Catella à Romorantin, Panhard à Mer, Virtuo à Vierzon, Parcolog à Beaugency, les promoteurs de plateforme logistique multiplient les projets en région Centre-Val de Loire. Dans le même temps, riverains et opposants s’organisent à travers des associations de défense et obtiennent des résultats qui vont dans leur sens.
Résultats, élus et électeurs sont parfois en opposition.
Par Fabrice Simoes
120 hectares de superficie, 250.000 m² de bâtiments destinés à une plateforme logistique de stockage, de manutention, de colisage, de conditionnement et de transport de produits sensibles, 800 emplois directs espérés. Ça ne vous dit rien ? Ces chiffres sont ceux annoncés en 2003 quand Giat Industries, près de Salbris, avait cédé deux emprises foncières au Conseil général de Loir-et-Cher. Deux décennies plus tard, plus de 20 millions d’euros ont été dépensés pour les infrastructures et l’accès au site, alors que seulement 17 hectares environ ont été cédés pour construire un parc logistique. Les tracasseries administratives de propriétaires terriens, plus préoccupés par leurs territoires de chasse que de la situation de l’emploi local, ont eu raison du projet, pourtant sur le papier, intéressant. D’autant que, installé sur le site d’une usine d’armement déjà largement bétonnée, asphaltée, et occupée par des bâtiments, il n’impactait, alors, qu’à minima le biotope local. Las donc, les promoteurs de tous crins n’ont pas lâché l’affaire. A défaut du secteur Salbrisien, même si une petite partie a finalement été validée, les plateformes logistiques sont désormais en capacité de ceinturer l’ensemble de la Sologne. De Lamotte-Breuvron ( 67.000 m² de surfaces constructibles), Mer (déjà
49 000m² sur le secteur “Les Portes de Chambord“), Beaugency ( 65 000m² en attente), en passant par Romorantin et Vierzon, les projets, plus ou moins importants, se sont multipliés ces dernières années. Les associations de défense aussi par la même occasion…
Les ministères sont pour, les associations de riverains sont contre
D’un point de vue gouvernemental, la vision des ministères de la Transition écologique, de la Cohésion des territoires, et de la Transition énergétique, est claire, nette et sans bavure. En date de novembre 2021, sur le site dédié, on peut lire qu’une « économie moderne, dont le fonctionnement repose sur l’échange de biens, de services et de données au sein de son territoire et au-delà de ses frontières, a besoin d’une logistique performante et agile. La logistique est à ce titre un maillon essentiel de notre circuit marchand et un organe vital pour le fonctionnement de notre société, des entreprises et des territoires. La logistique représente 10 % du PIB national, 200 Md€ de chiffre d’affaires et 1,8 million d’emplois ». Et d’ajouter, « 5e recruteur en France, la filière logistique compte 1,8 million d’emplois en France, soit 4 fois la filière automobile et constitue un débouché attractif pour tous les profils ». Si ce n’est pas favorable, cela lui ressemble fort.
Du côté de « Romo Citoyenne », pour le romorantinais, de « Vierzon Nord, hangars et tout camion, c’est non » dans le Cher, « A bas le béton » à Mer, « béton et camions, ça suffit » à Beaugency et d’autres encore, cette prolifération n’est en rien écoresponsable et surtout elle est « le symbole d’un monde dépassé… ». Et quand on rétorque que ces structures sont génératrices d’emplois, les associations répliquent par « plus les plateformes logistiques se multiplieront, moins il sera possible de produire localement ce dont nous avons réellement besoin… C’est une hérésie sociale, d’autant plus que la robotisation et l’IA (pour Intelligence Artificielle) sont déjà en marche, engendrant à court terme et à coup sûr, le licenciement des employés… ».
A Romorantin la semaine dernière, la représentante du collectif « Luttes locales Centre », créé en juillet dernier, estimait que la région Centre était en passe de devenir la « 4e plateforme logistique de France ». D’accord, la région reste au pied du podium mais la préférence en la matière serait plutôt de la retrouver nettement plus loin dans le classement. Voire dernière de la classe. L’exemple du succès de l’association contre le projet prévu à Beaugency – là, le rapport du commissaire enquêteur a émis deux avis négatifs, tant pour l’autorisation environnementale que pour le permis de construire – a donné des idées à tous les opposants. D’autant que, dans le même temps, la zone des Cent Planches, à Mer, est aujourd’hui bloquée. Du côté des élus locaux, pour la plupart favorables à ces installations dans lesquelles ils voient améliorations de l’emploi et de l’économie locale, on espère convaincre les habitants/électeurs du bien-fondé de la démarche. Qu’ils soient de droite comme de gauche, la tâche s’avère de plus en plus délicate…
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Une plateforme logistique sur l’ancien site du GIAT de Salbris