Déjà deux spectacles réjouissants programmés par Séverine Chavrier, et ça continue ainsi en cette fin de semaine. Voir la programmation complète en bas de page.
Par Bernard Thinat
Boule à neige…
…ouvrait le bal avec trois représentations en deux jours sur le plateau de la salle Touchard, ou comment parler d’un objet qui orne encore les placards ou les cheminées des maisons, qu’on vend toujours çà et là en guise de souvenir, mais dont l’utilité voisine avec le néant.
Mohamed El Khatib, le metteur en scène bien connu sur l’Orléanais, et Patrick Boucheron, historien au Collège de France, forment un duo bien sympathique, installé dans une arène, encerclé par le public. Les voilà partis dans des discours, voyageant à travers les siècles de Pépin le Bref au 5ème millénaire, plaisantant, se taquinant parfois.
Mohamed El Khatib au 1er plan, Patrick Boucheron au second. Photo B.T.
Alors, pourquoi avoir choisi cet objet, symbole de souvenir ? Peut-être bien parce qu’il est sans intérêt ou presque, et qu’ainsi, il ouvre de multiples portes pour évoquer des sujets historiques pour l’un, plus personnels pour l’autre. Ainsi Mohamed parlera-t-il de ses parents, surtout sa mère, de son enfance sur les marchés de Meung-sur-Loire, souvenirs familiaux dont on sent bien qu’il n’a pas terminé de nous en parler.
Dialogue à deux, accompagné par des vidéos montrant de vrais collectionneurs de boules à neige, en France et ailleurs, qui ne souhaitent qu’une chose : être accompagnés par quelques boules dans leur cercueil. Au final, les derniers moments de sa mère dont le doigt tourne autour d’un cadeau de son fils, en guise de pèlerinage, instant d’émotion filial avant les flocons qui descendent sur l’arène.
« Le Mystère du gant »
On connaissait le théâtre de l’absurde, façon Beckett. On découvre celui joué par un « duetti » belge, Muriel Legrand et Léonard Berthet-Rivière, sur le plateau pendant un peu plus d’une heure. L’histoire qu’il et elle nous racontent est parfaitement loufoque, qu’on en juge ! C’était à la Salle des Fêtes de Saint-Jean-de-Braye.
Cl Noémie Della Faille
Tous deux sont assis derrière une table et lisent le texte et les didascalies d’un vaudeville (ils le nomment ainsi, et c’en est vraiment un), à grands renforts de gestes, grimaces et baffes. Mais de quoi parlent-ils donc ? Pas facile de comprendre, mais on est prévenu : on peut lever la main si c’est trop compliqué. On est dans un salon avec une armoire à deux battants dans laquelle on peut se réfugier à ses risques et périls. Surviennent différents personnages (12 en tout, on s’y perd), l’un a un fusil, il y a le commissaire, une bonne enceinte jusqu’aux dents et qui accouchera sur le plateau de… je ne vous dis pas ! La suite est à entendre et à voir.
On parle de Brecht, d’un écolo radical, et de plein d’autres choses. Deux artistes de théâtre dont l’humour, l’énergie, la faculté de transformer les situations scéniques en dérision, sont débordantes. Le spectacle est co-produit par les théâtres de Liège et Bruxelles, on sait depuis longtemps que tout ce qui nous vient de Belgique est formidable, on ne sait pas pourquoi, mais c’est ainsi, et c’est tant mieux !
Toute la programmation, c’est ici !
Plus d’infos autrement sur Magcentre: Le départ annoncé de Séverine Chavrier, Directrice du CDN d’Orléans