Entreprise emblématique de Blois, Poulain (Carambar&Co) poursuit le développement de son usine villebaronnaise. Financée avec le soutien de France Relance, une nouvelle encaisseuse va permettre à l’entreprise d’augmenter sa productivité pour croître à l’export.
Par Jean-Luc Vezon
On peut être la plus vénérable entreprise du Loir-et-Cher, créée en 1848 par Victor-Auguste Poulain, être célèbre dans le monde entier pour sa poudre ou ses tablettes de chocolat noir et symboliser l’excellence de l’industrie française.
Poulain revient pourtant de loin. L’entreprise, qui comptait 1200 salariés en 1968, époque bénie où l’usine se situait au cœur de la ville de Blois qu’elle embaumait de son délicieux parfum de cacao, a connu des difficultés dans les années 2000. Rachetée en 2018 à Mondelez International, par le fonds d’investissement franco-français Eurazeo, l’entreprise, baptisée Carambar&Co, a repris des couleurs (1) et vite redonné de la charge au site historique avec le rapatriement d’Allemagne de la fabrication des poudres.
« Les 150 collaborateurs du site de Villebarou ont produit 35 000 tonnes de tablettes et poudres (2). L’exportation est notre relais de croissance et nous menons une politique d’innovation produit très dynamique avec un centre R & D pour le chocolat basé à Blois » a souligné François Berne, le directeur de l’usine, le 13 septembre dernier, lors de la visite du site en présence de Nicolas Hauptmann, secrétaire générale de la préfecture, Marc Gricourt, 1er vice-président de la région et Christophe Degruelle, président d’Agglopolys et Philippe Masson, maire de Villebarou.
Depuis cinq ans, Carambar&Co produit également du chocolat liquide pour son usine de Strasbourg et fabrique en marque distributeur (MDD), ce qui lui permet d’amortir ses frais fixes.
La visite permit de mesurer le haut niveau d’automatisation du site, véritable condensé de l’usine 4.0. La nouvelle encaisseuse, fabriquée par l’italien CAMA, va encore permettre d’améliorer le process de production des tablettes. D’un coût de 560 000 € (800 K€ avec les investissements annexes), elle a fait l’objet d’un cofinancement de l’Etat, via le plan France Relance, à l’issue d’un travail de co-instruction par les services de la région CVL.
« La machine, qui sort 32 caisses de tablettes à la minute, réduit la durée des changements de format et la pénibilité du travail » a précisé Olivier Turpin, chef de projet.
Incertitude sur l’énergie
Lors de la présentation en salle de l’entreprise, François Berne a fait part de sa crainte de voir le site subir des délestages d’énergie cet hiver à un moment où la production tourne à plein régime pour les ventes de fin d’année. « Nous sommes le 6e consommateur de gaz du département ; l’arrêt des lignes serait très préjudiciable car le cacao a besoin de rester à une température minimale de 35 °» a alerté le dirigeant. « Suite à l’enquête en cours auprès des entreprises, le plan de délestage sera présenté en octobre » lui a répondu Hauptmann.
Impressionné par le haut niveau de technicité, ce dernier s’est félicité « du pari industriel réussi » de Carambar&Co. « L’Etat est à vos côtés pour vous accompagner dans vos investissements productifs comme il l’a fait dans notre région à hauteur de 214 M€ pour 303 bénéficiaires, soit 1 Mrd d’investissement induits et 5 000 emplois » a aussi insisté N. Hauptmann.
(1) La production était tombée à 19 000 t.
(2) Soit 62 millions de tablettes et 21 millions de boîtes.
Carambar&Co
Fabricant français de petits plaisirs
Le groupe, qui possède des marques très connues (Poulain, Malabar, Crema, La Pie qui chante, Michoko…) produit des confiseries et des chocolats (350 M€ de CA) qu’il exporte à 50 % dans le monde entier. Il compte six usines en France (Blois, Strasbourg, Bondues, Vichy et Châtellerault) et emploie 1600 salariés qui symbolisent le savoir-faire français.
Carambar&Co, dont le siège est à Issy-les-Moulineaux, a racheté l’entreprise Lutti basée dans le Nord de la France. Fort d’une politique R&D active et un outil de production performant, il se développe à l’international en particulier sur les marchés germaniques (poudre chocolatée Kada) et anglais (chocolat Terry’s). Dans les cinq ans, l’entreprise espère faire croître sa production de 20 % et atteindre 5 % de part de marché pour ses tablettes de chocolat noir flanquées du célèbre poulain.