L’appel de ce samedi 11 février 2023 à manifester contre la réforme des retraites a été entendu en région. A Orléans, c’est près de 16 000 personnes, syndicats, jeunes, retraité.e.s, familles qui ont battu le pavé durant près de trois heures dans les rues du centre-ville. Une mobilisation qui est donc loin de s’essouffler.
Par Sophie Deschamps
Manifestant Orléans. 11 février 2023. Photo Sophie Deschamps
Les dernières journées d’action pouvaient faire penser que la colère contre la réforme des retraites baissait. La mobilisation de ce samedi 11 février 2023 partout en France, dans notre région et à Orléans montre le contraire. Ainsi, près de 16 000 manifestant.e.s ont défilé dans la capitale ligérienne, préférant la manif à la braderie.
C’est sous le soleil et dans une ambiance bon enfant que le cortège s’est ébranlé vers 14h15 dans les rues du centre-ville. En démarrant non pas par la rue Jeanne d’Arc mais symboliquement devant la mairie avant de rejoindre les boulevards.
Des jeunes solidaires de leurs aîné.e.s
Dans les rangs, beaucoup de jeunes. En principe, pas concernés par la réforme et pourtant très présents et solidaires, comme Célia, 23 ans, aide à domicile : « Je suis là parce que je ne me vois pas faire ce métier jusqu’à 64 ans, sans être maltraitante. Pour ma maman aussi, ouvrière. Elle doit bientôt avoir sa retraite mais elle devra attendre pour en profiter, c’est injuste. Cette manif du samedi c’est bien aussi parce que je ne peux pas me permettre de perdre un jour de salaire. »
C’est aussi Selma, 20 ans, étudiante, venue en famille : « Je suis solidaire de mes parents qui risquent de travailler beaucoup trop longtemps. Solidaire aussi de celles et ceux qui ont des métiers pénibles. Je pense aux femmes de ménage, aux ouvriers. Mais aussi aux personnes qui ont des soucis de santé à cause de leur travail. Elles vont devoir travailler plus longtemps pour une vie qui ne sera pas décente. Donc on est là pour se battre ensemble et ne rien lâcher. »
Laurent, maraîcher 11 février 2023 Orléans. Photo Sophie Deschamps
Des actifs aussi bien sûr toujours très en colère contre la réforme à l’instar de Laurent, maraîcher : « J’ai commencé à travailler à 14 ans. À presque 58 ans, je ne suis pas foutu mais bien usé ! J’étais en apprentissage mais stagiaire. Je n’ai pas cotisé donc j’ai perdu quatre ans alors moi ça me fout les boules ! Je ne pourrai pas aller au bout, ça m’étonnerait. »
Beaucoup de familles également dans le cortège dont certaines pour la première fois. Ainsi Antoine, 42 ans, intermittent du spectacle. Il a même décidé de se syndiquer :
« Les papiers sont sur le bureau. Il faut faire remonter le taux de syndicalisme en France pour une parité des pouvoirs. Selon moi, le but de cette réforme, c’est aussi que les gens ne croient plus à la retraite publique et qu’ils cotisent dans des caisses privées. »
Antoine, 42 ans est venu en famille avec sa banderole “Macron, t’as gagné, je me suis syndiqué !” Photo Sophie Deschamps
Sa compagne, Émilie, éducatrice de jeunes enfants, explique les difficultés de son travail : « J’ai déjà mal au dos et je n’ai que 43 ans mais mon métier n’est pas reconnu au niveau pénibilité. C’est le côté absurde de cette réforme qui veut faire travailler les gens plus longtemps alors que l’on sait très bien qu’ils lâcheront avant. »
Les manifestant.e.s eux n’ont rien lâché. Elles et ils promettent de revenir battre le pavé en semaine ou le week-end. Bref, le temps qu’il faudra pour faire plier le gouvernement même si certains n’osent plus trop y croire.
Ailleurs en Région
A Montargis, la mobilisation a été particulièrement forte en ce samedi, plus encore que lors des deux premières journées, ce qui fait que les chiffres avancés sont de l’ordre de 4 000 personnes, un chiffre jamais vu dans la Venise du Gâtinais pour « les routards du
pavé ». Ce chiffre est aussi à mettre en perspective avec la taille de la ville et de son agglomération et à comparer avec les chiffres d’Orléans et de sa métropole : au prorata, la mobilisation est plus forte à l’est du Gâtinais où le sentiment global est, par avance, de se sentir délaissés, déconsidérés, déclassés. A noter que dans cette ville très marquée par l’épisode des Gilets Jaunes, ceux-ci semblent à nouveau pointer le nez. On voit ici et là quelques chasubles fluorescentes, mais au milieu du cortège, aux côtés des autres manifestants. I-T.
Blois 11 février 2023 cl JLV
A Blois, dans une ambiance de kermesse et sous le soleil, le long cortège s’est ébranlé à 14 h 30 depuis le Jeu de Paume pour descendre vers la place de la Résistance.
D’après les organisateurs, on dénombrait 15 000 manifestants sur une distance de 2 km. La police estime pour sa part le nombre de personnes dans la rue à 10 000. J.L-V
A Tours, on comptait entre 12.000 et 15.000 manifestants dans les rues ce samedi
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