Dans sa quête de parrainages pour la présidence des Républicains, la route d’Aurélien Pradié – député LR de la 1e circonscription du Lot et actuel secrétaire général du parti politique – est passé jeudi 2 novembre en région Centre Val de Loire, à Saint-Cyr-en-Val, à Blois et… à Montargis, où il a le soutien de Jean-Pierre Door, désormais député honoraire. A la veille du dépôt des parrainages et de la date limite pour que les nouveaux adhérents (et ceux qui voulaient se mettre à jour de leur cotisation) puissent participer au scrutin interne des 3 et 4 décembre prochains, la date ne devait rien au hasard. D’où cette journée de campagne aux accents marathoniens.
Par Izabel Tognarelli
Aurélien Pradié bénéficie pour sa campagne du soutien de Jean-Pierre Door, baron de la droite républicaine dans le Loiret, et d’Isabelle Périgault
D’Aurélien Pradié, on retiendra l’élégance, qui ne se limite pas à sa mise et vaut aussi pour la considération qu’il porte à ses concurrents et adversaires. L’exercice de la politique ne nous y avait plus habitués, pour autant, nous n’allons pas bouder. D’autant que le jeune député manie en même temps le franc-parler : il entend tourner la page du sarkozysme et le dit : « C’est le moment d’écrire une page nouvelle pour la droite, de faire en sorte que des générations différentes se passent le flambeau. Je ne veux pas du pacte que Nicolas Sarkozy nous propose avec Macron. (…) L’avenir se construira sans Nicolas Sarkozy ». Et d’ajouter, toujours en y mettant les formes : « Cette page, nous devons pouvoir la tourner sans insulter qui que ce soit. Tourner la page ne veut pas dire cracher dans la soupe. Je ne veux pas être la droite qui hurle plus fort que le RN ».
Une droite populaire, à la fois ferme et sociale
Nous voilà donc au cœur du sujet : Aurélien Pradié, « le troisième homme », se démarque des deux autres concurrents en lice – Bruneau Retailleau et Eric Ciotti – en se gardant d’aller sur le terrain de la droite extrême. Il revendique une droite populaire qui s’adresse à chacun dans la société, depuis les ouvriers, les employés, les agriculteurs ; tous ceux qui, ne se sentant plus considérés, ont tourné le dos aux Républicains. « Je ne veux plus de cette droite qui regarde de haut les Françaises et les Français ». Voilà de quoi faire tendre l’oreille à son auditoire venu l’écouter, tout particulièrement à Montargis où, pris dans leur ensemble, les foyers sont modestes et se sentent délaissés.
Un public attentif
Et voilà que le candidat déroule son programme, devant un public attentif. Dans un discours rassembleur, Aurélien Pradié en appelle à un parti plus moderne, plus jeune, une droite sociale qui doit parler à tous les Français, de tous les sujets, y compris de l’immigration sans pour autant entonner le couplet du RN. Aurélien Pradié a ainsi présenté sa vision politique en matière d’immigration, avec la proposition d’un titre de séjour probatoire d’une durée de trois ans, qui permet à chacun de faire ses preuves s’il le souhaite. Il a également été question des OQTF – obligations de quitter le territoire français – qui actuellement défraient la chronique, de chômage, d’écologie, de politique énergétique, de désendettement et d’éducation, avec dans ce domaine la proposition de rétablir l’École normale et d’augmenter le salaire des enseignants. Surtout, Aurélien Pradié déclare ne pas être favorable à cette tendance actuelle à l’allongement de l’âge légal de la retraite, sujet ô combien sensible quand on entend s’adresser à ceux qui travaillent.
Le troisième homme
Aurélien Pradié est donc le « troisième homme » que personne n’attendait, et qui pourrait créer la surprise face à ceux que l’on présente comme les poids lourds de cette élection interne aux LR. Avec 2 000 nouveaux parrainages déposés le matin-même de cette journée marathon du 2 novembre, 5 000 escomptés à la fin de l’année et 80 départements parcourus, il a le soutien de Michèle Alliot-Marie et celui de Christian Jacob, auquel justement il ambitionne de succéder à la présidence des LR.
Sommes-nous sur le point d’assister à un renouvellement du « personnel politique » ? Aurélien Pradié sera-t-il le phénix par lequel renaîtra la droite républicaine ? On le saura à l’issue du congrès des LR, au cours duquel les militants départageront les trois candidats les 3 et 4 décembre prochains, avec un éventuel deuxième tour les 10 et 11 décembre.
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