En projet depuis deux décennies, la construction d’un pont sur la Loire entre Mardié et Darvoy est cette fois bien engagée. Après de nombreuses batailles judiciaires menées par des opposants écologistes, le chantier est désormais en cours. Un premier tronçon de la déviation sera même ouvert en 2023 en attendant le pont pour 2025.
Par Jean-Jacques Talpin
Un pont nommé désir ! L’ouvrage sur la Loire, élément central de la déviation de Jargeau, à l’Est d’Orléans, est en effet dans les cartons depuis près de 20 ans. Une visite sur le chantier ce mercredi 28 septembre 2022 a d’ailleurs montré que les élus, initiateurs du projet, comme Éric Doligé l’ancien président du conseil général, avaient depuis pris quelques cheveux blancs…
Il est vrai que la bataille a été rude avant de voir le lancement de ce chantier, bataille judiciaire notamment avec 18 recours déposés par des associations environnementales comme Mardiéval qui dénonce « l’absurdité et l’inutilité » de ce projet. Même si l’horizon judiciaire n’est pas encore totalement dégagé, la décision il y a quelques semaines de la Cour administrative d’appel de Nantes qui a confirmé la déclaration d’utilité publique a redonné du baume au cœur des élus. « Nous avons gagné tous les recours de nos opposants s’est félicité hier Marc Gaudet, nous sommes sereins ».
« Exemplaire sur le plan environnemental ! »
Le chantier est donc bien lancé avec de grosses opérations de terrassement pour dégager la future double voie qui reliera Marcilly-en Villette au sud à la RD 960 au Nord sur près de 15 kilomètres. Les diverses contestations environnementales ont aussi poussé le conseil départemental, maître d’ouvrage de cette opération d’un coût proche de 100 millions d’euros (dont 58 pour le pont), à devenir « exemplaire » dans la défense de la biodiversité, les mobilités douces avec des bornes de recharges électriques ou des aires de covoiturage. Exemplaire, le Département veut aussi l’être en consacrant 10 millions d’euros à des compensations environnementales avec le reboisement de plus de 20 hectares, beaucoup plus que le déboisement intervenu pour laisser filer ce futur ruban de bitume. Exemplaire encore dans la communication et la pédagogie : une « maison pédagogique » a été installée sur le chantier où 1 000 collégiens sont déjà inscrits pour découvrir les multiples facettes du projet. Mais le Département mise aussi sur des retombées directes dans les communes proches : Jargeau, Darvoy, Sandillon avec une réduction de la circulation automobile et donc plus de sécurité, moins de bruits dans les centres-villes, avec beaucoup moins de poids lourds sur l’actuel pont de Jargeau. D’un point de vue économique les retombées sont aussi importantes puisque la construction du pont a été confiée à Baudin-Châteauneuf, la grande entreprise de constructions métalliques installée à Châteauneuf-sur-Loire.
Pont Maurice Genevoix ?
Le chantier est donc bien avancé sur plusieurs tronçons, sur la déviation nord qui sera ouverte en 2023 mais aussi sur le pont lui-même avec la réalisation des fondations profondes du pont en Loire. Il faudra pourtant attendre 2025 pour voir l’ouvrage totalement ouvert à la circulation. Restera alors une question épineuse : comment nommer l’ouvrage : simplement « Pont sur la RD 960 » ou, pourquoi pas comme le préconisent certains, « Pont Maurice Genevoix » en hommage à l’écrivain immortel dont la propriété des Vernelles à Saint-Denis-de-l’Hôtel n’est qu’à une encablure de l’ouvrage. Difficile encore de l’envisager car le petit-fils Genevoix est un farouche opposant au projet. « Mais sa sœur est plus accommodante » se rassurent ceux qui estiment que ce pont est aussi une ode à la Loire et à la nature…