La rejet contre la réforme des retraites est toujours aussi fort en région Centre-Val de Loire. Une intersyndicale de retour dans les rues, des cortèges toujours bien garnis et surtout une mobilisation record dans le Cher. C’est reparti pour durer.
Par Fabrice Simoes et Mael Petit
L’intersyndicale rongeait son frein depuis plus de deux semaines. Les plus impatients tempérés par les plus mesurés au nom d’une unité enfin retrouvée. En laissant le devant de la scène aux débats parlementaires, ils avaient décidé de se mettre en retrait afin d’observer l’attitude du gouvernement après l’ultimatum du 7 mars et cette menace de blocage du pays. Ils scrutaient surtout la fin des débats autour de cette réforme des retraites à l’assemblée. Temporiser aussi pour mieux rebondir. La crainte d’une lassitude ou encore les bourses des foyers doucement mais sûrement réduites par l’enchaînement des grèves pendant un mois enjoignaient les révoltés à lever le pied pendant une vingtaine de jours. Une pause bienvenue pour reprendre des forces tout en faisant monter la sauce de frustrations qui ne manquait pas d’être épicée par les imprécisions et autres justifications laborieuses de la majorité dans les médias.
Le Berry fait mieux qu’en 1995
A Bourges, devant la vieille maison de la Culture, on s’était donné rendez-vous, pour ce
7 mars. La place Séraucourt était d’ailleurs aussi garnie qu’un jour de Printemps de Bourges et ses plus belles affluences. A Vierzon, parti de la place Jacques Brel, le cortège avait, pour sa part, été rallongé pour avaler la foule venue pour cette promenade encore hivernale. Célestin Gérard, inventeur, pionnier du machinisme agricole mais surtout industriel à la mode de la fin du XIXe siècle en aurait bouffer son chapeau. Derrière les grilles de son jardin, il avait toujours le port altier mais le drapeau d’un syndicat flottait devant son buste au vent matinal berrichon.
A Saint-Amand-Montrond, en même temps, dans ce Boischaut Sud si peu enclin à la marche urbaine revendicative, on n’avait que rarement vu ça. Le cortège Florentais avait, lui aussi, retrouvé des couleurs contestataires passées. Quant à La Guerche, c’était bien le seul endroit, dans le département où chiffre officiel et chiffre syndicat étaient identiques. Comme quoi tout arrive avec cette réforme…
Des vieux de la vieille Castelroussins faisaient des sauts de puce mémorielle pour tenter de retrouver dans leurs mémoires un tel rassemblement dans la préfecture de l’Indre. Et il fallait remonter loin. Là, comme ailleurs, c’est la mixité des âges qui était à retenir outre la densité de piétons au m². Le rejet exprimé par la rue ne se voulait pas factuel et individualiste mais réel et solidaire. Comme quoi tout arrive avec cette réforme…
La jeunesse (un peu) plus mobilisée dans le Loiret
A Orléans il est un baromètre saisissant depuis des semaines. Le pont Georges V, sur lequel passe le tramway en direction de l’université, voit chaque matin de mobilisation un chassé-croisé générationnel assez parlant. Ainsi, manifestants majoritairement seniors se pressent en direction du lieu de rassemblement dans le centre-ville quand des grappes d’étudiants font le chemin inverse pour attraper un tram sur la rive sud, sa circulation sur le pont étant interrompue les matins de manifestations.
Cela se traduit évidemment dans la composition du cortège orléanais même s’il est à noter un rajeunissement des effectifs pour cette première de mars. Une jeunesse concernée qui n’hésite pas à donner de la voix et dénoncer le caractère injuste de cette réforme notamment pour les femmes. Parfois très jeunes comme Juliette 17 ans, lycéenne en bac professionnel. « Ce sont mes premières manifs. Bien sûr que cette réforme impacte les jeunes et d’autant plus les femmes. J’ai choisi de porter cette pancarte pour dénoncer les inégalités entre les hommes et les femmes creusées par cette réforme ».
Un choix loin d’être anodin la veille du 8 mars, journée internationale des droits de la femme.
Non loin de la lycéenne, Doriane, étudiante de 19 ans, accompagnée de son frère Thomas et de passage sur Orléans, avait emprunté un gilet CGT à son père pour venir manifester. « Toutes les études convergent vers une réforme profondément injuste et inégalitaire pour les femmes. Nous n’avons pas les mêmes carrières, souvent plus hachées pour les femmes. On ne veut pas de cette réforme ».
A noter que du côté de Montargis, ils étaient près de 4 000 manifestants ce mardi matin.
Blocages à Blois et Tours
Partis de la préfecture de Loir-et-Cher, le cortège blésois toujours aussi fourni s’est ébranlé avenue Maréchal Maunoury. Un retour en force pour l’intersyndicale qui s’est essayé à un nouveau parcours. Sur leur trajet, les manifestants se sont vu renforcer par les grévistes de l’hôpital ainsi que des salariés de l’entreprise de pièces automobiles Borgwarner. Plus tôt dans la journée, ces derniers avaient mis en place un barrage filtrant sur le rond-point cap’ciné, proche de l’autoroute A10.
Si on pouvait s’attendre à battre des records de mobilisation à Tours, il n’en a rien été. 12 000 manifestants selon la police certes, mais c’est moins que le pic du 31 janvier. Un beau score tout de même accompagné d’un blocus notamment à l’université des Tanneurs. Avec une jeunesse particulièrement visible dans le cortège tourangeau.
Chiffres de la mobilisation en région
- Cher : Bourges 6 000 selon la police, Vierzon 7 000, St Amand 700, St Florent 300
La Guerche 130
- Eure-et-Loir : Chartres 7 000, Châteaudun 600, Dreux 400,
- Indre : Châteauroux 8 000, Issoudun 1 000, Argenton 600, Blanc 300
- Indre-et-Loire : Tours 13 000
- Loir-et-Cher : Blois 12 000, Vendôme 3 000, Romorantin 1 500
- Loiret : Orléans 12 000, Montargis 4 000, Gien 1 500, Pithiviers 1 200,
Beaugency 400
Plus d’infos autrement sur Magcentre: La Nupes en front uni contre la réforme des retraites à Orléans