La Région, son vice-président chargé des transports, Philippe Fournié, en tête, était à l’offensive lors de la réunion de janvier où élus des territoires avaient redit, une nouvelle fois, combien la ligne POLT était un axe vital pour eux. Cette semaine, comme en écho, le ministre des transports, Clément Beaune, vient d’annoncer le déblocage de 2 milliards d’euros d’investissement. Un chiffre vrai… ou presque !
Par Fabrice Simoes
A la lecture d’un article paru sur le site de France 3 Limousin, on apprend que le ministre des Transports, Clément Beaune, aligne deux milliards d’euros pour la ligne POLT. On se dit que, comme un largage de canadair sur un feu de forêt, le gouvernement a voulu étouffer le feu larvé qui couvait, en province, depuis de nombreux mois.
Au début de l’année, le coup de gueule du PDG de Legrand, associé à la réunion des élus, ou pas, des régions concernées à Châteauroux, avaient montré que la grogne devenait de plus en plus prégnante tant chez les usagers qu’au sein des instances sur le terrain. Parce que, en janvier, ils étaient venus, ils étaient tous là. Du Cher, à la Corrèze, de la Haute-Garonne à la Haute-Vienne, dans un énième branle-bas, dans la capitale du Bas-Berry, on faisait entendre ses multiples suppliques. On attendait de nouvelles formulations de besoins, de trains supplémentaires, de matériels plus modernes. On avait eu tout ça, mais pas que.
Alors, les deux milliards, c’était la belle aubaine. Si on gratte un peu, derrière le vernis de l’effet d’annonce, clients, usagers, gestionnaires et tutti quanti, les deux milliards paraissent ressembler de plus en plus aux cent patates des Inconnus… Les spécialistes du sujet pensent que, comme sur un tableau de Magritte, au bas du parchemin – ou du chèque – on pourrait écrire « ceci n’est pas deux milliards ».
Philippe Fournié, le Vice-Président délégué aux Mobilités, aux Transports et aux intermodalités de la région Centre-Val de Loire, fait partie de ces dépités. En prenant connaissance de l’annonce, il est passé du mode surpris à celui de déchanté assez rapidement. Il applique une autre lecture à cette manne qui, pour lui, n’en est finalement pas une : « Deux milliards, oui mais… Il faut retirer les 1,6 milliard déjà prévu pour une grande part sous François Hollande. C’est du recyclage de l’existant. Ils étaient actés et les travaux ont déjà commencé ! Après il reste 400 millions mais c’est ce qui était déjà prévu depuis longtemps et qui n’était pas financé. C’est à peine suffisant pour pallier le manque de matériel ! C’était d’ailleurs de la responsabilité de l’Etat », rapporte l’élu régional.
Une équation compliquée pour la ligne
Déjà, il avouait que, pour entrer dans un champ de volontés communes, l’équation du POLT était délicate. Un problème que de mettre en harmonie des envies parfois antinomiques. « Entre ceux d’entre nous qui veulent des trains rapides pour aller de Paris à Limoges, entre ceux qui veulent des trains rapides pour aller à Limoges mais aussi aller à Toulouse, et ceux qui veulent que les trains s’arrêtent un peu partout… il n’est pas évident de s’accorder », détaillait-il voilà quelques jours avant de préciser qu’ « il faut, entre autres, expliquer que le POLT ne s’arrête jamais et ne s’est jamais arrêté à Salbris par exemple… Là ce sont seulement les trains de la région qui y font des arrêts ! Il ne suffit pas de dire des choses pour qu’elles deviennent vraies ». A priori, tout le monde est d’accord pour moderniser, augmenter le nombre de trains POLT. Cependant, il faut être sur la même longueur d’onde dans la stratégie à adopter.
Si la SNCF annonce un 10e aller-retour Limousin-Paris pour le mois d’avril prochain, on est encore loin du souhait de 14 trains émis lors de la dernière réunion castelroussine. « Outre les 14 trains aller-retour nécessaires, il faut pouvoir aller plus vite dans la plupart des cas de figure. Par ailleurs, se pose la question de la gare d’Austerlitz. Le sujet de la suppression possible des guichets est très important aussi. Si on met plus de gens dans les trains, il faut que l’accompagnement existe… »
De fait, le coup des deux milliards ferait presque sourire s’il ne faisait pas pleurer de rage les élus qui, dans l’affaire, peuvent s’estimer un peu filoutés, non ?
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