Rempil’It : haro sur l’usage unique

C’est la motivation de Myriam Rembert et Coralie Feillaut. Avec Rempil’It, ces deux associées entendent agir sur la réduction des déchets en relançant le principe de la consigne grâce à un réseau de commerçants orléanais.

Par Estelle Boutheloup

Elles ne se connaissaient pas, mais leur ras-le-bol de voir les poubelles débordées les a réunies autour de la même idée : « mettre en place un modèle économique qui permette de manger sans polluer ni jeter », lance d’emblée Myriam Rembert, co-fondatrice de Rempil’It. « Notamment des emballages plastiques, ceux qui polluent le plus. » Car, chaque année en effet, pas moins de 330 000 millions de barquettes en plastique sont consommées en France (source : ADEME et Citéo, 2018) et seuls 29% des plastiques sont recyclés (CITEO, 2021). Quant aux 1,5 milliard de gobelets en carton utilisés sur le territoire chaque année, seuls 1% sont recyclés. (source : Citeo, ADEME, Actu Environnement). « Le papier recyclé pour les emballages et les cartons est pelliculé et compostable dans des conditions très stricts. On est loin de la panacée. Il y a donc urgence à couper le robinet à la source. »

Un jeton de 5€ pour un contenant
Ainsi est né Rempil’It au printemps. L’idée ? Proposer un service de réutilisation de contenants : « on lave, on hygiénise et on réutilise avec des matériaux écologiques sur la base d’un système de consigne unique et partagée », explique Myriam. Concrètement, rien de plus facile. Il suffit d’aller chez l’un des commerçants alimentaires d’Orléans et de la métropole adhérents au réseau Rempil’It. Au moment de la commande, vous choisissez un contenant en verre. Contre 5€, un jeton est donné, une monnaie d’échange avec les commerçants. Une fois utilisé, vous redonnez le contenant simplement rincé chez un commerçant du réseau et vous récupérez le jeton. Soit, vous vous faites rembourser, soit vous recommencez.

Lancé en mars dernier, ce principe a déjà permis d’éviter de jeter 2000 contenants grâce à quelques centaines d’utilisateurs investis. Même si le système oblige les commerçants à changer leur organisation avec la mise en place d’une tare et d’une gestion de consigne, la loi Anti-gaspillage qui doit mettre fin à l’utilisation des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040 et la règlementation de janvier 2023 qui va imposer à la restauration rapide une vaisselle réutilisable et lavable pour les repas servis sur place va accélérer le processus. « Dans le Loiret, peu d’entreprises proposent un service de lavage, il faut recréer ce qui existait avant. Si ça monte en volume, il le faudra, et avec la législation qui arrive la question va se poser », poursuit Myriam.

Bientôt une appli smartphone
Rue des Carmes à Orléans, Rempil’It a lancé une dynamique de quartier avec plusieurs commerçants. Comme Bastien Favrichon qui commercialise aux Becqués de l’apéro en vrac. Tout jeune adhérent au réseau, il propose aussi des Rempil’It pour de la charcuterie, du fromage, des olives et des tapenades. « Dans mon job précédent, j’ouvrais et je jetais des emballage à gogo. C’est donc la suite logique du concept que l’on voulait créer, mon associé et moi. Tout le monde vient maintenant avec son cabas et son contenant. »

Un peu plus haut dans la rue, Ariel et Stéphane tiennent le restaurant – salon de thé Mix Cuisine et propose des plats à emporter. « Nous avons été les premiers béta testeurs de Rempil’It. Un format qui s’inscrivait dans la démarche zéro déchet, circuit court et qui correspondait à nos besoins. Et nos clients qui nous ressemblent, ont tout de suite adhéré, notamment des salariés qui avaient assez des sandwiches le midi. »
Sur une bonne dynamique, Rempil’It devrait bientôt lancer son application smartphone pour simplifier le parcours de l’usager sur la consigne et développer
une offre d’accompagnement aux entreprises dans leur politique RSE.

Photo de Une: Myriam Rembert, co-fondatrice de Rempil’It. Photo EB

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