Le planning familial du Loiret repère et agit contre toutes les violences

À l’approche du 25 novembre 2022, Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes, coup de projecteur sur le planning familial du Loiret. Un lieu d’accueil et d’écoute des femmes qui met aussi un point d’honneur à combattre les mutilations génitales féminines, dont l’excision.

Par Sophie Deschamps 

Planning Familial 45 : de gauche à droite : Célina Daniel, Sophie Pourin, Élise Lebègue et Vincent Raynaud. Photo PF45

Même si l’on est très loin aujourd’hui de l’appellation Maternité Heureuse, premier nom du Planning Familial en 1956, l’état d’esprit reste le même : accueillir et écouter les femmes, quels que soient leurs besoins avec une attention particulière aux publics LGBT. Mais comme le précise d’emblée Sophie Pourin, coordinatrice pédagogique du PF 45 : « Dans le maillage partenarial, nous agissons dans nos accueils depuis plusieurs années sur le volet de la prévention des violences avec un travail de dépistage systématique. Car plus on repère précocement les situations, plus il y a de chances qu’elles ne s’aggravent pas et que l’on puisse travailler dessus, et ceci même si la personne vient nous voir pour autre chose. 

Systématiquement, nous leur posons donc des questions sur leur vécu. À elles ensuite de saisir ou pas l’opportunité d’en parler mais on tend toujours la perche, ce qui nous permet d’être identifiés en tant qu’acteur sur cette question ».

La violence n’est pas uniquement physique 

Le panel des violences, lui, est très large. Comme l’explique Vincent Raynaud, animateur au Planning Familial 45, « nous posons clairement la question de savoir si la personne a vécu des violences récentes ou anciennes. L’un des objectifs, c’est aussi d’avoir avec les personnes une réflexion sur ce qu’est la violence, telle que nous on la définit, en partant de situations vécues que les personnes n’identifient pas forcément comme étant de la violence. Pour beaucoup, la violence est uniquement physique, alors qu’il en existe d’autres comme les contraintes psychologiques ».

De son côté Élise Lebègue, animatrice au PF 45 estime que « notre force c’est d’être un accueil généraliste. Les gens se présentent ici sans avoir besoin de s’identifier comme étant victimes de violence parce que c’est un cheminement long. Notre travail, c’est donc d’aider les personnes à identifier des situations afin de pouvoir ensuite les orienter vers des associations spécialisées comme le Lieu d’accueil et d’écoute, le LAÉ à Orléans, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, le CIDFF 45 qui sont nos partenaires de longue date. 

Sophie Pourin ajoute que « des séances de sensibilisation sont proposées à nos partenaires pour déconstruire les idées reçues et les stéréotypes que tout un chacun a concernant les violences et les victimes de violence, qui pour beaucoup de travailleurs sociaux sont encore trop souvent perçues comme des petites choses fragiles. Une idée reçue courante par exemple est qu’un homme violent avec sa compagne peut être un bon père ».

Le Planning se préoccupe aussi des agresseurs complète Vincent Raynaud : « On reçoit peu d’auteurs de violences dans nos locaux. En revanche, on intervient dans des lieux où ils sont présents comme à la prison de Saran où à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, la PJJ. Des lieux où sont aussi repérés des discours très masculinistes ou discriminants et qui sont en partie le terreau de la violence.

Des violences qui s’expriment sur les réseaux sociaux comme le pointe Célina Daniel, jeune chargée de la communication au PL45 : « On tombe très vite là aussi sur un discours masculiniste et très viril, sans qu’aucune modération ne soit apportée ».

Le seul planning à avoir un accueil collectif sur les MGF

Le planning loirétain s’intéresse aussi de très près aux mutilations génitales féminines (MGF) avec la mise en place en 2020 d’un accueil collectif, le seul existant pour l’instant au coeur d’un planning familial. Comme le raconte Élise Lebègue « on recevait beaucoup de femmes victimes de MGF et elles nous avaient fait part de leur désir d’en parler avec nous mais aussi entre elles car chaque histoire est unique. Elles sont de fait souvent très étonnées de la manière dont cela s’est passé pour leurs compatriotes. Donc, elles écoutent dans un premier temps, ensuite elles échangent et se donnent des conseils, c’est très riche ».

Cet accueil sert aussi de prise de conscience car comme l’indique Sophie Pourin, « il arrive assez souvent que des femmes découvrent en discutant qu’elles ont été excisées petites, vers 5 ans, parce que c’est un sujet totalement tabou qui fait se perpétuer les non-dits et les pratiques. Donc la prise de parole sur ces sujets permet l’élaboration de stratégies diffusées au-delà de cet accueil.

Par ailleurs, elles ont aussi parfois besoin d’un certificat d’excision quand elles sont demandeuses d’asile pour protéger leurs filles. Et comme on a la chance ici d’avoir des consultations gynécologiques (le Planning familial du Loiret est aussi le seul de France à pratiquer des avortements dans ses locaux, NDLR) on peut fournir ces certificats ».

D’où l’organisation ce 25 novembre 2022 par le PF 45 d’une journée dédiée aux MGF à l’auditorium du musée des Beaux-Arts d’Orléans de 9h à 17h30.

Le Planning familial du Loiret exclu début novembre 2022 du congrès national du mouvement. 

Le planning loirétain s’est vu reprocher de suivre une ligne féministe universaliste alors que le mouvement national prône une ligne intersectionnelle prenant en compte je cite « les multiples rapports de domination subis par les personnes en votant, entre autres en faveur d’une meilleure inclusion, des femmes voilées et pour une mixité sociale accrue au sein du mouvement ».

Une exclusion qui n’a pas manqué de faire réagir sa présidente Monique Lemoine, notamment dans Charlie-Hebdo : « C’est un paradoxe puisqu’en Iran, les femmes se battent pour retirer leur voile, ajoutant que l’intersectionnalité est un concept utilisé dans les études de genre, mais cela fait belle lurette qu’on le met en place sans avoir besoin de le dire, mais nous, nous ne l’opposons pas à l’universalisme. (…) Ce qui compte, c’est de défendre les droits des femmes ».

Et ce n’est pas tout puisque Monique Lemoine dénonce le fait que son association a aussi été bannie pour avoir voulu conserver le terme “laïcité” dans ses statuts.

Choquée, l’association loirétaine a envoyé une lettre ouverte au Planning dans laquelle il est notamment écrit : « La gestion autoritaire du mouvement. La laïcité que nous conservons dans nos statuts n’est en rien une arme antimusulmane comme, par manque de culture républicaine, on nous le reproche (sans penser aux autres religions) ». 

 

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