Directeur de l’Hectare – Territoires Vendômois, la scène culturelle vendômoise devenue Centre National de la Marionnette (CNMa), Frédéric Maurin répond à nos questions. Il revient sur ce nouveau label de création artistique attribué le 30 septembre dernier par le ministère de la Culture.
Par Jean-Luc Vezon
Les marionnettes, un art populaire qui investit l’espace public.
Crédit photo Sylvain Flachaire de Roustan.
Magcentre. Pouvez-vous présenter L’Hectare ?
Frédéric Maurin. L’Hectare est un projet culturel de territoire de production et de diffusion de spectacles assuré par une équipe de sept salariés. C’est un cadre atypique en ce sens que L’Hectare est un opérateur culturel « hors les murs » existant depuis 2001 et proposant des spectacles culturels sur tout le territoire, de Lunay à Thoré-la-Rochette, de Mondoubleau à Montoire-sur-le-Loir (1). A la suite de la création du Minotaure, son nouvel espace culturel (comportant notamment un théâtre de 500 places), la ville de Vendôme puis la communauté de communes et, ensuite, d’agglomération nous ont confié cette délégation de service public (DSP) atypique.
Historiquement, nous sommes issus du bureau de création de production et d’accompagnement d’artistes créé en 1995 par Karine Gloanec-Maurin à Saint-Agil. La labellisation nous a amené à nous transformer en établissement public de coopération culturelle (EPCC).
Magcentre. Quel est le temps fort de la saison ?
Frédéric Maurin. Nous coordonnons la biennale Avec ou sans fils, un ensemble de spectacles de marionnettes qui se déroulera cette année du 26 janvier au 10 février avec 26 compagnies françaises et internationales. Une quinzaine de structures culturelles de la région participe à cet événement qui a rassemblé 7 000 spectateurs dans toute la région lors de sa dernière édition.
Au-delà, L’Hectare est un lieu pluridisciplinaire de diffusion culturelle proposant une trentaine de spectacles durant la saison. Nous travaillons aussi en partenariat avec d’autres acteurs comme la Halle aux grains, Scène nationale de Blois. Le 10 février prochain, nous accueillerons, par exemple Tchaïka, l’adaptation de la Mouette de Tchekov pour une comédienne et une marionnette.
Magcentre. En quoi ce label est-il important ?
Frédéric Maurin. C’est l’histoire d’un grand développement pour améliorer la qualité du service public et offrir à la population des spectacles vivants sur tout le territoire. La labellisation vient reconnaître notre travail et notre engagement pour accompagner les artistes dans leur parcours de recherche, d’innovation et d’expérimentation artistique. Elle souligne notre investissement pour partager l’art de la marionnette avec tous les publics.
Il pérennise dans la durée notre projet de faire vivre un art populaire qui participe au renouvellement des esthétiques des arts de la scène. Je rappelle que notre budget (1,2 M€) est alimenté par l’Etat, la région, le département et Territoires vendômois.
Nous rentrons enfin dans le réseau national des arts de la représentation puisque les Centres Nationaux de la Marionnette sont le 13e label.
Magcentre. Quelles seront vos missions ?
Frédéric Maurin. Notre Centre National de la Marionnette aura pour mission de soutenir la création, notamment à la mise en place d’ateliers de fabrication et à l’accueil renforcé de compagnies en résidence, d’assurer une diffusion régulière de spectacles sur l’ensemble du territoire et d’accompagner la nouvelle génération de marionnettistes. Ce nouveau label national nous amènera également à conduire des actions pour sensibiliser davantage de publics aux arts de la marionnette et à contribuer à la professionnalisation du secteur. Nous allons par exemple proposer des projets de spectacles de plateaux pour plusieurs centaines de spectateurs à l’image de Dimanche, le spectacle de la compagnie belge Chaliwaté les 26 et 27 janvier au Minotaure.
Magcentre. Comment la marionnette est-elle arrivée à Vendôme ?
Frédéric Maurin. C’est un peu mon histoire personnelle puisque j’ai été comédien marionnettiste pendant 23 ans inspiré par le grand Roland Schön. La marionnette est un art méconnu pourtant c’est un art majeur au même rang que l’opéra ou la danse. Elle ne s’adresse pas qu’aux enfants bien au contraire, pensez au Bébête Show, aux Guignols de l’info ou à la troupe Royale de Luxe. C’est une forme animée qui porte une histoire, un propos. Aujourd’hui cet art investit le numérique avec des compagnies comme STEREOPTIK ou les Vendômois 1.0.1 (deux équipes artistiques associées à L’Hectare) qui proposent des spectacles numériques sensibles et immersifs.
Les élus partenaires de L’Hectare -Territoires Vendômois lors sa labellisation officielle Centre National de la Marionnette. Crédit photo L’Hectare.
(1) Il en existe une quinzaine en France.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : https://www.magcentre.fr/240016-blois-frederic-maragnani-directeur-de-la-hag-travailler-ensemble-pour-inventer-des-spectacles-qui-font-societe/