Les annonces sur la sécurisation de la chasse faites à Dry dans le Loiret ce 9 janvier 2023 ont ravi les chasseurs puisque pour eux rien ou presque ne change. Les non-chasseurs eux sont en colère. Décryptage de ces mesures avec Pascale Decocq, habitante d’un village d’Eure-et-Loir et co-fondatrice d’un collectif citoyen contre la chasse.
Par Sophie Deschamps
C’est une femme et une mère en colère co-fondatrice du PACCT (pour l’abolition des chasses à courre et traditionnelles) qui a passé à la loupe les annonces faites le 9 janvier 2023 à Dry, dans le Loiret, par Bérengère Couillard, secrétaire d’État à l’Écologie.
Pas de jour sans chasse
Pour Pascale Decocq qui habite un village d’Eure-et-Loir, il s’agit de « mesurettes sans grands effets ». Pire, selon elle, « elles renforcent la légitimité des chasseurs ». Elle est en effet, comme beaucoup d’autres, très déçue que le gouvernement n’ait pas retenu un jour sans chasse, notamment le dimanche : « C’était la mesure phare que nous attendions.
On demande un jour par semaine, on ne demande pas la lune ! Car la chasse autorisée tous les jours lorsque c’est la période est une entrave à la liberté individuelle de circulation alors que 4 Français sur 5 réclament ce jour sans chasse. Où est la démocratie ? », s’indigne-t-elle.
Mais selon Bérengère Couillard, « sur les vingt dernières années, rien ne me dit que le dimanche est plus accidentogène que les autres jours de la semaine. », assure-t-elle.
Une déclaration qui pour notre rurale s’explique très facilement : « En fait, nous ne sortons pas en forêt le dimanche par peur d’un accident, alors que nous aimerions le faire pour nous détendre. Pour la même raison, j’interdis à mon fils ce jour-là de s’entrainer à vélo sur la route qui sépare notre village du suivant parce qu’elle traverse un bout de forêt ».
Une application gadget
Pour Pascale Decocq, ce n’est pas non plus l’application indiquant les zones de chasse qui va sécuriser nos balades dominicales : « C’est un gadget. De plus, on inverse la responsabilité en nous demandant à nous citoyens de nous adapter à la pratique de 1,5% de la population, c’est-à-dire les chasseurs. C’est à nous de faire attention, on marche vraiment sur la tête ! »
Pascale Decocq pointe ensuite le défaut majeur de cette application : « Quid des zones blanches en forêt ? Et pour celles et ceux qui n’ont pas le téléphone adéquat ? De plus la déclaration des zones de chasse n’est pas obligatoire et ne concerne que les battues. Quid des chasseurs isolés ? »
Concernant la formation décennale des chasseurs, Pascale Decocq rappelle que celle-ci existe déjà de façon théorique, seul un volet pratique sera rajouté.
Idem pour la loi sur l’alcoolémie : « Bien sûr, cette loi est nécessaire mais je rappelle que la grande majorité des accidents de chasse ne sont le résultat ni de l’effet de l’alcool ni de celui des drogues ! » . Par ailleurs, notre Eurélienne est très dubitative sur la régulation et le contrôle des armes de chasse : « Ce contrôle sera effectué par l’Office Français de la Biodiversité, l’OFB dont le deuxième vice-président n’est autre que Hubert-Louis Vuitton, vice-président de la Fédération Nationale des chasseurs ! »
Enfin, Pascale Decocq rejoint l’avis du Parti Animaliste qui sous la plume de sa coprésidente Hélène Thouy déplore qu’ « aucune de ces mesures ne permette un tant soit peu de mieux protéger les animaux, premières victimes de la chasse, tués par millions chaque année en France ».
Pour aller plus loin sur Magcentre : RIP sur la condition animale : gros caillou dans la gibecière des chasseurs ?