Terres de Liens trace son sillon en région Centre-Val de Loire

Le mouvement citoyen acteur d’un autre modèle agricole et alimentaire réunissait ses bénévoles de la région le 24 septembre dernier à Oisly (41). Ils œuvrent avec enthousiasme à la construction d’une agriculture biologique et paysanne.

Par Jean-Luc Vezon

Yves Lacoste, coprésident de Terre de Liens présente l’implantation des fermes en France. Crédit photo Jean-Luc Vezon.

Les terres agricoles sont de plus en plus rares et chères tandis que des phénomènes d’artificialisation, de concentration et de spéculation rendent l’accès à la terre presque impossible pour des jeunes agriculteurs non issus du milieu agricole.

Face à ce constat, en 2003, Sjooerd Wartena et un groupe de militants de l’agriculture paysanne fonde Terre de Liens (TdL) avec les têtes de réseau nationales de l’agriculture biologique et paysanne ainsi que le monde de la finance solidaire. Trois structures sont mises en place : une Foncière TdL pour acheter des terres et les louer à des paysans bio avec un bail accessible financièrement, une fondation reconnue d’utilité publique pour recevoir dons et legs et des associations répartis dans les régions.

« L’enjeu de cette alliance est claire : créer les structures financières capables d’acquérir des terres agricoles afin de les rendre accessibles à de nouvelles installations à taille humaine et sortir ces terres d’une logique de spéculation » explique Yves Lacoste, coprésident (avec Catherine Chenivesse et Thierry Crop) de Terres de Liens Centre Val de Loire, née en 2010.

Chaque ferme acquise par Terre de Liens est ainsi un outil de transformation sociale et environnementale permettant : une production alimentaire locale renforcée, la création d’emplois pérennes et porteurs de sens, la fertilité des sols et la biodiversité protégée par des pratiques respectueuses de l’environnement sans oublier l’arrivée de nouvelles familles en zone rurale ou la diversification des activités économiques du territoire.

A ce jour, ce sont 24 fermes qui sont loués en région à 46 fermiers se répartissant entre cinq départements : Indre-et-Loire 14, Loiret 5, Cher 2, Indre 2 et Loir-et-Cher 1. D’une surface de 2 ha à 163 ha, elles représentent 970 ha et tous types de productions agricoles nourricières : du cidre de Julien Thuret à Loury (45) au maraîchage d’Elodie Lavy à Fay-aux-Loges en passant par l’élevage de poules ou d’agneaux de Hugo Pobelle.

Le rassemblement d’une bonne partie des 70 bénévoles de la région a permis à l’association de préciser son plaidoyer politique. « Nous avons besoin d’un réseau de bénévoles fort pour accompagner les porteurs de projets, sensibiliser le grand public mais aussi ne pas être agricolo-centré » insiste Yves Lacoste. A ses côtés, le Gervaisien Jean Remoué, ancien dirigeant d’entreprise en Loir-et-Cher illustre bien l’engagement citoyen et l’esprit d’éducation populaire.

Un appui technique

En région CVL, Terre de Liens mène une action volontariste en direction des collectivités. « Nous aidons les élus à construire leur stratégie foncière et agricole locale » indique Axelle Gouthier, l’une des deux salariées de l’association. Cela touche en particulier le soutien à la mise en place des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT). Comment approvisionner la restauration scolaire en bio ? éviter l’artificialisation des sols ? Quels types de baux proposer pour favoriser l’installation ? autant de questions auxquelles TdL apporte des réponses.


Actuellement, le Pays de Gien bénéficie par exemple d’un accompagnement pour son PAT avec en filigrane la volonté de relocaliser son alimentation. Une journée de formation et quatre ateliers de travail sont assurés par Axelle Gouthier. L’équipe intervient également dans les écoles agricoles et stages de création (type ADEAR) pour rencontrer les jeunes se préparant au métier d’agriculteur.

L’association, qui bénéficie d’une subvention de la région CVL de 40 K€, suit au total 40 porteurs de projets agricole par an en moyenne. « Contrairement à ce que rapportent certains, nous achetons les terres au prix du marché et nous ne participons pas à la spéculation foncière » précise Mariane Picard, l’autre salariée de TdL. Elle cible en particulier l’installation de jeunes qui s’engagent à ne pas artificialiser et à pratiquer une agriculture bio.


Groupe de pression, Terre de Lien milite enfin pour une nouvelle loi foncière afin de contrôler où va la terre. « Nous avons besoin de fermes plus petites, il ne faut plus favoriser les fermes industrielles en monoculture avec des paysans esclaves de leurs machines » conclut Yves Lacoste.

Terre de Liens

Quelques unes des productions des fermiers Bio Terre de Liens.
Crédit photo Jean-Luc Vezon.

Terres de Liens en bref …

Rattaché à l’ESS, Terre de Liens compte 1200 bénévoles et une centaine de salariés au sein de ses 19 associations régionales.

38 000 soutiens en France

600 paysannes et paysans installés sur des fermes Terre de Liens

300 fermes acquises et 7 500 ha de terres préservés en agriculture biologique

Environ 40 nouvelles acquisitions par an

1700 porteurs de projets agricoles accueillis par an

70 collectivités accompagnées

Un site pour les personnes en recherche de foncier : www.objectif-terres.org

En région CVL, le siège de Terre de Liens est situé 87 Route de Château-Renault à Blois. L’association emploi deux salariées et une apprentie en licence Gestion des organisations de l’ESS à Châteauroux.

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