Orléans : Jean Bardin (enfin) honoré au Musée des Beaux-Arts

Jusqu’au 30 avril 2023, le Musée des Beaux-Arts d’Orléans met à l’honneur le peintre et dessinateur Jean Bardin (1732-1809). Un hommage mérité pour ce (presque) inconnu qui fut le premier directeur de l’école des Beaux-Arts de la ville, et l’inspirateur de son Musée.

Par Jean-Luc Bouland

Frédéric Jimeno présente l’exposition. Il assurera une conférence sur le sujet le 7 janvier 2023. Photo JLB

“Pars à la découverte du peintre Jean Bardin, 1er directeur de l’Ecole de dessin d’Orléans. Il participe au sauvetage d’œuvres d’arts pendant la révolution française et à la création du premier musée d’Orléans. Découvre la carrière d’un dessinateur, ses techniques, et les sujets représentés dans ses œuvres du XVIIIe siècle“. Le livret de visite disponible à l’entrée du Musée des Beaux-Arts d’Orléans, destiné au public âgé de 8 à 12 ans, donne déjà le ton, avant que les aînés cherchent à approfondir le sujet avec le livre-catalogue (1).

Une mise en lumière nécessaire

Une illustration du talent de dessinateur de Jean Bardin – Photo JLB

Présentée depuis le 3 décembre et jusqu’au 30 avril 2023 au Musée des Beaux-Arts, l’exposition intitulée “Jean Bardin, le feu sacré” a bien une double ambition : nous faire (re)découvrir un acteur essentiel dans le développement de la vie culturelle orléanaise depuis plus de deux siècles, et remettre en lumière un artiste trop méconnu à l’échelon national. Olivia Voisin, la conservatrice du Musée, n’a pas manqué de le dire ce 2 décembre en ouvrant en avant-première les portes de cette exposition temporaire à un public de connaisseurs : “plutôt qu’une énième exposition consacrée à Manet, mieux vaut être initiateur, et montrer des artistes malheureusement trop méconnus. C’est notre rôle“. Un rôle partagé pour l’occasion avec Frédéric Jimeno, qui travaille depuis de nombreux mois sur le sujet pour offrir ce résultat, entre recherches, collecte d’oeuvres dans le monde entier et parfois non identifiées, et moultes négociations avec leurs propriétaires, notamment à Valbonne, pour la série phare “les 7 sacrements”.

 “Le Musée des Beaux-Arts d’Orléans continue son travail de mise à l’honneur des grands hommes qui ont écrit l’histoire artistique de la ville aux côtés de Desfriches. Avec Jean-Baptiste Perroneau en 2017 et Jean-Marie Delaperche en 2020, c’est au tour de Jean-Bardin de retrouver sa place dans l’histoire de l’art“, précise Olivia Voisin, en saluant le travail de Frédéric Jimeno “qui a permis de réunir l’oeuvre du peintre et dessinateur“. Arrivé à Orléans en 1786 comme premier directeur de l’école de dessin, Jean Bardin avait déjà une réputation de grand artiste contemporain, consacrée par son Grand prix de Rome obtenu en 1765 en incarnant “le renouveau pictural”. Né en 1732, consacré en 1765, agréé à l’Académie en 1779, il décédera à Orléans en 1809, après s’être impliqué dans la révolution française, aux côtés de son gendre le sculpteur et chef d’entreprise Pierre-François Mollière.

Peintre et dessinateur reconnu

La présentation des 7 sacrements – Photo JLB.

L’ensemble de l’exposition présentée au sous-sol du Musée des Beaux-Arts, outre les détails sur la vie personnelle de l’artiste et ses liens étroits dans la dernière partie de sa vie avec l’histoire de la ville, montre surtout, dans une scénographie sobre et esthétique, tout le talent de l’artiste, sa maîtrise des techniques, son souci des détails et des couleurs tout autant que sa capacité à représenter au-delà du réel. Il sut même intégrer des personnages de sa vie intime, quand il ne se représentait pas lui-même, dans des tableaux grand format consacrés à la mythologie, ou à l’histoire religieuse, tels les “7 sacrements”, considérés comme son œuvre majeure, auxquels il consacra dix ans de sa vie.

Ces 7 sacrements, qui constituent le cœur de l’exposition, ont été réalisés entre 1780 et 1790 pour la Chartreuse de Valbonne, et donc réalisés en partie en parallèle de son activité à l’école d’Orléans, où il fut admis comme directeur en 1786. Ce cycle, précise Frédéric Jimeno, “qui a connu par la suite les vicissitudes de l’histoire“, est aujourd’hui montré presque pour la première fois, grâce à la Communauté du Chemin neuf, qui occupe la Chartreuse depuis 2012, et “qui a permis que ces sept tableaux monumentaux reviennent en France pour être vus du public“.

6 des 7 sacrements de la chartreuse de Valbonne. Le 7e est sur le mur opposé. Photo JLB

L’intérêt de cette exposition est incontestable, le travail de l’artiste, comme peintre et comme dessinateur, par la précision du trait et le souci du détail, est exceptionnel. Il devrait encore en inspirer plus d’un, confirmant la judicieuse inspiration du conseil municipal d’Orléans qui lui confia la première direction d’une école qui, en 2022, moins de 240 ans après, tient toujours ses promesses.

Nul doute qu’en 2025, pour les 200 ans de l’inauguration officielle du Musée dans sa forme définitive, sa mémoire sera encore dans les esprits, et ses oeuvres sur les murs.

(1) :Jean Bardin (1732-1809), le feu sacré” – 304 pages – 193 illustrations  – 38€. Auteurs : Jean-Louis Ducoing, Corentin Dury, Marie Fournier, Christine Gouzi, Frédéric Jimeno, Mehdi Korchane, Nicolas Lesur, Olivia Voisin. C’est la première monographie consacrée à Jean Bardin.

Plus d’infos autrement : Musée des Beaux Arts: le XVIIIe, le siècle d’or d’Orléans

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