La deuxième journée de manifestations contre la réforme des retraites a fait le plein dans les rues des villes du département du Cher. De Bourges à Saint-Amand, en passant par Vierzon, la mobilisation n’a pas l’air de faiblir. Outre les défilés, plusieurs actions ont été menées pour marquer les esprits et montrer le rejet du texte actuel.
Par Fabrice Simoes
Sur la place Jacques-Brel, à Vierzon, les drapeaux paraissaient en nombre. Rouge, violet, orange, et tutti quanti, ils flottaient au vent plus léger que voilà une quinzaine de jours. Rendez-vous frileux mais rendez-vous nombreux, semble-t-il parce que, au bout des drapeaux, on trouve toujours quelqu’un !
Sur le mur de l’hôpital, les portraits vieillis des salariés sont affichés. Photo Magcentre
Une fois la rue de la République remontée, le cortège a fait une station. Une seule pas comme pour le chemin de Croix de Pâques où on en fait 14. Sous l’œil de Célestin Gérard, capitaine d’industrie du XIXe siècle porté au pinacle pour n’avoir pas été plus salopard que les autres, pas moins non plus, quant à l’exploitation des ouvriers dans ses usines de matériel agricole, ils étaient plus de 4 000 à faire une séance de pied de grue.
Ce matin, devant les verrières de Ernest Pantz, inscrites à l’inventaire des monuments historiques, on a envoyé la sono comme pour un concert dont l’ingé son aurait chopé une otite. Normal, ils étaient dans la manif avec les autres, tous les autres, bien plus nombreux que la dernière fois. D’ailleurs le chiffre officiel entériné par les services de la police nationale locale validait l’impression visuelle. De 2000 lors de la 1ere journée d’action, les forces de l’ordre annonçaient 2 900 manifestants pour cette fois. Une hausse de 30%… comme l’annonce des syndicats vierzonnais qui passaient de 3 500 à 5 400 ! Point trop n’en faut.
De fait, le nombre de mécontents présents dans la rue était en hausse mais un peu plus jeune aussi. Là où les boomers tenaient le haut du pavé, ce sont désormais des actifs dans la pleine force de l’âge qui tiennent banderoles, drapeaux et calicots. Peut-être le signe, ou pas, d’un mécontentent intergénérationnel sur un sujet qui concerne, ou concernera, l’ensemble de la population.
Fermeture des mairies, expo à l’hôpital
La rue n’était pas le seul endroit pour porter le mécontentement des Berrichons du Nord-Berry. A l’image de plusieurs villes, grandes ou petites, de Paris à Saint-Pierre-d’Aurillac, plusieurs municipalités du département avaient décidé de participer à l’opération Mairie Morte. La mairie de Bourges, celle de Vierzon, celle de Saint-Germain-du-Puy étaient donc fermées au moins jusqu’à midi. Une action inédite, totalement assumée par les élus des communes berrichonnes concernées.
Mélanie Chauvet, l’adjointe chargée da la Culture à Vierzon, affiche son portrait dans l’exposition des salariés de l’hôpital. Photo DR
A l’hôpital de Vierzon, on sait faire parler de ses actions. Pour faire bouger les lignes, avant les années Covid, les salariés avaient installé un campement d’irréductibles gaulois. Cette fois, pour montrer le résultat de la réforme, ils ont procédé au vernissage officiel, jeudi dernier, d’une exposition très spéciale. Sur les grilles de l’établissement, du bord de la rue Léo-Mérigot, on peut, depuis, découvrir les portraits de salariés de la structure et de son EHPAD. Des portraits certes mais vieillis, par la grâce d’une application numérique, à un âge approximatif, celui du potentiel départ de leurs propriétaires !
Et certains seront marqués, c’est certain.
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