ESOPE, la bouée de sauvetage alimentaire du Campus d’Orléans

Mardi 29 novembre, l’épicerie solidaire ESOPE a ouvert ses portes aux étudiants en situation de grande précarité. Admissibles sous conditions de ressources, ils pourront y trouver des produits à très bas prix dans un contexte tendu lié à l’inflation.

Par Mael Petit

La caisse est tenue par des bénévoles au service des étudiants. ©Mael Petit

Des files d’étudiants interminables devant les centres de distribution alimentaire, des jeunes qui sautent des repas ou des produits trop chers pour se retrouver dans l’assiette. Ajouté à cela une inflation – 6,2% en octobre – qui progresse ces dernières années. Les étudiants sont en première ligne et donc en proie à une précarité galopante. Alors quand la débrouille ou les privations atteignent leur limite, la création de structures comme ESOPE est perçu comme une main tendue salutaire sur le chemin de la précarisation.

Bientôt 200 inscrits, autant en attente

L’épicerie solidaire ESOPE est un projet né des conséquences de la crise du COVID qui a mis au jour la grande précarité étudiante. Après Bourges et Clermont-Ferrand, Orléans est la troisième ville à héberger une structure de ce modèle. Restait à trouver un local proche du campus universitaire. Finalement la mairie a mis à disposition un gymnase sur l’avenue de Montesquieu. L’épicerie est destinée à tous les étudiants de l’agglomération orléanaise fréquentant un établissement de l’enseignement supérieur. « On souhaite soulager les finances et le moral des étudiants qui font face à l’explosion des factures », explique Benoît Delmotte, responsable de l’association.

Pour faire leurs courses chez ESOPE, les étudiants doivent d’abord remplir un dossier d’inscription en ligne qui sera étudié par la structure. « La validation de dossier est conditionnée à un plafond de ressources. Après calcul, le reste à vivre ne doit pas dépasser les 350 euros, indique Sonia Walter gérante de l’épicerie. Deux jours après l’ouverture nous en étions à 180 inscrits et autant en attente ». Preuve s’il en fallait que la situation des étudiants est préoccupante.

Du côté d’Esope, on se veut transparent et surtout à l’écoute. Alors chaque choix est expliqué. « Il peut arriver qu’un dossier soit mal complété ou notre décision incomprise. Notre rôle est de les accompagner et dialoguer, ce qui peut aboutir à des solutions positives. On encourage les étudiants à ne pas hésiter à remplir un dossier ! ». 

Chez ESOPE, les étudiants bénéficient d’un bon choix de fruits et légumes. ©Mael Petit

10 à 20 % des prix en supermarché 

Côté rayons, l’offre en produits est déjà bien fournie. Des denrées essentielles aux produits d’hygiène ou d’entretien, les étudiants peuvent y trouver de quoi remplir leurs placards et leur frigo sans problème alors que les surgelés devraient bientôt être en vente. L’épicerie s’est rapprochée de la banque alimentaire du Loiret et de l’association Dons Solidaires pour bénéficier d’un choix varié tout en proposant des prix cassés (10 à 20 % des prix affichés en supermarché).

Pour les étudiants qui passent en caisse, la surprise est totale. « Je sens l’inflation dans mes dépenses mais ici j’ai pu remplir mon sac. Et j’ai même pu me faire plaisir sur certains produits », se réjouit Thomas en voyant son ticket de caisse passer de 32e en supermarché à 7e chez ESOPE. Pâtes, œufs, huile, pâté ou encore des céréales… de quoi en avoir pour plusieurs jours.

« On essaye d’avoir de tout pour que les étudiants évitent de se rendre dans un supermarché classiquesouligne Sonia Walter, l’ambition à terme est de proposer un maximum de produits issus de circuits courts. Une évidence puisqu’il y a tout ce qu’il faut en Centre-Val de Loire ». Pour le moment, ESOPE collabore avec Le potager de Marianne, un chantier d’insertion qui récupère les invendus en fruits et légumes sur le marché de Rungis. Même si des contacts ont déjà été établis avec plusieurs producteurs locaux.

Des produits d’hygiène féminine, dont des culottes menstruelles sont vendus à des prix très bas. ©Mael Petit

Poursuivre ses études dignement 

Esope, qui compte deux volontaires en service civique ainsi qu’une vingtaine de bénévoles, se veut plus qu’une simple épicerie. A l’avenir la structure a donc pour ambition d’aménager un espace d’échange avec une cuisine et une grande table, autour de laquelle « s’organiseront des conférences sur la gestion de budget ou encore des ateliers sur la cuisine. Avec déjà plus de 30 nationalités différentes parmi les inscrits, nous voulons créer une communauté, que les étudiants s’approprient le lieu, détaille Benoît Delmotte, et s’ils éprouvent le besoin de se confier sur leur quotidien, on souhaite jouer un rôle de prescripteur vers des structures d’écoute à la personne dont c’est le métier ».

Tisseur de lien social, ESOPE affiche donc la volonté d’accompagner les étudiants dans leurs études, avec l’ambition de les valoriser. « Ils sont contents de payer des produits, ajoute Sonia Walter, faire les courses soi-même est une démarche importante à leurs yeux. Cela donne le sentiment de vivre décemment ». Pour ensuite avoir comme seule préoccupation la réussite de ses études. Ce qui devrait être une vie normale d’étudiant finalement.

ESOPE Orléans, 6 avenue de Montesquieu

Ouvert du mardi au vendredi de 14h30 à 18h30 et le samedi de 10h30 à 16h

Inscriptions pour les étudiants sur esopeorleans.fr

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Commentaires

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  1. Dans quelle mauvaise (c’est euphémisme) fable sommes nous ? qui n’a pas été écrite par Esope, pour que des êtres humains jeunes , désireux d’apprendre et de devenir des membres actifs de la société humaine soient obligés de mendier leur nourriture et qui plus est d’accepter de prouver qu’ils en ont besoin.
    Ni Esope, ni La Fontaine (qui s ‘inspira beaucoup d’Esope ) n’auraient pu imaginer cela. Aucune de leurs fables (histoire inventée) ne décrit une telle situation pour une raison très simple c’est qu’il ne s’agit pas là d’une fiction ,d’une invention mais d’une triste réalité où même des jeunes gens sont victimes de l’avidité et de l’égoïsme d’une ultra minorité de très riches.

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