Amilly, ville de l’agglomération montargoise, s’est taillé une belle place dans le paysage de l’art contemporain en France. Cette politique culturelle vaut aux Tanneries le label « Centre d’art contemporain d’intérêt national ».
Par Izabel Tognarelli
Dans la galerie haute s’expose la malice des Simonnet. ©Izabel Tognarelli
Une volonté politique
Qu’est-ce qui fait que la création artistique est si dynamique en France ? Bien sûr, il faut y voir une volonté politique conduite depuis le ministère de la Culture et par des instances telles que le CNAP (Centre national des arts plastiques, le bras armé du ministère dans le domaine des arts plastiques). Mais à l’autre bout de la chaîne, dans les territoires, des villes portent haut le flambeau d’une politique culturelle ambitieuse. Parmi celles-ci figure Amilly, dans le Loiret. Son bourg a su conserver un caractère typiquement rural, malgré la considérable augmentation de sa population, particulièrement depuis les années 1980, avec à présent un peu plus de 13 000 habitants. Cette ville située tout à côté de Montargis a fait le choix de conserver son patrimoine existant, notamment les bâtiments qui servaient autrefois aux tanneurs, transformés en centre d’art contemporain.
Pour qui a connu les Tanneries à leurs tout débuts, il y a une quinzaine d’années, le chemin parcouru est considérable. Du bâtiment ouvert aux quatre vents, on est passé à un lieu d’exposition qui a conservé son caractère initial mais qui est désormais parfaitement adapté à l’accueil du public, des œuvres ainsi que des artistes. Car ce lieu d’art donne certes à voir, mais en accueillant des artistes en résidence, les Tanneries créent les conditions propices à la création, tandis que la ville mène une politique d’acquisition. D’où ces œuvres qui s’insèrent dans le paysage et s’inscrivent dans un parcours situé dans l’espace public, à la vue de tous, notamment dans le parc de sculptures autour de l’espace d’exposition.
Lluvia, « parlez-moi de la pluie…» ©Izabel Tognarelli
Dans la cour des grands
En 2016, les Tanneries sont officiellement devenues Centre d’art contemporain. La France en compte une soixantaine (dont un en Guyane) tandis que la région Centre Val de Loire en compte un deuxième avec le Centre de création contemporaine Olivier-Debré, situé à Tours. Au printemps 2022, les Tanneries ont grimpé un échelon supplémentaire en se voyant attribuer le label « Centre d’art contemporain d’intérêt national », en même temps que huit autres structures en France, notamment celui de Tours, mais aussi la Collection Lambert en Avignon, le Centre photographique de Rouen ou encore « Le Confort moderne », centre d’art contemporain et scène des musiques actuelles de Poitiers. Comme quoi, dans ce domaine, Amilly joue dans la cour des grands.
Pour cette nouvelle saison, la septième, les Tanneries explorent les registres du jeu avec Meris Angioletti, Joël Auxenfans, le collectif Clara, Victor Cord’homme, Hélène Delprat, Sammy Engramer, Guillaume Lasserre, Natalia Jaime-Cortez, Les Simonnet et Vir Andres Hera.
Lluvia, installation temporaire
La dernière œuvre offerte à la vue du public n’est pas une acquisition de la ville mais une commande du ministère de la Culture et du CNAP, au même titre qu’une quinzaine d’autres œuvres créées par autant d’artistes. Depuis le mois de juin, Lluvia (pluie) coule et résonne de son clapotis dans le parc des Terres blanches. Signée de Daniel Ottero Torres, cette œuvre inspirée des constructions de minorités colombiennes des rives du rio Atrato, s’inscrit dans l’ère du temps : elle parle d’écologie, de récupération de matériaux et de dépollution de l’eau. Cette œuvre est à Amilly pour deux années ; ensuite, elle partira vers d’autres horizons, d’autres paysages, d’autres publics, en même temps que les œuvres des autres artistes, partout sur le territoire.
Informations pratiques :
Les Tanneries – Centre d’art contemporain
234 rue des Ponts, 45200 Amilly – www.lestanneries.fr – 02.38.85.28.50.
Ouverture au public du mercredi au dimanche, de 14h30 à 18h30 et sur
rendez-vous pour les groupes et les scolaires. Accès gratuit.
Plus d’info autrement: “L’éternité par les astres”, aux Tanneries à Amilly