Les tattoos veulent s’ancrer à Orléans

Depuis le 17 février, Orléans ne fait plus exception chez les tatoueurs. L’existence du CO’Met a favorisé la tenue d’une convention première du genre, l’Orléans Tattoo Show. Un évènement peu imaginable voilà 10 ans qui espère bien s’ancrer dans les années à venir.

Par Jean-Luc Bouland

« Dans le monde dit primitif, c’est en Océanie, et plus particulièrement en Polynésie (aux îles Marquises et en Nouvelle-Zélande), que le tatouage atteint ses développements les plus sophistiqués. Il peut en effet recouvrir entièrement corps et visage d’un réseau graphique de type abstrait ou figuratif », écrivait à la fin du XXe siècle France Borel dans son ouvrage Le vêtement incarné. Un titre qui, depuis 2018, a donné son nom à un salon de tatouage dans l’Indre, présent ce week-end à Orléans.

Cette historienne de l’art et directrice de l’Ecole nationale supérieure des Arts visuels de Bruxelles tentait dans cet essai fort documenté d’analyser les mécanismes de société qui, d’une façon ou d’une autre, entraîne l’homme à modifier son corps. En soulignant que
« Art et métamorphoses du corps sont donc étroitement solidaires : ils se prêtent un appui mutuel à tel point que leurs relations deviennent indémêlables, et qu’il est souvent impossible (et vain ?) de déterminer la préexistence de l’un sur l’autre“. Un constat annonciateur d’un XXIe siècle fort différent en Occident.

Un art visuel reconnu

Lors de ce week-end au CO’Met, comme pour lui répondre, les organisateurs accueillent sur la scène pour faire le show une toute nouvelle association destinée à réunir tous les Marquisiens résidant en France, pour transmettre et populariser leur culture et leurs valeurs. Des valeurs qui incluent l’art du tatouage, comme nombre de populations de l’océan indien, et qui ont trouvé un écho retentissant au Japon. En 2016, une soirée au cinéma des Carmes avait su montrer cet engouement naissant, avec un reportage réalisé par des Orléanais à la Convention de Chaudes-Aigues.

Parmi les 260 tatoueurs présents au premier Orléans Tattoo Show, certains perpétuent ces pratiques, alors que d’autres s’inspirent plus des techniques américaines, tel Dylan, un Loirétain installé à Pau, et d’autres, un brin provocateurs, la jouent démoniaques pour le fun. Certains viennent de loin, parfois de l’étranger (Nouvelle-Orléans), mais
quelques-uns sont aussi du Loiret, tatoués ou non, aux looks plus ou moins excentriques, ou adaptés à leurs personnages. Et beaucoup plus que la grande majorité du public, venue surtout par curiosité. En rêvant de succomber à la tentation.

Originaire du Loiret, Dylan, spécialisé dans la technique américaine, s’est installé comme tatoueur à Pau en 2021 sous le nom L’enfant fugace. Il a choisi Orléans pour sa première convention. Photo JLB

Pour le fun ou l’esthétique

L’art du tatouage, enseigné dans certains instituts d’art visuel, a conquis aujourd’hui une notoriété peu imaginable voilà une quinzaine d’années. « Je me fait faire un tatouage tous les ans, depuis mes 16 ans », témoignait récemment une jeune femme de 33 ans. D’autres commencent à 50, voire 60 ans. Pourquoi ? Par goût de l’esthétisme, par affichage d’une identité profonde, et parfois aussi pour cacher une cicatrice, après une opération.

La majorité des tatoueurs a commencé par du dessin classique, et d’autres (beaucoup moins) simplement pour se reconvertir dans un marché qui semble prometteur. « Difficile de chiffrer le nombre de tatoueurs sur la métropole. S’ils ne sont pas énormément à avoir pignon sur rue, en boutique, il y en a beaucoup plus qui opèrent à domicile, connus uniquement sur Internet ». Voilà encore 10 ans, les tatoueurs travaillaient derrière des vitres opaques, et maintenant à la vue de tous. « Il y aurait près de 40 % de la population qui serait aujourd’hui tatouée, avec des variables selon les tranches d’âge ».

Cette première à Orléans a pour ambition, comme le précisent ses initiateurs, Arnaud Métivier et Christelle Six-Métivier, de combler un vide, et de durer dans le temps. Ne serait-ce que pour convaincre quelques résistants qu’un tatouage n’est pas une mutilation corporelle, ou le seul apanage des sauvages et des bagnards, voire de quelques marins et pirates au long cours. Quitte à occulter la question récurrente de l’évolution du tatouage dans le temps, selon celle des corps et humeurs de leurs porteurs.

Nicolas Hadon est installé à domicile à Saint-Jean-de-la-Ruelle. « Je suis venu en visiteur. Un tel salon, cela ouvre des portes. J’aimerais y avoir un stand », a-t-il notamment expliqué sur Radio Arc en Ciel. Il a commencé par faire des dessins pour les autres avant de se mettre lui-même au tatouage. Photo JLB.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : La folie nippone s’empare d’Orléans après 10 ans d’absence

Commentaires

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  1. Et bien sûr, ils n’ont pas été capables de trouver un intitulé en français pour leur manifestation. Mentalité de colonisés fiers de l’etre.

  2. Ah ce snobisme synonyme d uniformité et qui engendre l ennui! Abandonner notre belle langue pleine de nuances et de musique, c’est comme tatouer à l encre …sympathique.

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