Ce vendredi 17 mars 2023, Stéphanie Rist, Rapporteure générale de la Commission des affaires sociales, avait convié la presse dans sa permanence du Loiret afin d’échanger sur la réforme des retraites. La réunion, que la députée n’a pas voulu annuler malgré le climat délétère, fut perturbée par une poignée de protestataires équipés de puissantes cornes de brume.
Par Jean-Paul Briand
Il était une fois le 49-3
Mercredi 15 mars 2023, le texte de loi sur les retraites avait été adopté par la majorité des quatorze députés (Mme Rist en faisait partie) et sénateurs réunis dans une commission mixte paritaire (CMP). Voté jeudi 16 mars au matin par le Sénat, il devait être soumis à l’Assemblée nationale dans l’après-midi. L’annonce de la Première ministre, Elisabeth Borne, d’engager la responsabilité du Gouvernement en activant l’article 49-3 de la Constitution a arrêté tout le processus en cours.
Avec l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution, le projet de loi sur les retraites sera considéré comme adopté si une motion de censure contre le gouvernement n’est pas votée par l’Assemblée nationale. Si une motion de censure est votée, le gouvernement est renversé et son texte de loi retiré.
Pour rappel : une motion de censure n’est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l’Assemblée nationale. Son vote ne peut avoir lieu que
48 heures après son dépôt et il n’y a que les votes favorables qui sont comptabilisés.
Un sujet technique, ardu et difficilement compréhensible
« Je souhaitais que l’on aille au vote du texte », annonce contrariée la députée Rist qui n’a appris l’utilisation de l’article 49-3 que dans l’hémicycle, quelques minutes avant la prise de parole d’Elisabeth Borne. « Ce n’est pas un déni de démocratie. La démocratie a été respectée, l’utilisation du 49-3 est prévue dans notre Constitution » insiste la députée. Elle nous explique que cette procédure, qu’elle regrette, a été rendue nécessaire parce que « les Républicains font de la politique politicienne, ils ne voulaient pas aller au vote ». Elle en vient à déplorer que les partis, socialiste et républicain, jusqu’alors considérés comme d’éventuels partis de gouvernement, n’existent quasiment plus politiquement, occasionnant ainsi la crise actuelle.
Convaincue qu’une réforme est incontournable afin de protéger la retraite par répartition, la députée affirme : « Je ne veux pas être la députée qui n’aura pas protégé la retraite par répartition pour les générations futures ». Maîtrisant son dossier et se voulant pédagogue, elle essaye à nouveau d’expliquer la réforme. Le sujet est technique, ardu et difficilement compréhensible. C’est sans doute là une des explications de son rejet par une grande partie de la population qui retient simplement les deux années supplémentaires au travail. Un travail qui pour beaucoup n’est pas choisi mais subi. Triste, déçue, sans doute fatiguée, la rapporteure générale de la Commission des affaires sociales avoue sincèrement : « Le thème est très sensible, la réforme compliquée, technique, trop technique, et ne peut pas améliorer ou supprimer toutes les injustices ».
Concernant les troubles et désordres possibles dans les prochains jours, la députée tient à féliciter toutes « les structures syndicales qui ont fait en sorte que les manifestations se passent sans violence ».
Mais demain…
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