Renversant et émouvant rendez-vous. Ce dimanche après-midi, la basilique de Cléry Saint-André est comble pour assister à la troisième interprétation de rêve de la version du Messie, œuvre de Haendel interprétée par l’Orchestre du Chapitre placé sous la direction de Gildas Harnois et les Chœurs de Cléry à savoir grand chœur, chœur de chambre et chœur d’enfants. Soit cent-vingt choristes guidés par Emilie Legroux, cheville ouvrière, Anne-Cécile Chapuis et Barbara Chillou. Remarquables sont les solistes invités, Charles Mesrine, ténor, Evan Loget-Raymond, contre-ténor, et deux voix ukrainiennes pour cet hymne que le compositeur destinait à rendre le monde meilleur, à savoir celle de Irina Kyshliaruk, intense soprano, et celle de Igor Mostovoï, exaltant baryton. C’est un public debout qui a de longues minutes applaudi l’orchestre et le chœur pour ce message de beauté précieusement offert.
Par Jean-Dominique Burtin
Un ensemble d’un grand art. Photo : JDB.
Une merveille d’harmonie et de sensibilité
Organisé de main de maître, de vendredi à dimanche, par l’association Lumière sur Notre-Dame de Cléry, ce concert d’une durée de deux heures trente ne peut que captiver, passionner et émouvoir. L’interprétation de ce chef d’œuvre de Haendel offre un climat de musiciens chambristes à la clameur emplie de pudeur, et le flux sublime d’un chœur tout en nuances, d’une présence linéaire et souveraine allant crescendo.
Remarquable de délicatesse et d’engagement est la direction de Gildas Harnois. Avec âme et infiniment de cœur, il n’a de cesse de partager de manière accueillante la partition avec les cent-cinquante artistes réunis dans la conque à la subtile acoustique conçue spécialement dans une basilique faisant assaut d’éclairages enjolivant joliment l’architecture d’un espace de clarté, écrin patrimonial enchanté de superbes vitraux contemporains.
Un bonheur doux et éblouissant
Gildas Harnois ou le partage. Photo : JDB.
Lors de ce concert, belle pause d’art sacré, on ne peut que saluer la flamme de toute fraîcheur des solistes, la subite légèreté et touchante fragilité d’un duo de violons minimaliste, délicieux instant en apesanteur, respiration brève et inspirée, île d’une offrande musicale d’ensemble qui ne peut que donner le frisson.
D’une pure élégance, sereine et gracieuse, est l’interprétation de cet oratorio où tous les artistes font lien, où l’orgue tenu par Olivier Salandini fait profondeur et merveille. Impossible de ne pas citer le travail d’orfèvre, le scintillant et pur éclat de son du trompettiste Bernard Petit-Bagnard dans le fameux comme éblouissant Alleluia, du reste donné en bis par tous les interprètes, fabuleux compagnons d’une immense et belle aventure, chacun forçant le respect et nous comblant. Tout autant par leur talent, leur ferveur du partage et de la transmission, que par leur souriante humilité.
En vérité, résolument exceptionnel fut ce concert offert avec un bonheur doux et éblouissant.