Le président PS de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau a inauguré ce mardi l’ambassade éphémère de la région au salon international de l’Agriculture qui se tient jusqu’au 5 mars à Paris. Entre la traite des brebis et la dégustation de produits régionaux, l’élu n’a cessé de défendre un savoir-faire vertueux.
Propos recueillis par Zoé Cadiot
François Bonneau Président de la région Centre-Val de Loire : Marc Fesneau ministre de l’Agriculture cl ZC
Magcentre : La région accompagne cette année plus d’une centaine de producteurs au salon de l’Agriculture. Doit-on y voir un renouveau du secteur ?
François Bonneau : Le salon de l’Agriculture, grand rendez-vous populaire, est une belle opportunité pour dire la diversité et la richesse de nos productions (céréalière, élevage , horticole…). On a une identité de l’excellence, une identité de la qualité qui trouve ici sa complète expression. A nous de la faire découvrir. Aussi, nous avons considérablement augmenté l’espace dédié à la valorisation de nos producteurs, de nos transformateurs mais aussi de nos éleveurs qui mettent en valeur des animaux remarquables et remarqués, comme l’attestent leurs nombreux prix.
Certes mais dans l’esprit des Français, la région Centre-Val de Loire, c’est plutôt les châteaux que l’agriculture…
F.B : Si Centre-Val de Loire, c’est un patrimoine culturel avec notamment les châteaux, c’est aussi un patrimoine naturel. Et je me permets d’insister là-dessus parce que la Loire, le plus grand fleuve classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, anime notre région. Et la Loire, historiquement, c’est le jardin de la France. Aussi, valoriser nos horticulteurs, nos maraîchers, la diversité, c’est fondamental. Notre image agricole ne se limite pas aux grandes cultures de la Beauce. Moi, je dis qu’on a beaucoup plus que ça avec un vignoble remarqué avec ses nombreuses appellations reconnues (Menetou-Salon, Quincy, Reuilly, Sancerre…) et autres productions. Regardez les 5 plus belles appellations de fromage de chèvre, ce sont des appellations du Centre-Val de Loire. C’est une terre de qualité notre région.
Vous parlez de qualité. Mais avec le changement climatique, on s’aperçoit que le cahier des charges de certaines AOP est mis à mal. Au point que les dérogations se multiplient dans certaines productions fromagères…
F.B : L’ AOP est ancrée à un territoire et à ses qualités de production. Aussi, face au changement climatique, il faut avoir la sagesse de vérifier régulièrement la pertinence de nos règles sur nos AOP. Il faudra faire de l’adaptation. Mais pas au prix de la baisse de qualité, pas au prix de la perte de notre identité, car il ne s’agit pas de remplacer un produit dégradé par un autre.
Doit-on changer les règles, s’adapter ?
F.B : Le sujet est effectivement l’adaptation. Face à la sécheresse, il y a des cultures dans notre région qui seront moins répandues demain. Je pense au maïs qui consomme pas mal d’eau, notamment dans la période la plus chaude, lors de la période d’évaporation maximale. Si certaines cultures seront à l’avenir moins présentes, d’autres comme les légumineuses à fleurs, cultures de protéines végétales, devraient se développer partout. Pourquoi ? Parce que quand on fait des protéines en Beauce dans le cycle et la rotation des grandes cultures, elles ont la particularité de fixer l’azote dans le sol. Du coup, si l’année d’après vous mettez du blé ou de l’orge, vous aurez beaucoup moins d’apports d’azote à faire. S’adapter c’est arriver à diversifier davantage les cultures, c’est arriver à défendre et à réimplanter de l’élevage dans une logique polyculture-élevage.
François Bonneau au centre sur le Salon de l’Agriculture 2023
La question de la transmission, du renouvellement des générations est très présente cette année chez les producteurs et les éleveurs. Comment l’expliquez-vous ?
F.B : Il n’y a pas assez de reconnaissance, de fierté du métier. C’est un problème global. Ce matin, j’avais autour de moi une douzaine d’éleveurs de la région : ils ne m’ont pas demandé des meilleurs prix pour faire face à l’augmentation des charges mais des pistes pour redorer l’image de leur profession. Recréer une appétence pour leur métier. Car aujourd’hui on a tendance à oublier que les agriculteurs sont au service de l’environnement et non contre, qu’ils sont au service d’une bonne alimentation et non de la malbouffe. Agriculteur, c’est un métier de passion qu’il faut rendre désirable par des conditions d’exercice. Nous devons accompagner nos agriculteurs et nos éleveurs.
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