La ville d’Orléans accueillera-t-elle bientôt une structure universitaire privée consacrée à Jeanne d’Arc ? Si le principe semble acté, il reste à définir son emplacement. En manque de locaux disponibles, cet annoncé CIERGE prestigieux regarde avec envie vers les bâtiments Dessaux de la ZAC Bourgogne.
Par Gil de la Raie-Dunois
Vu les enjeux, le secret se devait d’être bien gardé. Mais l’approche des fêtes johanniques 2023 était trop tentante. Voilà pourquoi l’information a fuité, faisant tomber un mail explosif dans la boite de Magcentre. Un dossier venant apparemment d’une source parisienne affirme qu’Orléans accueillera très bientôt un Centre International d’Etudes et de Recherches Générales Educatives (CIERGE) dédié à Jeanne d’Arc. Face à d’autres villes d’Europe, la ville-préfecture de la région Centre-Val de Loire paraissait toutefois incontournable. Les documents officiels concrétisant ce projet pourraient être signés ce samedi 1er avril 2023, en fin de journée. Sauf contrordre.
Dessaux, et des tractos-pelles
Que faire des anciens locaux de la vinaigrerie Dessaux, dans le quartier Bourgogne, à Orléans ? Un lieu culturel d’envergure ? Un programme immobilier de haut standing ? Les deux statuts ont été envisagés, le premier à plusieurs reprises, par Serge Grouard et Olivier Carré, et le second plus récemment, mais tout a été abandonné.
A chaque fois, une estimation financière chiffrée à plusieurs millions d’euros de travaux a refroidi les ambitions des éventuels investisseurs. Comme si les effluves acides qui ont imprégné pendant des siècles le quartier avaient encore un pouvoir répulsif. Et, persifle Robert, un ancien, rigolard, « ne comptez pas sur les brigades du Tigre pour venir mener l’enquête sur le sujet », usant d’une référence un peu saturée au tournage de la célèbre série télé tournée à la fin des années 70 dans les rues concernées. Mais celui-ci n’imaginait pas encore voilà quelques jours ce qui pourrait bientôt apparaître entre tour neuve et tour blanche, pour consacrer sans retour la ville-préfecture comme LA cité johannique référente dans le monde entier.
Jeanne, mon brûlant amour
L’éventuelle arrivée dans la ville de ce CIERGE consacré à Jeanne d’Arc, institution aussi privée que mystérieuse, ne manque pas d’interpeller les “sachants” locaux, tant dans sa conception que dans sa finalité. Inconnue du côté de l’Université, qui n’en voit pas l’opportunité, cette structure insolite et expérimentale intrigue grandement au vu des premiers objectifs révélés.
« Faire d’Orléans la référence universelle de Jeanne d’Arc, par l’édification d’une structure multi-volontariste et multifonction, associant la constitution d’un fonds mémoriel d’envergure à un musée digne de ce nom, proposer une programmation culturelle et une réflexion à l’échelon international, par l’accueil de stages, séminaires, conférences et autres colloques animés par des chercheurs de renom. »
Ce qui pourrait intégrer, ou pas, faute de renseignements concrets, notamment sur le financement et le coût réel, un amphithéâtre, une salle d’exposition, des logements pour étudiants, voire une structure hôtelière, etc. « Et pourquoi pas, aussi, une école d’équitation, une salle d’armes et un atelier de ferronnerie », continue “Bébert”, aussi peu à cheval sur les convenances que dénué de perspicacité. « Dites donc, votre truc, ce ne serait pas plutôt un poisson d’avril ? »
Qui fraye avec la Loire peut s’attendre à tout, même à pêcher gros, dit un vieil et obscur proverbe marinier, datant peut-être de l’époque où le vin aigre était débarqué sur les quais d’Orléans.