En novembre 2022, six des initiatives découvertes pendant le Tour de France de Raphaël Ruegger ont été présentées au théâtre de la Madeleine à Paris devant près de 600 personnes. Parmi elles, de nombreux élus avaient fait le déplacement à la recherche de solutions concrètes et efficaces à reproduire sur leurs territoires. Ils n’ont, semble-t-il, pas été déçus.
Par Alexandra Adam
Raphaël Ruegger a notamment rencontré le maire de Bourges, Yann Galut.
Originaire de Neuvy-sur-Barangeon, village de 1 200 habitants dans le département du Cher, Raphaël Ruegger est conseiller municipal et étudiant à l’affût des trucs qui marchent capables de redorer le blason de la politique ultra locale. Après une scolarité suivie dans un collège et un lycée de Vierzon, il a obtenu son baccalauréat à l’âge de 16 ans. C’était en 2017. « J’ai alors quitté mon village pour intégrer une classe préparatoire à Tours, au lycée Descartes, explique Raphaël. J’ai ensuite obtenu l’ESSEC, une école de commerce à Cergy, dans le Val d’Oise. »
Contribuer au bien être des habitants
Malgré la distance, il revenait régulièrement dans son Berry natal avec l’envie de contribuer au bien-être de ses habitants. Mais comment ? C’est en 2020 qu’il s’est engagé sur une liste candidate aux municipales. L’élection remportée, il est devenu élu à tout juste 20 ans. « Une manière de traduire mon attachement à ce village de manière concrète », résume-t-il.
Il y a un peu plus d’un an, quand la plupart de ses camarades sont partis faire le tour du monde pour voyager ou étudier à l’étranger, Raphaël a choisi de faire un tour de France. Un « rêve de gosse » qui lui permit d’aller à la rencontre des élus locaux de tous horizons. « J’avais plein de questions à leur poser, sur ce qu’ils pensent et ce qu’ils font car il n’y a pas de formation pour devenir élu local, déplore le jeune berruyer. J’aime l’échange et voir les choses de mes propres yeux. Cette aventure a été une sorte de formation en accéléré. J’ai vu le plus jeune maire de France comme des élus de 80 ans. Une sorte de compagnonnage ! »
Membre du cabinet de conseil en stratégie et communication Évidence, spécialisé sur les sujets de ville et d’immobilier, il a été épaulé dans ce projet par sa direction. Ce soutien s’est traduit par la création de la Fédération française des trucs qui marchent à l’issue de sa rencontre avec près de 200 élus locaux. Cette aventure a permis d’identifier des initiatives locales aux impacts avérés et quantifiables. Six initiatives pionnières ont ainsi été présentées le 22 novembre 2022 devant une salle comble au théâtre de la Madeleine à Paris. Raphaël raconte :
« Pourquoi sait-on que ça marche ? Au-delà des échanges que j’ai eus avec les élus locaux, je suis allé le vérifier sur le terrain de manière empirique. J’ai passé du temps dans ces communes, des grandes villes comme des petits villages, pour demander aux habitants s’ils connaissaient ces initiatives et ce qu’elles avaient changé pour eux ou pour leur entourage.»
Un réseau de transport à la demande
Parmi les trucs qui marchent et qui peuvent être généralisés à toutes les communes de France, on retrouve le passeport du civisme. D’autres le sont seulement dans des territoires qui possèdent les mêmes caractéristiques. En Haute-Marne, dans le Pays de Langres, qui compte 160 communes pour 50 000 habitants, Sylvie Baudot a par exemple remplacé un réseau de bus hérité des années 60 par un système de transport à la demande qui fonctionne sur réservation.
Les bus ont été remplacés par des véhicules légers de 5 à 9 places qui vont chercher les personnes directement sur leur pas-de-porte pour les conduire vers un bourg ou vers la gare Culmont-Chalindrey. « De 2 000 tickets achetés il y a 10 ans, ils en sont à 8 000 transports à la demande par an pour un coût de 3 euros l’unité », révèle l’élu qui a rapporté quelques-unes de ces bonnes idées en Berry.
« A Neuvy-sur-Barengeon, nous avons créé un conseil municipal des jeunes. C’est un vrai succès : ils sont maintenant dix et passent beaucoup de temps en mairie. » Ce premier truc qui marche devrait en entraîner d’autres et notamment, le lancement du passeport du civisme attendu pour la rentrée prochaine. Il s’agit d’un petit livret avec des actions à réaliser pour la solidarité, l’écologie ou encore le devoir de mémoire et qui contribuent à l’éducation à la citoyenneté. Son objectif est désormais de dupliquer ces initiatives à une plus large échelle. Raphaël va donc reprendre la route dans les semaines qui viennent à la recherche d’autres trucs qui marchent à partager en 2023.
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