Blois : des scientifiques manifestent leur colère climatique

Ce dimanche 9 avril au matin, pour alerter sur la cécité de nos sociétés, les Scientifiques en rébellion ont bandé les yeux de trois statues blésoises à haute valeur symbolique et accroché à leurs cous des panneaux indiquant « Ne mentez plus », « Ouvrez les yeux » ou « Ceci est une urgence climatique ».
 

Denis Papin Blois Cl Scientifiques en colère

Il s’agit d’une action internationale, et plus d’une centaine de statues ont été affectées dans le monde, dans une quarantaine de villes réparties sur une douzaine de pays dont en France Paris, Nice, Toulouse, Montpellier et Blois. Les scientifiques à l’origine de ces actions exigent que les personnes au pouvoir ne détournent pas le regard des résultats de la science. Le dernier rapport du GIEC montre clairement que la crise climatique et le désastre écologique menacent notre existence même, et exigent des mesures immédiates qui vont bien au-delà de ce qui est fait actuellement.

À Blois, trois statues ont été prises pour cible :
– Jeanne d’Arc, symbole de courage et de résistance, qualités nécessaires pour s’opposer aux forces du statu quo et du business-as-usual.
– Louis XII, sur la façade du château royal, un monarque considéré modéré et à l’écoute du peuple. Ceci contraste avec les dérives autoritaires de nos dirigeants actuels.
– Denis Papin, que l’on crédite pour avoir inventé la machine à vapeur ; c’est le symbole de la révolution industrielle, qui signe le début de l’augmentation considérable des émissions de CO2 dans les pays occidentaux.

Scientist Rebellion est un mouvement international de scientifiques alarmé.es par la crise climatique et écologique. Le groupe estime que la communauté scientifique a la responsabilité d’agir et de rejoindre l’avant-garde du mouvement climatique.

Scientifiques en Rébellion est la branche française de Scientist Rebellion. Ses membres
exercent une pression sur les gouvernements – par des actions pacifiques, créatives et
perturbatrices – pour s’assurer qu’ils prennent des mesures contre la crise climatique et
écologique.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : François Gemenne : « L’écologie est fondamentalement progressiste et révolutionnaire ! »

 


Les statues françaises
À Toulouse, quatre statues ont été prises pour cible :
– Le buste de Jean Jaurès rend hommage à “l’Apôtre de la paix”. Cette référence illustre la convergence entre les luttes pour la justice sociale (particulièrement d’actualité), pour la paix et pour les enjeux climatiques : le GIEC a reçu en 2007 le Prix Nobel de la Paix.
– La sculpture de Toutain : « Mère et enfant ». Dans la mise en scène des scientifiques, l’enfant s’adresse à sa mère pour lui demander d’ouvrir les yeux et de prendre ses responsabilités, comme les jeunes s’adressent à la génération aujourd’hui au pouvoir : quelle Terre leur laisserons-nous ?
– Sur une statue représentant Antoine de Saint-Exupéry avec le Petit Prince dans un globe, les scientifiques ont accroché une citation de l’écrivain : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible ». Cette citation a été placée en exergue d’un Rapport Spécial du GIEC en 2019.
– La sculpture “L’Attrape Cœur” de James Colomina. Le street artist humaniste toulousain
installe sans autorisation dans les grandes villes du monde ses œuvres de “poésie politique” évoquant entre autres la fragilité de la planète, la violence et l’exclusion.
À Paris, trois statues ont été prises pour cible :
– La statue de la Liberté, statue iconique, connue dans le monde entier : notre liberté de respirer de l’air pur et notre liberté de vivre sont mises à rude épreuve par la catastrophe écologique
– Une statue de lion a été décorée, pour sa proximité avec le Sénat, qui devrait œuvrer à la mise en place de mesures à la hauteur des enjeux.– La statue Ile-de-France aux Tuileries, pour son côté central, donne de la visibilité aux alarmes des scientifiques.
À Nice, c’est la statue de Jacques Chirac qui a été choisie pour cible. En 2002, il prononçait lors du IVe Sommet de la Terre sa fameuse phrase « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ». Vingt ans plus tard, rien n’a changé, et le dernier rapport du GIEC sort dans l’indifférence générale.
À Montpellier, c’est la statue de Jacques Cœur qui a été choisie pour cible. Grand argentier et commerçant réputé. Jacques Cœur incarne ici notre alerte sur la nécessaire transformation de notre modèle économique dans le contexte du changement climatique.
Trois statues d’intellectuels de la place de la Révolution Française ont également été ciblées, évoquant l’urgence d’une vraie révolution écologique face aux périls croissants qui pèsent sur le climat et la biodiversité.

