Après les « Petites histoires du violon », c’est à l’alto* que Laurent Zakowsky consacre son nouvel ouvrage. De A à Z. Mais loin de vouloir être exhaustif, il nous propose une histoire investie, narrée avec humour souvent, prises de position parfois et ancrages dans un vécu toujours. Ne cherchez pas d’abécédaire, le livre est beaucoup plus riche que cela, et, comme son auteur, mérite le détour.
Par Anne-Cécile Chapuis
Les deux ouvrages de Laurent Zakowsky, et l’un de ses 163 altos. Photo AC Chapuis
« L’alto de A à Z » vient de sortir aux éditions Aedam Musicae, et Laurent Zakowsky en faisait la promotion à la librairie Les temps Modernes à Orléans récemment. Sans emphase, sans apprêt, sans effets spéciaux, c’est tout simplement l’histoire de sa vie que l’auteur présente. Et quelle vie ! Ses origines lettones par son père, marocaines par sa mère, l’épopée des Russes blancs traversée par sa grand-mère, donnent un cadre international à son existence qu’il a pris à bras-le-corps « l’alto, par ce qu’il est, répondait à ma soif de liberté, de création, de recherches, d’expériences ».
Laurent Zakowsky n’est pas avare de ses rencontres, réflexions et « trouvailles » qu’il livre à profusion dans son ouvrage.
Laurent Zakowsky et Sophie Todescato lors de la présentation aux Temps Modernes le 13 décembre 2022. Photo AC Chapuis
Une histoire de rencontres
Ce luthier issu de la célèbre école de Mirecourt et qui a construit 163 instruments à l’heure où il signe son livre, parle du « pouvoir magique de la rencontre avec l’alto », cet instrument à la place bien particulière dans le monde de la musique. En témoignent les vieilles blagues qui fusent régulièrement au sein des orchestres. Et Laurent Zakowsky d’en plaider la cause. L’alto est un mal aimé, un vilain petit canard, certes, mais au contraire du violon qui a ouvert les espaces prestigieux de la lutherie italienne dès le XVIème siècle et a produit le majestueux Stradivarius, l’alto est un être imparfait. Donc, il ouvre toutes les perspectives, l’auteur n’hésitant pas à le considérer comme « le ventre de l’orchestre ».
Jean-Philippe Bardon, professeur au conservatoire et directeur musical des Amis de l’Institut, a fait sonner son alto, construit par L Zakowsky. Photo AC Chapuis
Un rebelle poli
Au-delà des considérations directes sur l’alto, Laurent Zakowsky nous livre ses constats, ses révoltes, son regard critique sur la lutherie ou sur la vie en général. Mais attention, pas de diatribe ni pamphlet. « Je suis un rebelle poli », nous dit-il avec un sourire.
A travers ses écrits, on suit sa trajectoire, son apprentissage à Mirecourt avec Mademoiselle Berger et Mademoiselle Chevrier (cela ne s’invente pas !), ses années à Venise, à Paris ou à Orléans. Il connaît les règles strictes de la lutherie, depuis la construction jusqu’à la terrible loi du marché, mais c’est pour mieux s’en dégager pour la situer dans l’histoire, la grande et la petite, et tous ses méandres.
Le livre se lit comme un roman. Les grandes figures qui y sont évoquées (luthiers, compositeurs ou instruments), parlent à la première personne. Le style, l’écriture très plaisante, les nombreuses anecdotes et références en font un ouvrage de chevet à mettre entre toutes les mains.
*L’alto est un instrument à cordes frottées, plus grave, plus grand et plus épais que le violon, plus aigu, plus petit et plus fin que le violoncelle. L’alto a longtemps été uniquement un instrument d’accompagnement, d’orchestre et de musique de chambre, jusqu’au XXe siècle, période où son répertoire en tant que soliste s’agrandit considérablement. (wikipédia)
Pour en savoir plus sur Laurent Zakowsky
Plus d’infos autrement sur Magcentre :
Le violon, « Un instrument au service de rien ni de personne »
Les Amis de l’Institut d’Orléans: Qui m’aime me suive !