Le maire d’Orléans quitte LR accusé de n’avoir plus ni ligne politique ni projet. Une annonce curieuse tant ce personnage politique décrié peine à se définir une identité politique crédible et lisible. Peut-être le début d’une nouvelle aventure personnelle.
Par Jean-Jacques Talpin
Orléans a la chance d’avoir un maire imprévisible. Il l’a prouvé une nouvelle fois ce dimanche 12 mars 2023 en annonçant par une lettre aux adhérents des Républicains et par un communiqué de presse qu’il quittait ce parti « après 40 ans d’adhésion à la famille politique gaulliste ».
« Alors que la France va mal, écrit Serge Grouard, les Républicains n’ont plus aucune ligne politique et pas davantage de projet pour notre pays. En cherchant à jouer au Parlement « le parti charnière », un coup avec la majorité un coup dans l’opposition, ils se perdent dans de petits jeux politiques stériles, dignes des pires heures de la 4ème République que le Général de Gaulle a pourtant tellement combattue ».
Il rappelle que lors de sa campagne pour prendre la tête de LR – candidature jugée à l’époque loufoque et hors-sol et qui n’avait pu finalement être retenue par LR –, il avait proposé un « pacte de gouvernement clair et net avec le président de la République sur la base de quatre urgences pour la France : environnement et énergie, sécurité et immigration, santé et hôpital, dettes et réformes de l’État ».
« Exister tout simplement »
Curieusement sa démission – qui n’a pas fait l’effet d’une bombe… – intervient le lendemain du vote au Sénat de la réforme des retraites très largement soutenue par LR. Et justement ce vote peut être considéré comme un « pacte » avec le gouvernement renforcé par la position des Républicains dont le président Éric Ciotti a rappelé que son parti voterait la réforme à l’Assemblée nationale. Serge Grouard est donc difficile à suivre. Mais il aime semer le doute chez ses partisans qui peinent à suivre cet itinéraire aussi trouble. Il s’était ainsi déjà éloigné des Républicains, avant d’en reprendre la présidence départementale pour porter l’estocade à son ami de 20 ans Olivier Carré, détrôné aux municipales de 2020.
Mais que cherche vraiment Serge Grouard ? « A exister tout simplement », rétorque un opposant historique. Il est vrai que Serge Grouard s’ennuie dans sa mairie dont les rênes sont progressivement lâchées au bénéfice de Florent Montillot. On lui avait prêté des intentions démenties depuis de se présenter aux sénatoriales de septembre prochain.
Candidat en 2027
Et si les ambitions de Serge Grouard étaient plus grandes, plus hautes ? Et pourquoi pas candidat à la présidentielle de 2027 ! Si, si ! Déjà en mars 2017, alors que son ami François Fillon était empêtré dans le « Pénélope Gate » et ses histoires de costume, Serge Grouard lui aurait proposé, lors du meeting du Trocadéro, de le remplacer à la présidentielle. Déjà à l’époque on avait failli avoir Serge Grouard candidat à la plus haute marche de l’État !
Cette anecdote (rapportée par le Parisien du 25 octobre 2018) avait, paraît-il, fait beaucoup rire dans l’entourage de François Fillon. Alors pourquoi ne pas recommencer cette marche présidentielle ? A moins qu’il ne nourrisse des ambitions un peu moins prestigieuses et pourquoi pas ministre d’Emmanuel Macron. Débarrassé de sa gangue LR, Serge Grouard pourrait être une prise sinon « de choix » du moins utile pour Emmanuel Macron dont on dit qu’il songerait à un remaniement.
D’ici là, les républicains du Loiret et d’Orléans devront faire leur deuil dont on susurre qu’il ne sera « ni trop long ni trop douloureux ». Tout cela dans l’attente de nouvelles annonces de Serge Grouard jamais en panne d’inspiration !
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