Un an après avoir acté l’élaboration d’un schéma des mobilités à l’échelle de son territoire, le département dévoile l’esquisse de son travail qui sera présentée les 8 et 9 décembre lors de la prochaine session départementale. La volonté est de désengorger les axes routiers, notamment en incitant les Loirétains à se mettre au vélo ou privilégier l’usage de transports collectifs.
Par Maël Petit
Dans le cadre de son schéma des mobilités, le département veut inciter les Loirétains à utiliser le vélo. ©Magcentre
« Nous souhaitons offrir à chaque Loirétain la possibilité de choisir son mode de déplacement », mais si vous pouviez laisser votre voiture au garage, ce serait mieux. Le vice-président aux mobilités et à l’aménagement du territoire Hervé Gaurat la joue édulcoré alors on vous fait la lecture de ce nouveau schéma des mobilités. Beaucoup d’idées, souvent ambitieuses sur le papier. Mais conditionnées au bon vouloir des Loirétains et à la collaboration des collectivités territoriales. La population des zones rurales est-elle prête à monter sur un vélo ou recourir aux transports en commun pour se déplacer et participer à la décarbonation du territoire souhaitée par son vice-président ? En tout cas, il y croit si on s’en fie à son enthousiasme affiché lors du dévoilement de son schéma.
Un réseau de pôles de services interconnectés
La carte résulte de plusieurs mois de travail avec comme point de départ une enquête réalisée auprès des Loirétains. En composant avec les doléances des internautes, le département a imaginé un réseau de points nœuds multimodal proposant un panel de services connectés entre eux par des liaisons multi-mobilités. L’objectif est de proposer à chaque Loirétain un pôle de services à moins de 15 km de son domicile, dans lequel il trouvera tous les outils de mobilités décarbonés ou partagés.
L’offre sera complétée par la présence de conseillers en mobilité pour aiguiller les usagers dans leurs démarches. Des abris vélo sécurisés, des ateliers de réparation pour vélos ou encore la location de véhicules seront mis à disposition, accompagnés de bornes de recharge électrique.
Le département souhaite ainsi faire de ces centres de services des carrefours de mobilité où se connecteront usagers de transports en commun, covoiturage, cyclistes, voire voyageurs en train si le lieu héberge une gare. Ce maillage territorial nécessitera un budget annuel de 7M €, le tout sur 15 ans, soit un total de plus de 100M € d’ici 2037.
Nouveau schéma des mobilités du département du Loiret. ©Dep
Vélo, covoit’ et transports collectifs
Dans sa présentation, le département met en avant deux types de mobilité. Tout d’abord la douce, représentée par un réseau cyclable sécurisé et efficace. Puis celle dite partagée, illustrée par le développement du covoiturage et des transports en commun sur le territoire.
Côté vélo, le département voit grand. Alors il envisage la création de plus de 1 300 km de voies cyclables pour relier ses nœuds multi-modaux. Des pistes cyclables seront créées entre Orléans – Pithiviers – Le Malesherbois (60 km à aménager), Pithiviers – Montargis (44km à aménager) et Orléans – Gien – Briare (63km à aménager), ce qui constituera les liaisons cyclables structurantes du réseau. Ces axes sont censés encourager les collectivités à aménager un réseau secondaire avec le soutien du département, « car en agglomération c’est de la compétence des communes ou des intercommunalités », prévient le président du département Marc Gaudet. Le Loiret souhaite aussi mettre l’accent sur la desserte de bassins d’emplois comme la centrale nucléaire de Dampierre ou la base aérienne de Bricy.
Pour le covoiturage, le département souhaite le développer pour inciter les travailleurs à y recourir. Ainsi des aires de covoiturage seront aménagées à raison de deux par an pour désengorger le réseau routier. Si plusieurs aires ont déjà été identifiées, certaines d’entre elles doivent être réaménagées pour augmenter leur capacité ou améliorer leur visibilité.
Concernant les transports en commun, il faudra dialoguer avec la Région
Toujours dans l’idée de diminuer l’usage de la voiture, un renforcement des transports en commun est vivement souhaité par le département. Mais pour cela, il lui faudra composer avec la Région.
C’est le cas du réseau de transport Rémi que le département souhaite voir intégré dans son schéma des mobilités. Accroissement du nombre de lignes, réduire les zones blanches privées de transports collectifs… A voir l’échange de regards et les sourires synchronisés de Marc Gaudet et Hervé Gaurat au moment d’évoquer l’efficacité du réseau géré par la Région, pas sûr que le dialogue sera limpide.
Dans le viseur également, les lignes ferroviaires désaffectées du territoire dont certaines pourraient servir de pistes cyclables, notamment le tronçon entre Sully-sur-Loire et Cerdon. La liaison Neuville-aux-Bois – Orléans a aussi été évoquée pour l’expérimentation d’une navette autonome de 80 places « même s’il reste encore un peu de fret qui circule sur cette voie. Il faudra donc se mettre d’accord avec la SNCF », tempère Hervé Gaurat. Enfin la ligne Châteauneuf-sur-Loire – Orléans a aussi été mentionnée, elle qui suscite l’incompréhension du département devant le manque de progression de la Région sur ce projet.
En tout cas, Hervé Gaurat est convaincu que toutes ces pistes « ont leur place dans ce maillage, mais il faudra voir avec la Région et l’ensemble des collectivités. Le département est plus proche des prérogatives des Loirétains que ne peut l’être la Région, souligne-t-il, nous sommes donc pilote dans ce projet, à voir si les autres souhaitent nous suivre ». Le département renvoie donc la balle et met face à ses responsabilités ses partenaires de jeu.
Le menu est costaud, ambitieux même. Mais encore faudra-t-il trouver une synergie avec tous les acteurs du territoire pour ne pas voir une partie du projet capoter.
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