À l’appel d’un collectif, 350 personnes de tous âges et tous milieux sont venues défendre le droit à l’avortement dans les rues d’Orléans ce 28 septembre 2022, à l’occasion de la journée internationale de la défense du droit à l’avortement. Un combat primordial pour conserver un droit précieux mais fragile.
Par Sophie Deschamps
Le rendez-vous était fixé à 18h30 place du Martroi. Et peu à peu militant.e.s et citoyen.ne.s sont arrivé.e.s avec ou sans banderole pour défendre plus que jamais le droit à l’avortement à l’occasion de cette journée mondiale. Une manifestation organisée par Offensive Féministe 45 et joyeusement menée par Jeanne entourée de nombreux partenaires, associations, syndicats, partis politiques… Toutes et tous tenaient à dire leur solidarité avec les femmes afghanes, iraniennes, américaines, italiennes, ukrainiennes, et françaises.
Des chiffres éloquents
Car même si l’on peut se réjouir que le délai pour avorter soit passé à 14 semaines en France, le planning familial a tenu lui à rappeler qu’en 15 ans, 130 centres d’IVG ont dû fermer faute de moyens obligeant chaque année 5000 femmes françaises à partir à l’étranger rappelant «qu’avoir recours à un IVG n’est pas une honte ». Les slogans ont donc fusé tout au long de ce cortège composé de femmes et d’hommes de tous âges et de tous milieux :
Avortement libre et gratuit partout et pour toutes
À ceux qui veulent nous empêcher d’avorter les femmes répondent : RÉSISTANCE !
L’avortement n’est pas un problème c’est une solution
Et bien sûr, le classique : Un enfant, si je veux, quand je veux
Une déambulation revendicative qui se voulait combative mais aussi vivante et enthousiaste avec notamment la reprise de l’hymne italien Bella Ciao scandé ces derniers jours dans les rues de Téhéran en soutien bien sûr au combat des femmes iraniennes pour leur liberté.
Après les premiers discours, dont celui de Féministes en tous genres 45 qui a rappelé que « dans le monde, plus de 25 millions d’IGV dangereuses sont pratiquées chaque année, causant la mort d’une femme toutes les neuf minutes des suites d’un avortement illégal », le cortège a d’abord rallié la place de Gaulle, puis celle du Châtelet où la chanteuse orléanaise Lila Tamazit a déclamé avec force et conviction la chanson d’Anne Sylvestre Non, tu n’as pas de nom écrite en 1973, soit un an avant la loi légalisant l’avortement et qui dit, notamment :
Non non tu n’as pas de nom
Non tu n’as pas d’existence
Tu n’es que ce qu’on en pense
Non non tu n’as pas de nom
Oh non tu n’es pas un être
Tu le deviendrais peut-être
Si je te donnais asile
Si c’était moins difficile
S’il me suffisait d’attendre
De voir mon ventre se tendre
Si ce n’était pas un piège
Ou quel douteux sortilège
Puis Nicole Maréchal, d’Amnesty International Orléans, a pris le micro pour mettre les femmes françaises en garde : « Nous nous croyons à l’abri de tout retour en arrière mais la situation internationale actuelle nous invite à être vigilantes. (…) Actuellement dix états des États-Unis ont abrogé le droit à l’avortement et la liste risque de s’allonger. En Amérique du Sud, le Honduras, le Nicaragua, le Salvador et le Mexique, depuis juin 2021, n’autorisent plus l’accès à l’IVG. Même chose pour l’Afrique en Égypte, au Gabon, à Madagascar, en Mauritanie et au Sénégal. En Asie, la Chine revenant depuis quelques années sur sa politique de l’enfant unique, a réduit les possibilités d’accès à l’IVG. En Europe, Malte, Andorre et le Vatican refusent ce droit. Même dans les pays où ce droit est inscrit dans la constitution, certains se permettent d’y apporter de nombreuses restrictions comme la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, l’Irlande. En Tunisie, ce droit est surtout théorique et le cadre légal varie selon les pays. »
Enfin, l’Association de Solidarité Loiret-Algérie(ASLA) a indiqué qu’elle rendrait hommage à la grande algérienne Gisèle Halimi au printemps 2023 en demandant notamment son entrée au Panthéon.
L’hymne des femmes à la sauce 2022
La manifestation s’est achevée à la nuit tombée et sous la pluie, place de Loire, vers 20h avec le chant L’hymne des Femmes de 1971 remis au goût du jour avec ces paroles
Travailleuses mais précaires, les femmes Dépendantes et exploitées Plus bas sont les salaires, des femmes Nous voulons l’égalité.
Mains liées au foyer, les femmes Têtes ployant sous les corvées La besogne maternelle, des femmes Se doit d’être partagée
Refrain 1 Levons-nous l’heure est grave Et brisons nos entraves Debout, debout, debout !
Pour mon corps et mes choix, de femme Toi l’homme enfin écoute moi Mon sexe et mes désirs de femme C’est moi qui décide, pas toi
Metoo, la délivrance des femmes Hashtag qui brise les tabous On libère nos paroles, les femmes “El violador eres tu”
Refrain 1
Lorsqu’elles fuient la misère, les femmes Vers un avenir meilleur Elles se noient dans les mers, les femmes Funeste effet de vos peurs
Battons-nous pour nos droits, les femmes Diversité, égalité Une vie digne pour tou-tes, les femmes Autonomie et liberté
Refrain 1
Fantô-mes de l’Histoire, les femmes Syndrome du patriarcat Évincées du pouvoir, les femmes Malgré la loi et les droits
Ensemble nous sommes fortes, les femmes Nous sommes la moitié du monde. Ensemble nos voix portent, les femmes Nous sommes la révolte qui gronde
Refrain 1 puis 2
Levons-nous l’heure est grave Et jouissons sans entraves Debout, debout, debout !
À lire aussi : Marche nocturne du 25 novembre 2021 à Orléans contre les violences faites aux femmes
Photo de Une : les salarié.e.s et bénévoles du Planning Familial d’Orléans sont venu.e.s en nombre à la manifestation du 28 septembre à Orléans pour défendre le droit à l’avortement.