Blois Jeanne d’Arc Cl Scientifiques en colère

Pour plus d’informations sur Scientist Rebellion et Scientifiques en rebellion :
https://scientifiquesenrebellion.fr/
https://scientistrebellion.com/


Commentaires

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  1. oui c’est très bien mais c’est oublier que ceux qui dirigent ne sont intéressé-e-s que par le pouvoir et la richesse que leurs employeurs oligarques financiers leurs prodiguent.
    Donc ces contestations qui, en rien, ne les contraignent à cesser leurs businesses (avec beaucoup d’$) ne les freinent pour eux c’est gentil et sans danger.
    Nous sommes entrés dans un temps de l’humanité où nous (celles et ceux qui ne se résignent pas) allons devoir les désarmer c’est à,dire leur retirer leur arme: l’usage financier de l’argent qui n’aurait du rester qu’un moyen pratique et symbolique d’échanges.

  2. Pour juste témoigner de cette lucidité que nous mettons bien, tous autant que nous sommes, chacun d’entre nous, individuellement, nos enfants et petits-enfants en danger de mort bien réel, même si cela ne sert pas à grand chose sur le fond, changement de paradigme sur tous un tas de mauvaises habitudes et comportements inadaptés, incluant par exemple, la suppression de tout déplacement en vol aérien depuis … plus de 2 décennies, depuis la prise de conscience des conséquences catastrophiques de notre mode de vie à l’occidentale.

    C’est pas grand chose, c’est même quasiment rien, mais si seulement la moitié de ceux concernés stoppaient ces voyages futiles, inutiles, dispendieux s’agissant d’émission de gaz à effet de serre, dans des proportions gigantesques, ramenés à un seul être, nous pourrions, par nos simples comportements, de façon indépendante des mesures gouvernementales, agir concrètement, pour tenter de ralentir un tout petit peu, les effets dévastateurs du réchauffement climatique.

    Nous pourrions offrir à nos enfants et petits-enfants, une toute petite chance d’avoir le temps additionnel de s’adapter aux nouvelles conditions qui galopent à grande vitesse, vers une situation très différentes, des conditions de vie que nous connaissons.

    En continuant à vivre, sans changement de comportement important, nous fonçons actuellement vers un réel précipices, nos enfants et petits-enfants.

    Chaque voyage à l’autre bout du monde, chaque croisière empruntée, chaque déplacement de loisir en véhicule fonctionnant à l’énergie fossile compromet un peu plus vite, chaque jour, le devenir de nos enfants et petits-enfants.

    Notre égoïsme et notre recherche d’intérêt individuel vont vraiment hypothéquer l’avenir de notre descendance.

    Que constatons-nous, de façon générale, autour de nous, même nos proches ? Tout le monde ou presque s’en fou. C’est cela la réalité.

    C’est une douleur vive que de constater cette absence de solidarité avec les générations à venir.

    Dans de telles circonstances, comment en vouloir à la jeunesse d’essayer de renverser la table ?

    N’ont-ils pas raisons, compte tenu de nos égoïsmes à s’accrocher à notre confort et intérêt individuel ?

    Les scientifiques savent à raison, que l’évolution climatique n’est ni un leurre, ni un phénomène que l’on va pouvoir maîtriser, au stade avancé où nous en sommes. Il est définitivement trop tard. Nous pouvons au mieux, tenter de ralentir le rythme d’évolution, un tout petit peu, pas plus.

    Notre égoïsme est vraiment un puits sans fond. Il est important d’en prendre conscience.

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