement importants, discours de représentants du syndicat National des artistes Plasticiens, associé à celui des Travailleur-euses Artistes-Autrices et d’étudiants de l’ENSA de Bourges, et tout l’aréopage a pu, peinard, déguster petits fours et pétillant. La musique du Pdb est rarement classique, à l’inverse des rendez-vous officiels.
M premier de cordée
Monter en premier sur la scène principale du Printemps de Bourges, ce n’est pas forcément un cadeau. Si c’est une marque de respect envoyée par la profession, cela peut avoir des effets pervers. D’un côté le public, pas obligatoirement venu pour vous, n’est pas encore dans le bain. De l’autre, on peut jouer sur l’effet de surprise. A Bourges, en général, ça se passe bien. Pas de souvenirs de cailloux lancés en direction de la scène, alors … Anna Madjison a donc pu dérouler son univers et sa grâce. C’était une découverte pour la plupart des spectateurs, mais comme la grande scène du Printemps de Bourges était aussi une découverte pour la chanteuse Franco-américaine, y a balle au centre.
Dans la foulée, au galop, en bonds et sautillements, est arrivé Julien Granel. Le Zébulon aura probablement été une autre découverte pour les Berruyers. Mélange de transe funky, de techno-disco, de pop-électro, middle pot des génériques de How I Met Your Mother, d’Hanna Montana et de Skin génération version 2023 survitaminée, la prestation a mis le feu au W, surpris d’abord, conquis ensuite.
Les cheveux multicolores et la moustache – la même que celle de Gérard Blanc (Martin Circus) – de Juju rentrés en backstage, Matthieu Chedid, de M coiffé, pouvait s’approprier la scène. Vite fait, bien fait, il a terminé le chantier. Pas de raté, des musicos de haut niveau dont Gail-Anne Dorsey à la basse – une vingtaine d’années au côté de Bowie, ça en impose quand même – ou un multiclavier qui fait croire qu’Alvin Lee, le guitariste de Ten Years After, est de retour, entre autres, ce n’est pas juste pour enfiler les perles. Tandis que pour les pros, les photos, c‘était moins facile, la multitude de téléphones portables a flashé, capté l’image d’un souvenir affiché de suite, sans validation par la prod, sur les réseaux sociaux. En mode show de tournée et pas en mode festival – en gros une trentaine de minutes en plus – M et ses Modogo’s se sont éclatés. En premier de la cordée PdB 2023, ils ont parfaitement assuré le coup et fait le job : le Printemps de Bourges est sur les rails.
A la fraîche, les stands de bouffe se sont fermés, ceux de chiffons et ceux de bibelots itou. Bourges a retrouvé son calme temporaire avant que ne commence une deuxième journée plus longue, plus dense, plus Rap aussi…
Plus d’infos autrement sur Magcentre : La programmation du Printemps de Bourges