A l’issue d’un mois de novembre, mois de l’ESS oblige, chargé en événements sur toute la Région, cette conférence régionale de l’économie sociale et solidaire, ouverte ce vendredi par le Président François Bonneau et suivie par le vice-président à l’ESS, Jérémie Godet et Anouk Lavaure, nouvelle directrice de la DREETS, était l’occasion pour les participants de réfléchir collectivement à la construction de l’économie sociale et solidaire en Région. Deux thèmes au menu de cette année : la question foncière et un après midi d’atelier autour de la coopération avec les collectivités et les entreprises du secteur marchand.
Bilan à chaud de cette journée avec Caroline Dumas, directrice de la Chambre de l’Economie sociale et solidaire Centre-Val de Loire, organisatrice de cette journée.
Propos recueillis par Gérard Poitou
Magcentre : Quelles étaient vos attentes pour cette quatrième CORESS ?
Caroline Dumas La CORESS est vraiment devenue le rendez-vous annuel de l’ESS, pour partager les expériences et tisser des liens de coopération. Maintenant il nous
faut encore progresser, comme le soulignait le vice-président de la Région, pour être à l’équilibre entre acteurs de l’ESS et représentants des collectivités. Bien sûr les entreprises et les entrepreneurs classiques sont aussi les bienvenus. On a besoin que cette CORESS annuelle devienne un espace de dialogue et d’hybridation entre les politiques publiques et le développement de l’ESS en Région.
Magcentre : La Région a clairement inscrit l’ESS dans sa stratégie de développement économique: c’est important ?
Caroline Dumas C’est essentiel car c’est la Région qui porte la compétence économique et c’est avec la Région que se travaillent les questions d’aménagement du territoire mais aussi les questions de transition écologique et énergétique. Que la Région confirme la place de l’ESS dans son nouveau schéma de développement économique comme étant un marqueur de transversalité et de résilience, c’est un pas de plus de gagné en terme de reconnaissance.
Magcentre : Dans son introduction, le vice-président en charge de l’ESS liait ESS et lutte pour le climat, qu’en pensez-vous ?
Caroline Dumas C’est tout à fait pertinent ! Ça confirme que l’économie sociale et solidaire et la transition écologique sont des alliées naturelles puisque l’ESS, ce sont des citoyens qui cherchent à apporter des réponses à leur quotidien. Aujourd’hui notre quotidien est impacté par ce défi de la transition écologique et énergétique. Ce n’est pas d’aujourd’hui, ça fait déjà quelques années que l’économie sociale et solidaire innove et apporte des solutions notamment en matière d’économie circulaire avec le développement par exemple des recycleries et ressourceries.
Magcentre : La matinée a abordé la question du foncier dans l’ESS, c’est une problématique nouvelle ?
Caroline Dumas On s’est aperçu qu’il manque des outils importants pour les entreprises de l’économie sociale et solidaire dans le domaine de la gestion foncière. Il nous faut questionner la propriété, son approche capitaliste dans le cadre de l’ESS. Nos projets prennent vie dans des lieux parce que l’on a besoin de se rassembler, de se retrouver avec une certaine pérennité des projets. Donc on questionne ce rapport au foncier, avec une illustration ce matin, la foncière solidaire Villages vivants, mais il y en a d’autres. On constate dans ces projets qu’encore une fois des citoyens inventent des solutions qui répondent à leur besoin.
Magcentre L’après-midi était consacré au thème de la coopération ?
Caroline Dumas C’est un mot clef, la coopération entre les acteurs de l’ESS et les entreprises classiques et les collectivités est indispensable au développement de l’ESS. Là aussi, il va falloir inventer car on ne construit plus des projets seul. Comme le disait un député d’Indre-et-Loire la semaine dernière à Tours, on ne parle plus de concurrence mais de coopération, même si parfois il peut y avoir concurrence dans l’activité. On a vu des entreprises traditionnelles venir à notre rencontre pour apprendre cette culture de la coopération, on est là sur des vraies questions de culture entrepreneuriale. La coopération permet de surmonter un certain nombre de difficultés grâce à la capacité d’innovation sociale qu’elle apporte.
Magcentre : L’ESS est donc créatrice de valeurs ?
Caroline Dumas C’est vraiment essentiel comme l’a souligné le vice-président de la Région en charge de l’ESS ce matin. Il souhaite que l’on reconnaisse la capacité transformatrice de l’économie sociale et solidaire notamment par sa capacité d’innovation sociale. Il a ainsi pointé du doigt la question pour les acteurs de l’ESS d’avoir le temps de réfléchir, d’intellectualiser, de capitaliser ces processus d’innovation qui répondent aujourd’hui à des enjeux sociétaux fondamentaux : c’est la création de valeurs de l’ESS, une chaine de valeurs qui n’est pas que monétaire, qui ne rentre pas dans le PIB mais qui est cette valeur humaine dont les acteurs de l’économie sociale sont si riches.