« Girls and Boys », un texte d’une très grande sensibilité au Bouillon à la Source

Tranches de vie, tranches d’amour, tranches de drame. C’était cette semaine dans un seul en scène où l’émotion submerge la comédienne.

Par Bernard Thinat

Le CDN d’Orléans s’était expatrié cette semaine chez les étudiants du Bouillon, belle salle de spectacles au sein de l’Université d’Orléans à la Source. Jolie réussite dans la mesure où de nombreux étudiants garnissaient les gradins. On sait que les « nordistes » répugnent à se déplacer à la Source, tous les prétextes sont avancés, bons ou mauvais. Dommage car le déplacement en valait la peine, même s’il ne restait finalement que très peu de sièges vides.

Dennis Kelly, auteur britannique contemporain, est très prisé aujourd’hui par les metteurs en scène anglais et français. On a pu au CDN d’Orléans, voir en 2021, « Orphelins » ou en 2016, « l’abattage rituel de George Mastromas ». Il parle de l’être humain qu’il dissèque dans ses réactions émotives, un meurtre raciste dans « Orphelins », ou familial dans « Girls and Boys ».

Sur le plateau, quatre sièges à gauche et des panneaux coulissants au fond que l’actrice, seule en scène, déplacera faisant par moments apparaître une entrée d’appartement, table basse et chaise. Elle, c’est Bénédicte Cerutti qu’on avait vue dans un Soli du CDN, il y a deux ans. Grande, mince, jean et maillot qu’elle recouvrira plus tard d’une chemise à rayures, elle nous livre ce texte, plein d’humour au début, racontant la vie sexuelle de cette femme, tombant amoureuse d’un homme dans une file d’attente d’un aéroport, le couple aura deux enfants, puis la monotonie s’installe, la femme veut divorcer, et c’est là que le drame survient, celui qu’on peut lire dans les faits qu’on qualifie de divers, drame épouvantable, incompréhensible. Sa voix s’affaiblit peu à peu, chuchotements parfois presque inaudibles, seuls quelques mots nous permettent de suivre, tant l’émotion la submerge. Puis, elle reprend force, parce qu’il faut bien vivre après.

Mise en scène d’une grande sobriété de Chloé Dabert, Directrice artistique du CDN de Reims, et jeux de lumières très justes, provenant de l’arrière du plateau. Avec un texte aussi riche que celui de Dennis Kelly, point ne faut trop d’artifices, les mots se suffisent à eux-mêmes.

Centre Dramatique National d’Orléans

Plus d’infos autrement: Au CDN d’Orléans, avec « Bros », Castellucci secoue les consciences

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