Admis en 2021, le chartrain Pascal Ory a été officiellement reçu le 20 octobre 2022 à l’Académie française. Un parcours amusant pour cet universitaire engagé, amateur de bandes dessinées et de pataphysique. Qui pourra parfaire son bronzage sous les ors de la coupole.
Par Jean-Luc Bouland
Réception de Pascal Ory à l’Académie française – 20 octobre 2022. Vidéo Académie.
“Merdre, Père Ubu, voilà-t-y pas que not’régent est devenu immortel. Ca va faire du bruit dans le landerneau“. Bon, pour le Landerneau, en vérité, personne ne peut vraiment le dire avec précision. Mais en région Centre-Val de Loire, du nord au sud, il y a quelques oreilles qui ont frémi, et quelques regards qui ont brillé. Car le régent en question est un Chartrain, et pas des moindres. Un universitaire de renom, auteur de nombreux ouvrages, au parcours éclectique, amoureux de l’histoire et des bandes dessinées, et très ouvert à l’exception. En fait, pour dire les choses simplement, Pascal Ory, entré à l’Académie française en 2021, a officiellement été intronisé au fauteuil N°32 le 20 octobre 2022. Rien que ça, cornegidouile.
1948, année d’exceptions
Pascal Ory est né en 1948, quelques mois après la création par le Docteur Irénée Louis-Sandomir du “Collège de ‘Pataphysique”. Etait-ce un signe, comme si une fée à l’Umour ravageur avait voulu lui titiller les neurones ? Qu’importe. Ce digne héritier revendiqué de membres éminents, après Alfred Jarry, tels Carelman, Boris Vian, Jacques Prévert, Ionesco ou Umberto Eco, a su ajouter beaucoup de cordes à son arc, faisant flèches de tous bois, entre l’histoire, la bande dessinée et autres sujets, animé par une insatiable curiosité, comme il le confia il y a peu à Ouest-France. Il se risqua même en politique, avec le Parti socialiste, tentant de conserver la ville de Chartres à la gauche, après le départ de Georges Lemoine, mais sans succès.
Cet intérêt pour la région Centre-Val de Loire ne l’a jamais quitté. il est à ce jour le seul membre de l’Académie y résidant. En juin 2022, il est venu à Orléans pour dédicacer son dernier ouvrage, de la même façon qu’il était intervenu à Orléans au festival consacré à Cannes 39, à l’invitation du Cercle Jean Zay. Une volonté d’étendre les champs du savoir et de la transmission de celui-ci, dans un humanisme hautement revendiqué qui se doit de prendre des chemins d’exception, montrant que l’histoire des hommes est un vaste sujet, sans cesse en mouvement.
Des ors et du bronzage
Sous les ors de la coupole académique, oeuvrant à l’élaboration du nouveau dictionnaire de la langue française, Pascal Ory ne manquera certainement pas de s’attarder à la lettre “B”, ne serait-ce que pour parfaire son Bronzage, sujet qu’il a traité dans un ouvrage paru en 2008, enrichi en 2018 dans une édition revisitée.
Et sans omettre sa version intégrale, comme souligneront avec malice quelques initiés, se souvenant qu’en 2014 il avait signé la postface d’un ouvrage historique sur Héliopolis, cité naturiste communautaire de l’ile du Levant, rédigé par Julie Manfredini, dont il était le directeur de thèse. “L’histoire d’Héliopolis est une métonymie, au travers de laquelle s’analyse et se mesure l’évolution du rapport que la société occidentale a entretenu avec la nudité“, écrivait-il alors.
Nul ne sait si le régent, ainsi immortalisé, s’amusera tout autant vêtu d’un habit vert et portant l’épée. Nous ne doutons pas que les membres de l’Oulipo*, réunis chaque été à Bourges pour des rencontres de haut-vol, suivront avec intérêt ses travaux, tout comme les habitués de la Fondation du Doute, à Blois, pataphysiciens dans l’âme.
Mais nous le laisserons là à ses chères études, comptant sur lui pour continuer à chercher et enseigner avec toujours autant de curiosité, sans tenir pour autant la chandelle, même si elle est verte.
*sous-commission de la ‘Pataphysique créée par le satrape Raymond Queneau en 1960.
Plus d’infos autrement: Orléans: «Ce coté obscur du peuple» par l’historien Pascal Ory