La députée du Loiret, Stéphanie Rist va présenter sa loi « portant amélioration de l’accès aux soins » en commission. Les deux principaux syndicats médicaux appellent les parlementaires à rejeter cette proposition de loi qui d’après eux est une potion pire que le mal qu’elle veut combattre, entraînant une médecine à deux vitesses.
Par Jean-Paul Briand
Stéphanie Rist, exposera sa proposition de loi (PPL) le 10 janvier prochain devant la commission des affaires sociales dont elle est la rapporteuse générale et où participent également deux autres députés du Centre-Val de Loire, Caroline Janvier et Philippe Vigier. Cette PPL devrait être ensuite discutée en séance publique de l’Assemblée nationale la semaine du 16 janvier 2023.
La députée Loirétaine du groupe Renaissance s’attaque à certains apanages médicaux et propose que l’accès direct des patients soit autorisé à plusieurs professions paramédicales telles que les infirmier(e)s de pratique avancée, les orthophonistes et les kinésithérapeutes. Cette PPL se justifierait car « l’offre de soins médicaux étant insuffisante par rapport aux besoins de la population, il est indispensable de trouver des solutions à très court terme ».
La Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le plus important syndicat polycatégoriel, ne voit pas cette PPL du même œil. Dans un communiqué furibond, ce syndicat considère que « discuter cette PPL devant la Commission des Affaires Sociales en pleines négociations conventionnelles est pour nous une provocation ». La CSMF accuse cette loi de mettre en place une médecine à deux vitesses, « celle de ceux de nos concitoyens qui auront un médecin, celle de ceux qui auront un officier de santé ».
Pour MG France, principal syndicat des généralistes, la proposition de loi de la rhumatologue orléanaise est tout autant rejetée. MG France est en profond désaccord sur l’esprit du texte proposé par Stéphanie Rist. D’après ce syndicat « l’objectif non dissimulé de ce texte est la remise en cause totale du rôle du médecin traitant et du parcours de soin coordonné autour du patient ». Dans son communiqué le syndicat des généralistes dénonce les dangers encourus par les patients si une telle loi était acceptée en l’état avec « des risques évidents de dérives en termes d’orientation du patient, de coordination et de pertinence ». Les responsables de MG France appellent les députés à repousser cette mauvaise loi qui d’après eux entraîne une dérive délétère avec « soins primaires déstructurés, contournement de la fonction de coordination du médecin traitant, téléconsultations délocalisées dans des télécabines ou sur des plateformes lointaines, aboutissant au final à une médecine à deux vitesses ».
Il est remarquable d’observer que cette proposition de loi d’une députée médecin hospitalière réussit à puissamment contrarier deux syndicats médicaux qui n’appellent pas les généralistes à la grève et qui sont des interlocuteurs incontournables pour réussir un accord conventionnel avec la Sécurité sociale…
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