Stop ou encore pour la Corrida en France ?

Le 24 novembre 2022, les député.e.s doivent voter ou non la proposition de loi d’Aymeric Caron qui entend mettre fin à la corrida dans le Sud de la France. Pour appuyer son texte, des associations et des partis politiques se sont mobilisé.e.s ce samedi 19 novembre 2022 dans toute la France, notamment à Orléans.

Par Sophie Deschamps 

Action Stop Corrida à Orléans place du Martroi ce 19 novembre 2022. Photo Sophie Deschamps

Des actions anti corrida ont eu lieu ce samedi dans une quarantaine de villes de France, y compris dans celles où cette pratique est interdite comme Orléans (voir encadré). L’objectif des associations défendant la cause animale et des partis politiques, essentiellement Les Insoumis et les Verts, est de mobiliser le public en lui faisant signer une pétition (autour de 800 recueillies à Orléans) afin d’inciter les député.e.s à adopter
le projet de loi du député Insoumis Aymeric Caron le 24 novembre 2022 à l’Assemblée Nationale. 

Ce texte est aussi l’occasion pour les associations d’expliquer dans la rue pourquoi elles veulent porter l’estocade à la corrida. Pour Raphaël Legros, référent L214 dans le Loiret,
« L214 est une association qui est tournée vers les animaux d’élevage à des fins alimentaires. Or, la corrida implique l’élevage d’animaux destinés à être tués lors de spectacles. C’est pourquoi L214 rallie l’objectif d’abolition de la corrida parce que c’est un acte monstrueux. En fait, la corrida est déjà interdite par la loi donc il s’agit juste de changer l’article qui fait que certains départements peuvent continuer à pratiquer ce spectacle mortifère parce que c’est une tradition ininterrompue, ce qui est un argument fallacieux et un peu faible ».

image choc de L214 présentée au public le 19 novembre 2022 pour l’abolition de la corrida. Photo Sophie Deschamps

Pour Edna Herscovici, présidente d’Info Végane Orléans se réjouit de la proposition de loi d’Aymeric Caron. Pour elle non plus l’argument de la tradition ne tient pas : « Je ne pense pas qu’infliger des supplices à un animal ou à un homme qui plus est innocent puisse être considéré comme un art. On peut toujours affubler de terme de culture ou d’art toutes les pratiques que l’on veut défendre. La tauromachie est une culture de la mort et du supplice. Bien sûr, les défenseurs de la corrida se placent du point de vue du toréador dont ils vantent le courage et la bravoure.

« On ne se place jamais du côté du taureau »

Et d’évoquer l’envers du décor des écoles taurines : « Dans ces écoles, des enfants de 10 ans, parfois moins, apprennent à tuer et torturer des veaux. Et bien sûr, on se place toujours du côté du torero, jamais du côté du taureau. J’ai entendu le 17 novembre sur France Inter l’interview du jeune torero nîmois El Rafi, star de 23 ans qui a expliqué que sans la mise à mort du taureau, la tauromachie perdrait tout son sens parce que c’est le point final d’une œuvre et plus tard qu’il refuse de caresser le taureau par respect pour l’animal. C’est hallucinant ! On marche sur la tête, il y a tout à déconstruire. Mais malheureusement beaucoup de personnes sont indifférentes vis-à-vis de la corrida ».

Image insoutenable de One Voice d’un taureau juste avant sa mise à mort présentée à Orléans ce 19 novembre 2022. Photo Sophie Deschamps

De fait, de nombreuses personnes n’ont jamais assisté à une corrida. Isabelle Taillandier, membre de One Voice et du Comité Radicalement Anti corrida CRAC a étudié en détail le déroulement d’une corrida : « Le taureau de toute manière, il est sacrifié, il ne gagnera jamais ! Ce n’est pas un combat équitable. Parce qu’avant d’entrer dans l’arène, il est déjà torturé dans le toril. Par exemple, on lui enfonce des bouts de bois dans ses sabots pour le faire boiter, on lui met des lourds sacs de sable sur le dos, on lui pique les testicules, on lui injecte de l’encre de Chine dans les yeux, je l’ai vu ça, pour l’aveugler, on lui lime les cornes à vif, bref tout est fait pour le blesser, l’affaiblir, mais aussi le rendre furieux pour lui donner l’image d’un fauve.

Une fois dans l’arène, son calvaire commence. C’est d’abord la pique du picador, qui est à cheval. Le but est de lui sectionner les muscles du cou pour lui faire baisser la tête et soi-disant afin d’éprouver sa bravoure. Ensuite, il subit les banderilles, six en tout sur ses flancs qui le fatiguent et lui font perdre beaucoup de sang. Enfin, le torero arrive et fait des petites passes avec sa muleta avant de le mettre à mort avec son épée de 20 centimètres de long, ce que l’on appelle porter l’estocade mais ça le tue rarement la première fois. Parfois, il est aussi achevé avec un poignard, la puntilla, qui touche le bulbe rachidien. Autant dire que le taureau n’est jamais gracié ».

Par ailleurs, Isabelle Taillandier explique que la corrida survit grâce aux subventions publiques : « Les écoles taurines touchent de l’argent des territoires taurins : régions, départements, mairies, sans que la population soit forcément au courant. Cette aide peut aller jusqu’à 20 000 voire 30 000 euros par an ».

Pour le vote ou non de la loi d’Aymeric Caron, rendez-vous le 24 novembre 2022. Toutefois, les anti-corrida craignent que ce texte qui n’est placé qu’en quatrième position dans l’ordre du jour de l’Assemblée nationale ne soit victime d’une obstruction parlementaire et reporté aux calendes… grecques. 

Pour aller plus loin, le livre de Christian Laborde, Corrida, basta ! (Robert Laffont)

74% des Français sont favorables à l’abolition de la corrida.

Plus de 1000 taureaux sont mis à mort chaque année dans les arènes de France.

La corrida est interdite en France pour le motif de « sévices graves et actes de cruauté perpétrés envers les animaux » SAUF dans 11 départements du Sud (l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur) au motif de « traditions locales ininterrompues ».

En Espagne, pays où est née la corrida, celle-ci a été interdite en 2010 en Catalogne, mais elle a été déclarée « Bien d’intérêt culturel » le 12 février 2013 par le Parlement espagnol.

Elle pourrait très prochainement cesser dans de nombreux pays d’Amérique du Sud et notamment au Mexique où elle a déjà disparu dans 5 états sur 31.

 

 










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Commentaires

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  1. Merci de rappeler la cruauté de cette activité qui m’inspire un profond dégoût.
    Art, tradition, honneur ?? Franchement, honte à ceux qui arpentent encore à notre époque les arènes, applaudissent et se délectent de la mise à mort d’autrui.

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