Quatorzième département industriel français, le Loir-et-Cher veut accélérer sa réindustrialisation. Lauréates communes du programme Rebond industriel, les communautés d’agglomération de Blois et du Romorantinais Monestois misent sur une stratégie territoriale d’innovation et le partenariat inter-entreprises.
Par Jean-Luc Vezon
Centré sur les filières automobiles et transports, le programme Rebond industriel a pour but d’accompagner les territoires industriels confrontés aux mutations structurelles. Le Blésois et le Romorantinais sont particulièrement concernés avec des entreprises de pointe dans ces secteurs (Borgwarner, Caillau, Valéo, JTEKT… ) et de nombreuses PME sous-traitantes.
« Le dossier commun de candidature d’Agglopolys et de la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois a été validé à l’issue d’un appel à manifestation d’intérêt de France 2030. Les deux EPCI font partie des neuf territoires retenus en France (1) », s’est félicité François Pesneau, préfet du Loir-et-Cher à l’issue du premier comité de pilotage Rebond industriel réuni le 3 janvier.
Concrètement, les deux territoires vont bénéficier de 150 jours d’ingénierie financés par la Banque des Territoires et d’une enveloppe de subventions et avances remboursables de 2 M€. C’est le cabinet Roland Berger avec la SCET qui vont réaliser ce diagnostic transversal pour repérer de nouveaux projets.
« Ce programme veut anticiper de nouvelles pistes de développement puis générer un effet levier. L’idée est de créer une dynamique d’attractivité territoriale pour l’industrie », a précisé Jean-Baptiste Gueusquin, directeur du programme Territoires d’Industrie qui pilote le projet. Au total Rebond industriel devrait bénéficier à 50 territoires en France.
Quid de l’hydrogène ?
Première société industrielle du département, Borgwarner est particulièrement concernée. L’entreprise blésoise de 1 000 salariés, qui fabrique des injecteurs essence et diesel, est à la croisée des chemins. Les ingénieurs et techniciens de son centre de recherche et développement travaillent d’arrache-pied à la mise au point d’un système d’injection pour moteurs à hydrogène. Un consortium avec trois entreprises le romorantinais Caillau (ressorts), Duncha (tubes et tuyaux haute pression) et l’orléanais John Deer a aussi été créé pour accélérer le développement.
Problème, Borgwarner se heurte aux lobbies du tout électrique alors même que l’hydrogène est un mode de propulsion plus adapté à certains usages comme les transports longue distance ou les travaux publics. Avec, en outre, un impact de la combustion hydrogène quasi nul en termes de CO2.
« L’enjeu en termes d’emplois et de maintien d’un savoir-faire industriel est très important pour le territoire. Borgwarner est déjà accompagné dans ses efforts de recherche mais Rebond industriel peut permettre d’avancer avec d’autres partenaires », a déclaré Marc Gricourt, maire de Blois et 1er vice-président de la région. Ce dernier a aussi annoncé le lancement d’un Cap Transition pour accompagner les entreprises dans leurs transformations environnementale, sociale et numérique.
Travailler sur l’innovation, c’est aussi la volonté du président d’Agglopolys. « 80 % des crédits d’innovation sont consommés par l’Île-de-France. Ce n’est pas une fatalité. Avec Rebond industriel, nos PME pourront développer des projets », a déclaré Christophe Degruelle qui compte sur les capacités d’ingénierie de l’INSA Centre Val de Loire et du futur tiers-lieu innovation à la cantine Poulain pour accompagner l’industrie locale.
(1) Ardennes, Douai, Morlaix, Gers et Tarn-et-Garonne, Vire et Flers, Valenciennes, Nevers et Nord Franche-Comté.
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