Dominique Delajot et Erick Mengual ont, par hasard, fait une expo commune voilà quelques années à Neuilly-en-Sancerre. Quatre ans plus tard, et une autre présentation ensemble, les deux compères sont de nouveau associés durant les deux prochains week-ends. En l’espace PITA de Bourges, on pourra contempler leurs Empreintes pendant quatre jours.
Par Fabrice Simoes
Ils se sont rencontrés dans les Jardins de Marie à Neuilly-en-Sancerre lors d’une expo en parallèle qui s’est mue, l’an passé, déjà à Bourges, en une expo de duelliste. Au creux de l’espace Pita (Play In The Attic), près du musée Estève, sous la charpente de la maison de l’association berruyère, les œuvres de Dominique Delajot et Eick Mengual vont une troisième fois se répondre. Un lieu, un espace, une architecture, une lumière, une acoustique, dans le cœur de Bourges, une maison bâtie au XVe siècle abrite l’espace PITA. C’est ainsi que débute la visite des lieux qui accueilleront l’exposition Empreintes de Dominique Delajot et Erick Mengual les 18 et 19 novembre, et les 26 et 27 novembre prochains, de 15h à 19h.
Rapport à la nature et aux végétaux
Des cyanotypes de 6 mètres de long, « de grands bambous que l’on a fait sécher au soleil cet été », ont été tirés pour marquer le lien entre les deux artistes. Dominique Delajot assure qu’il propose ce que son regard a prélevé au hasard des chemins et des bois, et organise ces fragments comme des échantillons picturaux et naturels. Après une formation d’orfèvre, puis des études d’art et d’histoire de l’art, il s’est consacré plusieurs dizaines d’années au journalisme. La PQR (presse quotidienne régionale) l’a amené à parcourir « les prés, les espaces forestiers, les layons et les sentiers ». Il articule son travail à partir d’un herbier géant glané au fil des mois et de ses errances berrichonnes.
« Je collectionne les végétaux, essentiellement les graminées, par milliers, du printemps au milieu de l’été ». Comme pour un herbier donc, mais très grand format, les plantes sont classées par nom, séchées, rangées dans de grands cartons, et mises en caisse dans l’attente d’être choisies pour devenir œuvre d’art. « C’est un travail qui ressemble à de la gravure, c’est le même système, à base acrylique ou encre de Chine. Je rajoute souvent des herbes marouflées sur la toile ou du carton encollé sur du bois… Je travaille à la dorure ». L’ancien journaliste ne manque pas de rappeler que « comme le lecteur fréquente les mots et alimente ainsi son langage, j’ai appris à faire du végétal un alphabet ». Empreintes empruntées à la nature.
Même si Erick Mengual expose depuis une trentaine d’années, à la base il est juriste. C’est à l’issue de plusieurs années de pratique de la photographie en noir et blanc, d’essais de coloration de positifs, qu’il s’est pris l’envie d’autres possibles. C’est ainsi qu’il se penche sur une technique photographique mise à l’honneur entre 1860 et 1918, la gomme bichromatée. Un travail basé sur l’empreinte, loin du mouvement mécanique, loin de la reproduction à l’identique. Véritable alchimie entre les pigments, la gomme, et les mises en action, à l’inverse d’une photographie classique ses tableaux sont uniques. « Ce n’est pas de la peinture mais j’utilise les outils du peintre, explique Erick Mengual. C’est le travail de la couleur, l’utilisation des pigments, qui me fascine ».
Ces techniques se situent au carrefour du réel et de son interprétation avec les instruments du peintre et du chimiste. Empreintes empruntées à la magie de la chimie et de la technique.
Une conversation pour aller au delà de l’empreintes
L’espace PITA souhaitait une empreinte supplémentaire à cette exposition dont la nature était la source d’inspiration. Le samedi 26, à 18h, une conversation entre le public et des acteurs du monde agricole va faire chœur avec l’exposition. Etienne Gangneron, agriculteur et président de la chambre d’agriculture du Cher, ainsi qu’Elise Besse Joulin et Olivier Joulin, agriculteurs et apiculteurs, et artistes à leurs heures. Des regards très particuliers sur leur univers professionnel, sur la poésie de nos campagnes, loin des rendements et des bassines. Empreintes des sillons et des travaux de la terre.
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