Les aides à domicile étaient nombreuses dans le long cortège de 13 000 manifestants qui s’est ébranlé vers la Préfecture depuis le Parc des expositions de Blois Vienne. Exerçant un métier pénible, elles demandent unanimement le retrait d’un projet de loi particulièrement injuste pour les femmes.
Par Jean-Luc Vezon
Chasuble orange de l’interco CFDT, Valérie, Estelle, Christelle, Adeline et Yannick, employés par le CIAS du Blésois, sont vent debout contre la réforme Macron qui rallongera de plusieurs années leur vie professionnelle réduisant leur espérance de vie en bonne santé.
« Je travaille depuis 19 ans comme auxiliaire de vie et j’interviens chaque jour auprès de 6 à 7 bénéficiaires. Le métier est très difficile : manutention de personnes le plus souvent dépendantes pour la toilette ou les repas, courses, déplacements multiples et on nous rallonge la durée de cotisation et l’âge de départ. C’est injuste ! », s’insurge Valérie Santos 59 ans. 1800 € net sur 13 mois, son salaire a été revalorisé de 183 € par mois en juillet dernier suite au Ségur de la santé.
« Cassée de partout », comme elle le dit elle-même, ses interventions auprès d’un public, souvent en grande souffrance psychologique, un week-end sur quatre, doivent se réaliser sur un temps contraint. « Ce projet est dramatique pour toutes mes collègues déjà précarisées car majoritairement à temps partiel. Il ne prend pas en compte la pénibilité », ajoute la militante en ajoutant qu’elle « se battra jusqu’au bout » car « prendre l’argent sur le dos des actifs, ça suffit ».
Même colère chez Christelle, 57 ans : « La réforme va générer encore plus d’absentéisme et d’arrêts de travail. Entre douleurs physiques et charge mentale, les 80 auxiliaires du service sont soumises à rude épreuve même si au CIAS, nous ne sommes pas les plus à plaindre ». Secrétaire dans le service, Estelle est solidaire de ses collègues.
Des retraites complètes illusoires
Quid des recrutements dans un métier en tension ? Elle interroge également sur l’attractivité de métiers peu prisés des jeunes générations. « On veut nous retirer le droit de vivre. De profiter du fruit de notre travail alors que les profits et les dividendes n’ont jamais été aussi élevés », tempête-t-elle heureuse de constater que la mobilisation est encore plus importante que le 19 janvier dernier.
« Continuer le combat et ne rien lâcher ». C’est le message d’Estelle Fortin, 45 ans, aide à domicile depuis 18 ans. « Je suis à temps partiel 25 heures par semaine et il me reste encore 80 trimestres à valider. Je ne me vois pas continuer à travailler jusqu’à 64 ans. C’est trop dur », annonce la quadra qui touche royalement 1200 € par mois.
Yannick Fontenas fait partie des six hommes aides à domicile du CIAS. « J’ai commencé tard à travailler. Je n’aurais même pas de retraite complète à 64 ans », anticipe-t-il. L’auxiliaire souhaite que le gouvernement revienne sur l’âge butoir et que l’on puisse partir en retraite dès l’obtention des trimestres requis avec des bonifications pour les métiers pénibles. À ses côtés, Adeline Do Nascimento, 31 ans, partage le combat de ses collègues et prévient : « Ne rien faire, c’est laisser faire la casse des droits sociaux chèrement conquis par les salariés ».
C’est surtout aux jeunes que pensent Valérie, Estelle, Christelle, Adeline et Yannick :
« Ils arrivent de plus en plus tard sur le marché du travail. Pour eux, la retraite sera largement après 65 ans si la réforme passe. Est-que nous voulons collectivement une société où l’on meurt en travaillant ? », interrogent-ils collectivement.
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