Absence remarquée ce jeudi 13 avril 2023 à Orléans d’Abdelkader Damani, directeur du FRAC pour l’inauguration des deux nouvelles expositions dont il est le commissaire. Ce dernier est en effet sous le coup d’une suspension à titre conservatoire. Une mesure prise début avril par le CA de l’établissement présidé par l’élue régionale Carole Canette. C’est elle qui a pris le micro lors du vernissage.
Par Sophie Deschamps
Présentation solitaire de Carole Canette, présidente du Conseil d’Administration du FRAC des deux expositions d’Abdelkader Damani, suspendu. Photo Gérard Poitou
Le bâtiment Les Turbulences du Fonds régional d’Art Contemporain (FRAC) du Centre-Val de Loire n’a jamais aussi bien porté son nom que ces derniers jours. En effet, c’est sans doute la première fois dans son histoire qu’une exposition, en l’occurrence deux ce 13 avril, est inaugurée en l’absence de son commissaire, à savoir Abdelkader Damani, directeur du FRAC Centre-Val de Loire.
En effet, ce dernier a fait l’objet début avril « d’une suspension à titre conservatoire votée à l’unanimité par le CA du FRAC, suite à une alerte », explique Carole Canette, présidente de ce lieu.
Interdiction pour Abdelkader Damani de venir au FRAC
Encore plus étonnant, durant sa brève présentation dans le hall du FRAC des deux expositions orphelines qu’elle reconnaît ne pas avoir visitées, Carole Canette ne citera pas une seule fois Abdelkader Damani. Quand on lui pose la question, elle répond
« qu’elle a pris garde de remercier l’ensemble de celles et ceux qui ont œuvré sans citer personne en particulier pour ne pas susciter la polémique ». Puis, elle précise : « Nous avons une situation avec une alerte au sein du FRAC avec des éléments. En tant que présidente, j’en ai fait part à l’ensemble des membres du Conseil d’Administration. Au cours d’un CA extraordinaire, il a voté l’ouverture d’une enquête administrative de deux mois, assortie d’une suspension à titre conservatoire [du directeur] pour le bon déroulement de l’enquête ». Carole Canette a confirmé qu’Abdelkader Damani n’a plus le droit de venir au FRAC.
Sur la nature de cette alerte la présidente du FRAC reste en revanche très vague, expliquant : « J’aurais préféré que cela reste en interne. Mais puisque la presse en a parlé (et notamment la tribune de Patrick Communal dans Magcentre le 12 avril 2023, NDLR), je précise qu‘il s’agit d’une alerte interne au FRAC concernant les relations entre les gens, et d’éventuelles souffrances au travail. Et quand c’est comme cela on n’attend pas, on prend des précautions. J’ajoute que cette suspension intervient dans un contexte où il y a déjà eu des alertes avant que je sois présidente ». Impossible donc d’en savoir plus sur le contenu exact de cette “alerte”. Et bien sûr, dans le contexte particulier de cette enquête interne, la trentaine de salarié.e.s ne peut pas s’exprimer publiquement.
Pas de visite presse des deux expositions
Les deux expositions Les Ailes du désir et Architectes sans Architectures, ouvertes au public ce 14 avril 2023 et dont nous reparlerons prochainement en détail, pâtissent de cette situation. En effet, il y a eu très peu de public au vernissage, pas de déambulation explicative, comme c’est la coutume, au sein des deux expositions et évidemment pas de visite presse.
Quant à Abdelkader Damani, il sera donc fixé sur son sort début juin à l’issue de l’enquête administrative. Il a de son côté pris un avocat pour faire valoir ses droits.
À suivre.