FRAC : Abdelkader Damani prend la parole

Suite aux propos tenus par Carole Canette, présidente du FRAC Centre-Val de Loire dans nos colonnes le 14 avril 2023, Abdelkader Damani, directeur de l’établissement culturel, dont il est écarté depuis le 6 avril, use de son droit de réponse afin de riposter aux attaques dont il fait l’objet.

Par Sophie Deschamps 

Abdelkader Damani, directeur du FRAC devant le bâtiment des Turbulences à Orléans en septembre 2016. Photo Magcentre


Abdelkader Damani sort enfin de son silence pour se défendre. En accord avec son avocat, il a concocté un droit de réponse intitulé « être clair ». Il entend ainsi donner sa version des faits face aux accusations qui, rappelons-le, lui valent une enquête administrative de deux mois assortie d’une suspension à titre conservatoire. 

Et suite à notre article du 14 avril 2023 intitulé « Le FRAC, sans tête, inaugure ses deux expositions », le directeur du FRAC ne mâche pas ses mots : « Vous avez raison, il est sans tête aucune, livré à une dérive sans précédent. »

Une présidente très peu présente au FRAC

Il est tout aussi mordant vis-à-vis de Carole Canette, présidente depuis 2021 du Conseil d’Administration du FRAC : « Depuis sa nomination (…) Madame Canette n’a jamais daigné rencontrer l’équipe malgré mes sollicitations répétées. Elle ne m’a jamais accordé une seule réunion de travail en bilatéral pour parler du FRAC. Elle n’a jamais inauguré un seul de nos évènements (à l’exception du Printemps de la Romancière le 13 mai 2022, NDLR) ni exposition aux Turbulences sauf le jour où elle m’a notifié ma suspension, une semaine avant l’inauguration de deux expositions que j’ai conçues, voulues et dont j’ai assuré le commissariat (Les Ailes du désir et Architectes sans Architectures). »

Puis il poursuit sur les “alertes” évoquées par Carole Canette : « Il est donc étonnant de voir la Présidente parler de souffrance au travail, alors que dans d’autres cas, dont l’inspection du travail a eu à connaître, elle semble avoir fermé les yeux ». Selon nos informations, l’administrateur du FRAC est sous le coup d’une plainte auprès de l’inspection du travail pour harcèlement moral vis-à-vis d’une salariée qui depuis a démissionné. Et Abdelkader Damani tient à préciser qu’il a mis en place depuis deux ans au sein du FRAC un travail sur les risques psycho-sociaux, en lien avec la médecine du travail. 

Abdelkader Damani passe ensuite à l’attaque : « Je souhaite être clair, ce qui se passe au FRAC est une manipulation peu glorieuse alliée à une volonté de me nuire. Ce n’est pas la première fois. J’ai même eu à subir des attaques ouvertement racistes et ce dès mon arrivée au FRAC en 2015. »

Évidemment, il n’oublie pas son équipe de 27 salarié.e.s : « Mes pensées vont aux personnels du FRAC, qui ont tout mon respect et qui sont “embarqués” malgré eux dans des procédures manœuvrières. Je leur souhaite le plus grand courage. Ils en auront besoin alors qu’ils et elles sont livré.e.s à l’arbitraire le plus brutal ».

Mais bien que blessé, le directeur du FRAC reste combatif : « Pour l’heure, confiant dans la justice de ce pays, je sais que je serai rétabli dans mon intégrité personnelle et professionnelle. »

Plaintes au tribunal administratif et au pénal 

En effet, Abdelkader Damani, avec l’aide de son avocat, est en train de saisir le tribunal administratif pour dénoncer la procédure de l’enquête administrative. Une enquête confiée comme le rappelle Partick Communal dans sa tribune à un cabinet d’avocats d’affaires, déjà prestataire de la Région. Par ailleurs, celui qui est encore directeur du FRAC a déposé une plainte au pénal pour dénonciation calomnieuse.

Enfin Abdelkader Damani qui a vécu la décennie noire en Algérie dans les années 90 exprime sa profonde déception : « Jamais je n’aurais imaginé me retrouver en France, dans une république, une démocratie à être empêché de m’exprimer et ne pas avoir droit à la parole. En effet, on enquête sur moi sans m’avoir entendu. Je pensais sincèrement avoir laissé cela derrière moi en quittant l’Algérie. D’où l’importance de ce droit
de réponse.
»

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Frac : qui veut la peau d’Abdelkader Damani ?

 

 

 

 

 

Commentaires

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  1. On peut former le vœu qu’une ordonnance de référé intervienne assez rapidement pour qu’il ne soit pas nécessaire d’attendre en vain qu’au parti socialiste on privilégie le choix de la vérité et de la justice sur les solidarités tactiques politiciennes. S’agissant du personnel du FRAC, il est traité dans cette affaire avec une singulière violence en des circonstances ou aucune tentative préalable de rencontre et de médiation n’a été recherchée. Tels les enfants instrumentalisés et pris en otage d’un divorce, on impose aux salariés un conflit de loyauté entre leur présidente et leur directeur. Ces derniers vont en effet subir un interrogatoire individuel dont ils comprennent qu’il aura pour objectif de constituer le dossier à charge qui permettra de « liquider » Abdelkader Damani. C’est violent et inhumain. J’ai noté que dans son interview à Magcentre lors du vernissage de l’exposition « les ailes du désir » Carole Canette est en revanche restée silencieuse sur la signature de ce contrat d’objectif où elle concède à Serge Grouard le droit de conditionner un financement qui ne viendra probablement jamais à un accord sur le contenu artistique de la production du FRAC, condition que le président de la Région François Bonneau ne s’était accordée puisqu’il avait pris l’engagement de respecter la liberté de création du FRAC, ni, à notre connaissance, les services de l’Etat. Quel contrepartie pour une telle concession au maire d’Orléans ?

  2. Le Mot (Victor Hugo)
    Le poème[modifier | modifier le wikicode]
    Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
    Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes ;
    TOUT, la haine et le deuil !
    Et ne m’objectez pas que vos amis sont sûrs
    Et que vous parlez bas.
    Ecoutez bien ceci :
    Tête-à-tête, en pantoufle,
    Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
    Vous dites à l’oreille du plus mystérieux
    De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,
    Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
    Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
    Un mot désagréable à quelque individu.
    Ce MOT — que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
    Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre —
    Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre ;
    Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;
    Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
    De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
    Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle !
    Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;
    Il suit le quai, franchit la place, et cætera
    Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
    Et va, tout à travers un dédale de rues,
    Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
    Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
    Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
    Et railleur, regardant l’homme en face dit :
    “Me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel.”
    Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.

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