Imaginé par Grégory Barrier, le Vhéliotech fonctionne à énergie solaire, et se dispense de construction industrielle. Porté par une association, il a des racines orléanaises, et peut être fabriqué chez soi.
Par Jean-Luc Bouland
Dominike Lemoine en partance pour un périple de 143 km avec le Vhéliotech, début avril 2023. Photo Magcentre.
« Le Vhélio, c’est génial », déclarait en avril dernier Dominike Lemoine, venue d’Issoudun pour prendre « livraison » de son Vhélio à Fleury-les-Aubrais. « Je vais le conduire au forum Drive to Zero, au grand palais éphémère. J’ai calculé, cela fait 143 km. En trois jours, avec étapes, c’est aisément faisable ». Faisable ? Certes. Et elle l’a fait, malgré les intempéries et les erreurs de GPS, comme d’autres bénévoles de l’association, et surtout l’inventeur de ce vélo à énergie solaire, Grégory Barrier, fondateur de l’association
“Vélo solaire pour tous“.
En octobre 2022, Barnabé Chaillot avait rallié Lyon à Orléans en neuf étapes se terminant place Ste Croix, et, début juin, c’est un autre membre de l’association qui en montera un à Nantes pour participer à la course mythique des vélos solaires, The Sun trip. « Pour la 2e année consécutive, les véhicules parcourront les Alpes, totalisant une boucle d’environ 2 500 km ». Ils comptent 111 membres, dont 73 « faiseurs ». Oui, faiseurs, car l’originalité du projet est qu’aucun circuit industriel n’est prévu. Les plans sont disponibles sur le site, pour que chacun puisse en construire un soi-même.
Un projet primé
Un projet fou ? Pas tant que ça. Le 6 décembre 2022, à la Cité du design de Saint-Étienne, lors de la première rencontre nationale des véhicules intermédiaires, le projet Vhélio a décroché le 1er prix, face à 43 projets présentés. « C’est une formidable récompense. C’est d’abord un coup de projecteur énorme sur notre projet malgré le caractère très original de sa démarche. On ne peut que se féliciter de la reconnaissance de la qualité du projet et de la démarche portée par l’association. De plus, l’association reçoit 30 000 € qui renforcent encore nos moyens financiers ».
L’objectif pour 2023 est de mieux structurer l’organisation, qui prend de l’ampleur. Une meilleure visibilité est prévue, commencée par une rencontre en Lorraine en début d’année puis la présence à Paris en ce mois d’avril. Dominike montait rejoindre d’autres membres de l’association pour participer au premier forum Drive to Zero consacré à la mobilité décarbonée, avec l’espoir d’y décrocher un nouveau prix. Mais, expliquait-elle au retour, « C’est Marc Laurençon avec son ultima mobility qui a gagné le prix de l’innovation dans la catégorie mobilité individuelle. Un vélo français en carbone recyclé de 20 kg pour un coût de 3 500 euros ! Notre projet a plu, mais son handicap est le manque de design, et la volonté de ne pas en prévoir d’industrialisation ». Certes, il y avait en concurrence à ce forum des engins beaucoup plus aérodynamiques, et de conception plus industrielle. Et peut-être moins volumineux. L’engin fait tout de même plus de 70 kg.
Une stratégie d’économie solidaire
En avril 2023, le Vhélio était présenté au Forum Drive to Zero, à Paris. Photo DL.
Le Vhélio utilisé par Dominike Lemoine pour monter au Grand palais éphémère était un des deux appartenant à l’association, en « résidence » chez l’un des adhérents, à Fleury-les-Aubrais. Et, dit-elle, « quand je m’arrêtais, je n’ai pas manqué de curieux, tout autant qu’au salon ». Des curieux pas seulement curieux, mais aussi intéressés par cette machine originale, et performante.
Lors de son périple fin 2022, Barnabé Chaillot ne cachait pas les ambitions de l’association. Outre le fait de tester le véhicule (doté de prise de courant et de prises USB !), il faut mobiliser du financement. « Les ambitions du projet Vhélio sont de permettre la vente de Vhélios et ensuite la création de toute une filière d’acteurs et la création d’une chaîne de montage, notamment avec des structures et entreprises de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) ».
Le projet se chiffrait fin 2022 à plus de 250 000 euros, entre frais de fonctionnement, création d’un emploi en CDI et frais d’étude et de développement. Toute nouvelle aide et/ou financement complémentaire seront donc les bienvenus.
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