L’artiste peintre abraysien Tidjani Benlarbi expose 87 œuvres dans 4 salles du Château de l’étang à Saran, dans le Loiret. Des toiles et des œuvres représentant uniquement des visages. Un thème qui l’inspire depuis toujours. C’est en tout cas une œuvre délicate et sensible qui vaut le détour.
Par Sophie Deschamps
Gros plan sur une toile de Tidjani Benlarbi. Photo Sophie Deschamps
Quand on lui parle de rétrospective, Tidjani Benlarbi part d’un grand éclat de rire. Pourtant l’ensemble de ses 87 œuvres (peintures, miniatures, objets peints) posées ou accrochées sur les cimaises du Château de l’étang à Saran retracent bien le parcours de cet artiste qui depuis la fin de ses études à l’Ecole des Beaux-Arts à Alger en 1988, peint des têtes : « Le visage, c’est là où il y a le plus d’expressions et en plus c’est une richesse au niveau de la palette. »
« C’est la couleur qui me choisit »
Au fil de la déambulation dans les quatre salles du lieu culturel saranais, on découvre des séries de visages violets, blancs, rouges, noirs… Le peintre en est d’ailleurs le premier étonné : « J’ai découvert ces périodes de couleurs en accrochant mes toiles. Les couleurs et les expressions arrivent toutes seules. C’est la couleur qui me choisit, ce n’est pas moi. Et je n’ai pas envie de les contrôler, parce que sinon j’arrêterais de travailler. »
Visage de Tidjani Benlarbi peint avec du goudron. Photo Sophie Deschamps
Ce que Tidjani Benlarbi contrôle en revanche, c’est l’utilisation des matières avec lesquelles il peint, et étonnamment le goudron : « C’est toute une histoire. Quand j’étais étudiant aux Beaux-Arts d’Alger, des ouvriers avaient laissé un baril de goudron sur la terrasse où il y avait des travaux d’étanchéité. Du coup, j’ai essayé de peindre avec cette matière et j’ai trouvé le rendu super. Ça apporte des nuances et puis c’est un matériau vivant. Je l’ai beaucoup utilisé pour mes tableaux noirs mais pour moi ce n’était pas une période triste. Les gens ont beaucoup apprécié. D’ailleurs je les ai quasiment tous vendus. »
Des peintures sur objets
Depuis peu, l’artiste s’amuse aussi à peindre sur des objets, avec une pointe d’humour. Notamment une valise mais aussi une pendule qui s’impose au public dès l’entrée dans le château : « Le meuble, je l’ai récupéré il y a longtemps en faisant les monstres et l’horloge, je l’ai trouvé dans une brocante ».
Même sur son horloge, Tidjani Benlarbi a peint un visage. Photo SD
Je l’ai ensuite travaillé, j’ai enlevé quelques trucs dedans pour une meilleure visibilité. J’ai aussi ajouté un miroir. Celui dans lequel on peut se regarder discrètement quand on n’a pas envie de se voir. Cette pendule est à l’arrêt mais j’ai laissé le tic-tac pour exprimer que nous ne sommes pas éphémères mais que le temps, lui, continue. »
Et bien sûr, il y a un visage peint quelque part. À vous de le trouver sur place !
Visages, peintures de Tidjani Benlarbi jusqu’au dimanche 26 février 2023 – entrée libre
Château de l’étang, Saran (45) – du mardi au vendredi de 14h-17h
samedi et dimanche en présence de l’artiste de 14h à 17h30
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