Quand Les algues feront leur révolution …

Aliments, médicaments, engrais, puits de carbone … les algues étaient au cœur de la table ronde vendômoise du festival Les Rendez-Vous de l’Histoire sur le thème « La mer qui nourrit et qui soigne » le 6 octobre dernier.

Par Jean-Luc Vezon

Les ressources de la mer, qui représente 72 % de la surface terrestre, sont innombrables.
Crédit photo Jean-Luc Vezon.

« Les algues sont la plus grande ressource inexploitée au monde. Considérées à tort comme une pollution dont elles ne sont que le symptôme, les algues nous offrent en réalité un champ d’innovation infini et des solutions concrètes pour répondre aux défis de notre planète » a déclaré Vincent Doumeizel, expert du sujet, conseiller pour les océans au pacte mondial des Nations Unies et auteur en janvier dernier de la Révolution des algues.

Lors des débats au Minotaure, animés par l’ancien industriel désormais consultant Jean-Baptiste Anginot, le sujet a constitué une bonne partie de la soirée à laquelle participaient également Alexandre Iaschine délégué général de la fondation de la mer et Louis Dunoyer, le PDG de la sardinerie La Perle des Dieux à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Vincent Doumeizel a décliné la longue liste des bienfaits des algues, premier maillon de la chaîne du vivant, qui se reproduisent et poussent rapidement. Elles n’ont en effet besoin ni d’engrais, ni d’eau douce, ni d’espace terrestre, ni même de pesticides.

Traitement de l’ostéoporose (grâce à leur vitamine D), fibres pour les vêtements, packaging pour les emballages à l’image de Décathlon qui va bientôt vendre des barres de céréales dans un emballage à base d’algues ou encore absorbation des polluants.

« Les algues représentent 10 % de l’alimentation au Japon, avec des bénéfices exceptionnels. On trouve dans ce pays le taux d’espérance de vie le plus haut du monde. Une algue, le nori, contient par exemple 40 % de protéines. Et pour la consommation, quelques grammes par jour suffisent » a précisé l’intervenant. L’algue kombu offre même une nouvelle saveur distincte du salé, sucré, de l’amer et de l’acide nommée umami.

Et puis, « si on donnait des algues aux vaches du monde, cela renforcerait leur système immunitaire, et ça les ferait aussi roter beaucoup moins… Ça veut donc dire qu’elles rejetteraient moins de méthane, un gaz à effet de serre qui a une forte incidence sur le réchauffement climatique » dira aussi

Un revenu pour les populations côtières

Les pays d’Asie l’ont déjà compris. 8 millions d’emplois sont recensés dans ce secteur qui connait un taux de croissance de 12 % et pèse 15 milliards de CA. Au Japon, ce sont plus de 200 espèces d’algues comestibles qui sont recensées.

Il y a 12 000 ans, l’homme est sorti de la préhistoire en cultivant les végétaux sur la terre. Alors l’espèce humaine peut-elle sortir de la crise climatique en développant la production des algues, ce légume de mer méconnu ? « Créons une permaculture des océans, un monde est résilient pour la planète » a conclu Vincent Doumeizel en souhaitant moins de réglementation (« il est plus compliqué d’ouvrir une ferme marine qu’un champ de pétrole ») et que notre pays forme plus de biologistes marins.

Au Japon, on consomme en moyenne 2 kg d’algues sèches par an. Crédit pxhere.com.




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