Solidarité, transition, proximité : les trois piliers de la Région en 2023

Les élus régionaux examinent ce jeudi le budget primitif de 1,75 milliard d’euros qui sera voté assez largement. Dans un contexte qualifié de « très haute tension » et avec de nombreuses incertitudes sur les recettes à venir, la Région maintient ses grands engagements et ses investissements. Mais le CESER aurait aimé plus de prudence et des « provisions pour risques » pour prévenir d‘éventuelles difficultés.

Par Jean-Jacques Talpin

Le conseil régional doit valider le budget 2023 ce jeudi. ©Magcentre

« Nous n’avons pas présenté un budget avec un tel taux d’inflation depuis 1985 : c’est dire que le contexte est contraint et bordé d’incertitudes » : pour le président de la Région François Bonneau ce budget qui sera soumis ce jeudi aux votes des élus régionaux est celui de tous les doutes. Certes les grands équilibres sont maintenus, les capacités d’investissements globalement préservées et les grandes orientations définies en début de mandat respectées en grande partie. Mais quel sera le niveau de l’inflation en 2023 ; quel sera l’impact de la hausse des coûts des énergies ; quelle contraction de l’activité envisager ? Autant de questions auxquelles la majorité de gauche ne peut répondre.

« Nous tenons le cap dans la tempête, rassure François Bonneau, même si nous sommes dans le brouillard ». Et il est vrai que des incertitudes pèsent notamment sur le montant de la TVA qui alimente une grande partie du budget et qui est très dépendant de l’activité économique et de la consommation des ménages. Que l’activité se rétracte et c’est une partie du budget qui en est affectée. Optimiste, la Région parie cependant sur une hausse de 4% des recettes de TVA en 2023.

Gratuité des transports pour les 18-25 ans ?

La vision est plus pessimiste sur l’autre grosse recette de la région : la taxe sur les cartes grises dont les recettes ont chuté de 17 millions cette année. Après avoir envisagé une augmentation de cette taxe, la Région a finalement choisi la stabilité à 49 euros par cheval fiscal. 

Face à l’inflation la région répond par l’arme de la solidarité notamment dans l’un de ses principaux champs de compétences : les lycées. Ainsi dans la restauration scolaire alors que le coût des aliments s’est envolé de 12%, les familles ne paieront que 4% supplémentaires, le reste étant pris en charge par le budget régional. De même, pas question de remettre en cause la gratuité des manuels scolaires, les transports scolaires gratuits ou l’aide à l’achat d’ordinateurs. Ou encore, mais cela demeure à l’étude, la gratuité des transports le week-end pour les jeunes de 18 à 25 ans (pour un coût estimé de 8 à 10 millions d’euros). Les investissements scolaires ne souffriront pas de ces surcoûts avec l’ouverture du nouveau lycée Joséphine Baker de Hanches (Eure-et-Loir) et avec le début des travaux (20 millions) du futur lycée de Châteauneuf-sur-Loire. 

Autre priorité régionale : les transports collectifs avec la mise en service avant l’été des 32 nouvelles rames TER après un investissement de 460 millions d’euros. Dans ce domaine, la région travaille à la réactivation des étoiles ferroviaires de Tours et Orléans (où pourrait se greffer la future ligne Orléans-Châteauneuf). Pour le fret ferroviaire un partenariat devrait être trouvé avec l’État et la région Normandie pour la création d’une plateforme logistique de ferroutage à Fleury-les-Aubrais afin d’assurer les liaisons Orléans-Le Havre en supprimant une partie du trafic poids lourds.

Sauver les entreprises en difficulté

Mais ce volet mobilité pourrait être sérieusement impacté par la hausse des coûts de l’énergie que la SNCF veut faire payer à la région : 12 millions en 2022, 30 millions en 2023, des hausses que la région n’entend pas accepter sans livrer bataille. Cette politique de la mobilité est d’autant plus importante qu’elle s’inscrit dans le cadre de la transition énergétique pour laquelle la Région veut se mobiliser à travers la création d’une « agence régionale de l’énergie et du climat » qui verra le jour en mars prochain.

La santé reste également un point central du budget 2023 avec la création de maisons de santé, avec l’ouverture de 182 nouvelles places en écoles d’infirmière et avec la montée en puissance du programme de médecins salariés : 31 aujourd’hui et 60 fin 2023 sur un objectif de 300 à moyen terme.

La Région ne veut donc rogner aucune de ses ambitions. Elle assure l’équilibre de ce budget avec l’emprunt (137 millions) quitte à dégrader légèrement ses ratios financiers et notamment le niveau de l’épargne nette qui permet de financer l’investissement. Le CESER a d’ailleurs poussé un timide cri d’alarme en estimant ce budget trop prudent car « de nombreuses politiques pourraient nécessiter de nouveaux crédits au cours de l’année 2023 alors que les marges de manœuvre sur les recettes semblent réduites ». 
Pour autant, François Bonneau maintient le cap de faire de 2023 « une année de grande ambition ».
Illustration dans le domaine économique, la Région va participer au plan de sauvetage d’Advance Wheels de Châteauroux. Pour sauver cette entreprise de fonte de jantes automobiles en aluminium et ses 160 salariés la région va apporter 5 millions d’euros, dont 2 millions au capital avancés par Centre-Val de Loire investissements la nouvelle société créée par le conseil régional. Une première en France et une belle défense et illustration de l’utilité sociale de l’échelon régional.

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