La galerie Capazza expose depuis 1975 des artistes contemporains dans un magnifique bâtiment dépendant du château de Nançay, en Sologne. Laura et Denis, la deuxième génération de galeristes dans ce lieu, ont ouvert les cimaises à la photographie. Et ils organisent une exposition à Orléans, dans la collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier.
Un solargraph de Robert Charles Mann
Trois photographes que le travail autour du paysage rassemble. Mais chacun avec un œil et une technique bien différente. Robert Charles Mann présente des œuvres de sa série Solargraph. Il installe un sténopé, c’est à dire un dispositif très simple, un trou percé dans une plaque et un papier photosensible à la distance qu’il faut. Le temps de pose, en général très long, peut même aller jusqu’à six mois, pour enregistrer la course du soleil et sa position dans le ciel au fil du temps. Avec cette technique, il capte des images étonnantes qui allient un environnement de nature et une sorte d’arc en ciel ou de glissement coloré tout à fait remarquable. Grand technicien de la photographie, cet américain a une aura mondiale dans le monde de la photo.
La nature captée par Eric Antoine.
Eric Antoine, lui, reste très classique dans ses clichés tirés dans de somptueux noir et blanc. Pour obtenir ces nuances très précises, il utilise une chambre noire et des plaques enduites de collodion humide, un procédé du XIXe qui lui permet d’approcher au plus juste sa recherche. Elle tourne autour d’une réflexion sur la perte, l’absence, le souvenir qui lutte contre l’oubli. Il faut bien regarder, dans ses paysages se cachent des promeneurs, des dormeurs, des fantômes humains qui se dissimulent parmi les troncs des arbres. A l’opposé des facilités numériques actuelles, cet autodidacte n’a pas choisi la facilité. Il manie une technique qui souvent lui joue des tours. Mais le résultat est absolument séduisant.
Stockage, Hoek van Holland, un cliché de Jérémie Lenoir
Jérémie Lenoir, troisième exposant, réalise des Projet Lander depuis près de 15 ans. En passant plusieurs fois en avion au dessus d’un paysage qu’il a choisi, des chantiers ou des déserts, il photographie dans un point de vue zénithal, souvent à midi pour éviter les ombres. Il obtient comme cela une image qui aplatit les reliefs et rend abstraites les formes. Une zone de stockage de sable et graviers, par exemple, devient une sorte d’image de Légos enfantins. Ou bien des traces de pneus dessinent d’improbables signes. Inspiré par des peintres comme certains abstraits américains ou De Stael, ou encore Soulage qu’il apprécie, il tire ses clichés vers la peinture abstraite. Souvent peu colorée, sauf les photos du grand lac salé qui prend des nuances de rose et de rouge impressionnantes.
Les galeristes de Nançay ont organisé cette expo dans le lieu avec originalité. Les photographies d’Eric Antoine sont regroupées dans le cœur, les solargraphes de Charles Mann sur collatéraux et les clichés de Jérémie Lenoir, carrés de grands formats, pendent au milieu de la nef. L’accrochage participe ainsi à la mise en valeur de ces regards tout à fait originaux.
Trois regards photographiques
Du mardi au dimanche 14 h 18 h
Collégiale Saint Pierre le Puellier Orléans
Jusqu’au 27 novembre
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