Le vaste complexe – salle de sport et de spectacles, centre de conférences et parc des expositions – s’est enfin ouvert avec un match inaugural de handball. Mais ce projet, porté par l’ancien maire-président de la métropole Olivier Carré (absent lors de l’inauguration) suscite toujours des interrogations sur son coût et son utilité.
Par Jean-Jacques Talpin
Une inauguration sans Olivier Carré. Photo Magcentre
Incontestablement, CO’Met est un bel outil ! Le complexe orléanais inauguré samedi constitue ce qu’on appelle un « signe architectural » conçu par de grands maîtres de l’architecture moderne, Jacques Ferrier et le cabinet Chaix et Morel. Ce long bâtiment qui longe le tram au sud d’Orléans représente selon ses concepteurs une « architecture de douceur, de fluidité, de clarté », recouvert d’une résille métallique qui embellit l’ensemble notamment avec les couleurs de la nuit. Cette beauté architecturale qui renvoie aux ondulations de la Loire est sans doute unanimement partagée. Tout autant semble-t-il que l’utilité d’un tel ensemble « 4 en 1 » qui, en plus du Zénith existant (600 à 6 900 spectateurs), regroupe un centre de congrès avec un auditorium de 1 000 places, un parc des expositions extensible à 33 000 m2 et une Aréna vaste salle de sport et de spectacles 10 000 places ouverte le soir même par le match de handball France-Égypte.
Ni Charles-Éric Lemaignen, ni Serge Grouard pour la ville et la Métropole, ni François Bonneau pour la région, ni Marc Gaudet pour le Département, ni Régine Engstrôm pour l’État ne doutent de son utilité comme « outil d’attractivité exceptionnelle » et comme « formidable outil de rayonnement » qui conforte « Orléans comme capitale régionale ». Pas une seule voix discordante, y compris à gauche, pour contester le besoin impérieux de la Métropole de disposer d’un tel équipement peut-être surdimensionné. Car si l’on ajoute le centre de conférences du centre-ville, Orléans est désormais une des villes moyennes les mieux équipées en France.
De 100 à 160 millions d’euros !
Mais dès que l’on parle gros sous les appréciations sont plus distantes, certains « grincheux » de gauche n’oubliant pas de rappeler que la facture a glissé de mois en mois partant de 100 millions d’euros pour finir sans doute à 160 millions. Un chiffre encore incertain et qui ne sera officiellement dévoilé que le 26 janvier. Certains mettent en parallèle CO’Met avec le Vinci, le Palais des Congrès de Tours conçu par la star Jean Nouvel qui a mis sur la paille les finances de la ville durant plusieurs décennies. En plus de cette lourde facture, il faudra rallonger chaque année 1,3 million de coûts de fonctionnement sans oublier des subventions exceptionnelles pour attirer des événements qu’il faut « acheter ».
Une (trop) grande salle de 10 000 places. Photo Magcentre
On parle ainsi de 50 000 euros pour pouvoir accueillir le premier match de handball. Face à ces critiques, la Métropole répond par ses capacités d’investissements, par sa délégation de service public à GL Events, une des entreprises phares du secteur pour attirer de grands matchs ou spectacles et par son partenariat avec les collectivités. Le Département qui a obtenu que l’appellation « Loiret » soit accolée au parc des expositions a ainsi apporté la coquette somme de 26 M€ (et Marc Gaudet a confirmé qu’il apporterait aussi 20 M€ pour le futur Campus Madeleine), la Région 9,4 M€ et l’État 6,9 M€.
Et Olivier Carré ?
Avec cette inauguration c’est une histoire de près de 15 ans qui se clôt, depuis le premier projet dans l’ex-usine Sandoz (aujourd’hui le Lab’O) en bord de Loire jusqu’à ce complexe : « ce ne fut pas un long fleuve tranquille », a ironisé Serge Grouard. Deux maires (Serge Grouard et Olivier Carré), trois présidents de l’agglomération (Serge Grouard, Olivier Carré et Christophe Chaillou) se sont retrouvés aux commandes du projet. Aujourd’hui retiré de la circulation, Olivier Carré a été le grand porteur du projet. Si son nom a été prononcé du bout des lèvres par l’actuel président, son héritage n’a même pas été cité dans le film introductif. D’ailleurs Olivier Carré était absent lors de l’inauguration, furieux dit-on de n’avoir reçu qu’une invitation électronique. Seule une interview à distance sur France 3 Centre-Val de Loire est venue rappeler que CO ‘Met-Aréna restera le grand projet de ce maire-président déjà oublié de l’histoire orléanaise mais qui aurait peut-être lui aussi mérité un hommage !
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