A Dordives, l’EHPAD public des Hirondelles est en difficulté. Le Conseil départemental du Loiret souhaite le transfert de propriété pour en faire un établissement public autonome. La Cour des comptes a été sollicitée pour un audit.
Par Izabel Tognarelli
Dimanche 12 mars 2023, Marc Gaudet, président du Conseil départemental du Loiret, était reçu dans l’émission Dimanche en politique, diffusée sur France 3 Centre-Val de Loire et présentée par Xavier Naizet. Les sept dernières minutes du magazine hebdomadaire d’information étaient consacrées à la politique sociale du département du Loiret et plus particulièrement aux EHPAD dont le département est propriétaire.
Trois exceptions départementales
Jusqu’à récemment, ils étaient au nombre de trois : Malesherbes, Outarville et Dordives. Le Conseil d’administration de l’établissement de Malesherbes a récemment décidé d’acheter les murs au Conseil départemental, ce qui en fera un établissement public autonome. Les cas d’Outarville (EHPAD Pierre-Mondine) et Dordives (EHPAD des Hirondelles) sont encore en discussion, mais le président du Département n’a pas caché sa volonté : « J’ai dit aux maires et aux Conseils d’administration (qu’il fallait qu’ils prennent) une délibération comme cela a été fait à Malesherbes, afin d’acquérir les murs. Ensuite, on (fait) un aménagement sur vingt ans […]. Je veux bien remettre à neuf sauf qu’il faut avoir la certitude que la propriété soit transférée à l’établissement ».
Voilà qui fait écho à un communiqué envoyé le 27 février à la rédaction de Magcentre par Jean-Marc Debéthune, de l’UNIRS (Union Nationale Interprofessionnelle des Retraité.e.s Solidaires). Il écrit, au sujet de l’EHPAD public de Dordives : « Le transfert de locaux est une chose, il peut faire l’objet de négociations. L’obligation d’entretien en est une autre, elle ne se négocie pas ».
Des bâtiments qui vieillissent mal
Si la population, dans sa globalité, vieillit de mieux en mieux, ce n’est pas le cas des bâtiments construits ces dernières décennies. A Outarville, la toiture est couverte depuis plusieurs mois par des bâches, afin de lutter contre les infiltrations. A Dordives, les problèmes liés à l’état du bâtiment de l’EHPAD public des Hirondelles sont multiples. Par exemple, en décembre, l’établissement a connu deux débuts d’incendie d’origine électrique. Par contre, il n’est pas question de maltraitance, de négligence ou de délaissement de la part du personnel de l’EHPAD des Hirondelles : aucune comparaison n’est possible avec “l’EHPAD” sauvage découvert dans cette même petite ville de l’Est du Loiret.
Le Département souhaite un transfert de propriété
Le besoin de travaux dans l’EHPAD des Hirondelles est donc criant. Mais c’est justement là que le bât blesse. Dans l’émission du 12 mars 2023, Marc Gaudet dénonce une situation qu’il qualifie « d’inique » : « Lorsqu’il y a besoin de travaux, ça ne se voit pas sur le budget de l’EHPAD. C’est le Département qui porte intégralement la dépense d’investissement. La situation n’est pas égalitaire par rapport aux autres établissements (privés, ndlr) ».
C’est justement cette notion d’équité que reprend Christian Braux, président de la Commission Bien vieillir, Handicap, Inclusion, Logement et Sport au Conseil départemental du Loiret : « Depuis de nombreuses années, le Conseil départemental estime que, par équité, il est préférable que les coûts d’entretien des bâtiments soient gérés par l’établissement ». Il nous explique qu’à Dordives, une première décision avait été prise en 2019. Le Conseil d’administration de l’EHPAD des Hirondelles était alors prêt à reprendre le bâtiment. Dans l’intervalle, les membres ont pris conscience de la situation financière de l’établissement : « Depuis cinq ans, l’ARS a apporté des crédits non reconductibles qui s’élèvent à un million d’euros au total. Si on ne fait rien, il est clair qu’un établissement comme celui-ci serait en dépôt de bilan. Si rien n’était trouvé, ce serait logiquement une fermeture », précise M. Braux.
Jean Berthaud est devenu maire de Dordives en 2020. La décision en question a été prise avant qu’il ne devienne président du Conseil d’administration de l’EHPAD public de sa ville. De son côté, il balaie l’éventualité d’une fermeture. « Il y a des concertations et des discussions entre les responsables des différents partis afin de trouver des solutions pour une meilleure gouvernance de l’EHPAD ».
Un EHPAD en manque de direction
L’autre écueil dans cette affaire réside dans l’absence de pilotage stable. Ces dernières années, l’EHPAD de Dordives a connu un nombre conséquent de directrices et de directeurs à sa tête. Actuellement, à cause de ce problème de recrutement à la tête de l’établissement, l’EHPAD de Dordives est sous la tutelle du CHAM. Christian Braux assure que l’annonce pour ce poste est à nouveau publiée afin d’essayer de recruter. Jean Berthaud est sur la même longueur d’onde : « Je ne peux pas négliger le fait qu’il y a des difficultés de gouvernance. On est plutôt dans une direction intérimaire : ce n’est pas comme ça que l’on gère un équipement sensible, avec une population qu’il faut protéger, aider à vivre correctement, dans une ambiance ouverte et intergénérationnelle ».
Les différents partis sont donc en discussions, en négociations. Jean Berthaud oriente sa réflexion vers ce qu’il appelle « la phase 2 » de la vie de l’EHPAD. Il évoque l’idée d’un tiers-lieu. Mais chacun des acteurs de ce dossier attend le résultat de l’audit de la Cour des comptes qui devrait arriver dans le courant du deuxième trimestre 2023. Ce document sera déterminant pour la réflexion sur l’avenir de l’EHPAD public de Dordives.
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