Orléans parie (enfin) sur la culture !

Le conseil municipal a adopté le budget primitif 2023 qualifié de « gestion en bon père de famille » mais avec deux gros projets d’investissements : la salle des musiques actuelles sur le quartier Interives et l’extension-rénovation du conservatoire. Des projets qui font l’unanimité même s’il reste à les définir précisément.

Par Jean-Jacques Talpin

Le quartier Interives hébergera la nouvelle Salle des Musiques Actuelles. ©OrléansMétropole

C’est un exercice rituel qui se renouvelle chaque fin d’année : le vote du budget primitif est toujours l’occasion d’affirmer sa force : pour la majorité qui présente et soutient toujours un budget « ambitieux et porteur d’avenir » et une opposition qui se veut… opposante en refusant l’exercice budgétaire. La séance du conseil municipal de jeudi soir n’est donc pas sortie de ces rails. Avec au total 205 millions, une dette stabilisée, une épargne toujours disponible et des investissements importants (35 millions d’euros) ce budget à toutes les apparences de la bonne gestion « en bon père de famille ». Alors que la gauche préfère le qualifier de « pépère » comme le regrette Ghislaine Kounowski (PS) qui estime au contraire qu’Orléans est une belle endormie. 
« Vous êtes élu depuis 20 ans, assène l’élue socialiste, quelle politique avez-vous menée pour projeter la ville dans le futur.
 Il y a un manque d’anticipation, un manque d’investissements et d’ambition ». Une critique relayée par Dominique Tripet (PCF) qui dénonce la faiblesse de la politique sociale tout comme par Baptiste Chapuis (PS) qui renouvelle ses propositions sociales : distribution de bons alimentaires sur les marchés, expérimentation de l’opération « territoire zéro chômeur », création d’une mutuelle santé communale.

Un exemple français ?

De son côté Jean-Philippe Grand (EELV) préfère critiquer la politique environnementale menée dans les écoles : « Orléans ne prend pas sa part dans la lutte contre le dérèglement climatique ; on est loin des enjeux ». Des critiques qui glissent évidemment sur le dos de la majorité. « Dans le contexte actuel, c’est un tour de force, explique Serge Grouard, de proposer un budget en équilibre et sans augmenter les impôts. Nous sommes une des rares villes de France à stabiliser la fiscalité sans gonfler la dette ni réduire les investissements. C’est le fruit d’une gestion extrêmement rigoureuse et prudentielle ». 
Pour enfoncer le clou, ses lieutenants Michel Martin et Florent Montillot (UDI) rappellent que la situation est différente dans les villes de gauche :
 hausse de 15% de la taxe foncière à Tours et doublement de cette même taxe à Paris. Et cela tout en oubliant de préciser que, même en doublant, le taux de la taxe foncière sur les propriétés bâties à Paris atteint 20,5% contre plus de 48,37% à Orléans.

Il est un point qui réjouit la gauche et fait l’unanimité du conseil municipal : la culture qui représente selon l’adjoint William Chancerelle 17% du budget. Certes Orléans n’a pas brillé depuis le début de ce mandat Grouard avec les initiatives culturelles : abandons des festivals de jazz, des « Voix d’Orléans », du projet des Vinaigreries, de la Cité de la Musique. Ludovic Bourreau (indépendant) ne manque d’ailleurs jamais une occasion de rappeler ces abandons et « l’absence de politique ambitieuse pour les arts plastiques » en proposant une nouvelle fois la création d’une « galerie d’art municipale ».

Un équipement « novateur, pilote et témoin »

Cette fois pourtant le budget 2023 marque une véritable inflexion culturelle avec des investissements importants pour la rénovation et l’extension (dans d’anciens bâtiments de la Caisse d’Épargne) du Conservatoire mais aussi la réhabilitation de Saint-Pierre-le-Puellier. Mais c’est d’abord le projet de SMAC (Salle des Musiques Actuelles, ou Astrolabe 2) qui représente la plus belle avancée avec le lancement effectif du projet qui s’installera dans le nouveau quartier Interives à Fleury dans ou à côté des anciens bâtiments de la Seita avec son toit en sheds. « Cela fait 12 ans qu’on en parle »ironise Ghislaine Kounowski alors que Serge Grouard met en avant « la belle coopération intercommunale avec Fleury », histoire de faire oublier les couacs dans la gestion des handballeuses de Fleury. 

Le projet, ni les délais (2025 ?) ni le financement ne sont encore précisés. Pourtant l’ambition présentée jeudi soir est prometteuse : « il s’agira de créer un équipement non seulement novateur, mais pilote, témoin et acteur contemporain du renouveau culturel, artistique et urbain auquel nous assistons actuellement : un lieu dédié aux musiques actuelles, attentif aux arts émergents et aux pratiques des publics, organisé autour de 4 axes fondamentaux : la diffusion, la création, la structuration et la transmission ».
Un
 nouvel équipement aux enjeux divers avec « une scène de musiques actuelles d’une génération nouvelle, un lieu transdisciplinaire, lieu de diffusion et de création des cultures émergentes, un lieu de vie favorisant la mixité des publics, ouvert à tous et favorisant les pratiques artistiques qu’elles soient organisées ou spontanées, un lieu modulable, agile et inscrit dans son environnement favorisant des formats de diffusion multiples, un lieu populaire en adéquation avec les attentes et les besoins de sa ville et de ses habitants ».
De bonnes intentions qui ont réjoui les élus municipaux ravis de ce cadeau de Noël…

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans, la culture dans le ventre mou du budget

Commentaires

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  1. Le titre de cet article dit tout car l’expression ” parler sur ” est utilisée pour signaler un comportement où l’on utilise quelqu’un quelque chose pour parler d’autres(s) chose(s) , “on parle sur le dos de …” image cette expression.
    La question que pose cette phrase est de savoir si le journaliste a voulu malicieusement nous transmettre un message signifiant que les élus municipaux utilisent le domaine culturel comme un marche pied, un prétexte, une feuille de vigne! pour pouvoir montrer combien ils sont attachés à surtout ne rien faire tout en disant qu’ils sont tous pour plus de culture.
    OU bien a-t-il lui-même été victime de ces élans oratoires qui visent à noyer le poisson, s’asseoir dessus (la culture pas le poisson) et a juste écrit sur au lieu de ?

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